(Las Vegas) Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce sera une finale différente.

D’abord, nous voici à Las Vegas, temple du clinquant et du faux, là où il est difficile de savoir ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. Par exemple, le Bruno Mars qui est à l’affiche et en spectacle pas très loin de l’aréna a l’air d’être le vrai. Mais le Prince et le Michael Jackson qui jouent juste un peu plus loin ne sont probablement pas les vrais. Ça peut devenir mélangeant à la fin.

Ensuite, il y a les deux équipes en présence, qui ne viennent pas exactement du proverbial marché traditionnel, tel qu’on le sait.

Les Panthers arrivent de la Floride, les Golden Knights sont le club local, le club de Vegas, dans une ville où le hockey est un spectacle, au même titre que le Cirque du Soleil ou le Blue Man Group.

Et puisqu’il est question de magie, l’une de ces deux équipes vivra assurément un été magique, puisque le grand gagnant va embrasser la Coupe Stanley pour la première fois de sa vie.

Ces joueurs-là ne sont plus des enfants depuis longtemps, mais il fallait voir les yeux de Jonathan Marchessault s’illuminer en ce beau vendredi à l’aréna, en particulier quand l’attaquant des Golden Knights parlait de la Coupe Stanley, qu’il a l’habitude de voir passer de mains en mains à la télé depuis qu’il est enfant.

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Jonathan Marchessault

Cette fois, il pourrait la voir de très proche. « J’en ai des frissons chaque fois que je la vois », a-t-il admis.

Et voici donc que ces Golden Knights se rapprochent encore de ce rêve, après y avoir goûté une première fois lors de la finale de 2018, une défaite face aux Capitals de Washington.

Le hockey, qui ressemblait à une mode très passagère par ici, continue de faire courir les masses ; cette saison, les Golden Knights ont affiché une moyenne de 18 024 spectateurs, la 12moyenne du circuit à ce chapitre.

« Je dirais que le hockey à Vegas a certes été un coup de circuit », a résumé le défenseur Alec Martinez.

Marchessault, qui joue ici depuis six ans, est bien d’accord.

« C’est parti fort, et le monde a vraiment embarqué tout de suite. Les fans qui viennent nous voir depuis deux jours à l’aréna lors des entraînements, c’était ce monde-là aussi qui venait à chacun de nos entraînements lors de notre première saison (les Golden Knights s’entraînent d’ailleurs devant public en banlieue de Vegas).

C’est le fun de voir que même après six ans, les fans continuent de nous appuyer. Ils sont encore là. C’est pour ça que Vegas est probablement parmi les quatre ou cinq meilleures villes de la Ligue nationale de hockey.

Jonathan Marchessault

Au cours des derniers jours, les joueurs des Golden Knights ont tous reçu le même message de la part de la direction : l’importance d’éviter les distractions, qui peuvent parfois être très nombreuses par ici. Pour cette même raison, on aurait pu croire qu’un club à Vegas serait condamné à toujours perdre, en premier lieu parce qu’il serait impossible d’avoir des joueurs concentrés à l’ouvrage dans un tel environnement. Mais non. En fait, c’est même tout le contraire qui s’est produit.

Aussi, c’est bien beau, la chaleur et le clinquant et les spectacles, mais Jonathan Marchessault jure que personne dans ce vestiaire n’est satisfait.

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L’entraîneur des Panthers de la Floride, Paul Maurice, répond aux questions des journalistes à la veille du début de la finale de la Coupe Stanley, à Las Vegas.

« Ça sert à quoi de faire tout ça si tu gagnes pas ? Chaque année, il y a 32 équipes qui se demandent comment gagner la Coupe, et il y a juste un club qui gagne. On a fait du chemin, mais ça voudra rien dire sans la dernière victoire… »

Au moins, cette finale par ici, dans un endroit pas banal, vient nous rappeler que le hockey peut vivre ailleurs. Même dans le désert.