Après une saison prolifique dans la NCAA, Lane Hutson avait l’occasion, au Championnat du monde, de démontrer qu’il peut jouer avec et contre des professionnels. Occasion qu’il a saisie, croit Francis Bouillon.

Sous les couleurs des États-Unis, Hutson a inscrit deux buts et quatre mentions d’aide en neuf rencontres. Contre l’Autriche, on l’a vu traverser la zone neutre et se faufiler entre quatre joueurs adverses avant de marquer d’une simple poussée du revers.

« C’est sûr que ça a fait du bien de le voir au Championnat du monde », a reconnu l’entraîneur au développement des joueurs du Tricolore, rencontré mercredi matin lors d’une annonce de la Fondation des Canadiens pour l’enfance au Centre Bell.

« Quand tu le vois au collège, tu t’arrêtes à : oui, il fait des points, il joue de la bonne façon, il est excitant à regarder jouer, mais c’est toujours de savoir comment il va s’adapter. Le fait qu’il a bien performé avec des hommes, que sa game est [restée] la même, qu’il défend bien… »

Bouillon prend une pause pour préciser ce dernier point. Si les habiletés offensives de Hutson sont indéniables, les défensives constituent le point d’interrogation quand il est question de son avenir dans la LNH.

« Pour moi, c’était ça, la question, avec Lane : comment il défend ? », lance l’ancien arrière du Canadien.

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Francis Bouillon, entraîneur au développement des joueurs du Canadien

« Sa grandeur, c’est quelque chose, il n’ira pas faire des mises en échec percutantes, mais il faut qu’il soit intelligent, que son bâton soit bien placé. Il ne faut pas qu’il se fasse battre défensivement ; c’est la même chose qu’on disait de moi il y a 15 ans. Les journalistes, tout le monde me revenait [là-dessus], se demandait si j’allais être assez fort physiquement et tout ça. Mais Lane Hutson, pour moi, est un joueur intelligent. Avec ce que j’ai vu, d’après moi, ce n’est que du positif. »

La différence, entre Bouillon et Hutson, c’est que le premier pesait plus de 190 lb lors de ses premières saisons dans la Ligue nationale. Le second, même s’il est un peu plus grand que l’était Bouillon, ne pèse que 155 lb. Il devra mettre beaucoup de rouleaux de 30 sous dans ses poches pour atteindre les 190 lb.

Presque tout pour plaire

Avec ses 48 points (15 buts) en 39 matchs avec Boston University, Hutson vient de connaître la saison la plus fructueuse d’un défenseur de première année dans l’histoire récente de la NCAA, selon les données du site spécialisé College Hockey News. Son plus proche poursuivant ? Adam Fox, en 2016-2017. Ce dernier est aujourd’hui un défenseur étoile des Rangers de New York.

Offensivement, Hutson possède les atouts pour être apprécié de la foule montréalaise. Son style de jeu, croit Bouillon, s’arrimera bien à celui de la Ligue nationale, rapide et axé sur l’offensive.

Il fait beaucoup de montées et essaie de battre les gars par lui-même. On aime voir ça, c’est du jeu excitant. Le dernier qui a fait ça ici, c’est P. K. [Subban]. Le monde tripait ben raide !

Francis Bouillon, entraîneur au développement des joueurs du Canadien

Bouillon rappelle néanmoins que le jeu de la LNH est plus rapide ; en ce sens, le choix de deuxième tour du Tricolore en 2022 devra s’ajuster.

« Tu peux sauter dans le jeu pour créer plus d’offensive et le faire intelligemment, mais il le fait déjà bien. C’est juste qu’il va falloir qu’il choisisse plus ses moments quand il va devenir professionnel. »

Et Logan Mailloux ?

Le moins qu’on puisse dire, c’est que le Canadien est bien nanti en jeunes défenseurs au potentiel intéressant. Logan Mailloux a aussi connu une excellente saison, dans la Ligue junior de l’Ontario celui-là. En séries éliminatoires avec les Knights de London, le grand gaillard de 6 pi 3 po a enregistré 24 points, dont 8 buts, en 21 matchs ; un record de franchise.

Si l’arrière est admissible à une autre saison chez les juniors, on devine qu’il jouera chez les professionnels l’an prochain. Laval ? Montréal ?

« Personnellement, avec ce que j’ai vu cette année, je le vois plus commencer avec le Rocket. L’affaire, avec Logan, c’est qu’il n’a pas joué beaucoup dans les dernières années », note Bouillon, en référence aux suspensions, aux blessures et à la pandémie.

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Logan Mailloux

« Il a besoin de millage, ce joueur-là. Il a besoin de jouer, de s’acclimater. »

Après avoir souligné le « côté athlétique incroyable » de Mailloux, Bouillon mentionne ses « petites erreurs techniques » défensivement. C’est ce qu’il travaillera à son arrivée chez les professionnels, estime-t-il.

« J’ai toujours dit que ce n’est pas parce que tu es tel genre de joueur dans le junior que tu vas devenir tel genre de joueur dans la Ligue nationale. J’ai de beaux exemples : Ian Laperrière a fait des tonnes de points dans le junior. Quand il est arrivé dans la Ligue nationale, ils l’ont converti en joueur défensif.

« Il faut que tu sois polyvalent quand tu arrives en haut. Tu ne peux pas seulement dire : je vais être offensif et il se passera ce qui se passera dans ma zone. Les coachs ne te feront pas jouer. »

Encore plus de hockey-balle

La Fondation des Canadiens pour l’enfance a annoncé mercredi une prolongation de trois ans de son partenariat avec la Sun Life. Celui-ci permettra de poursuivre l’expansion de son programme d’initiation au hockey-balle dans les écoles du Québec. Des centaines d’enfants étaient d’ailleurs présents au Centre Bell lors de l’annonce ; des exercices étaient ensuite organisés pour eux dans l’amphithéâtre. Le programme, d’une durée de six semaines et s’adressant aux élèves de troisième et quatrième année du primaire vivant dans des communautés où ont été construites des patinoires Bleu Blanc Bouge, vise à permettre aux jeunes de milieux défavorisés de connaître les bienfaits d’un mode de vie sain et actif par l’entremise des activités de hockey-balle. « Comme n’importe quelle fondation, on est tributaires du soutien financier qu’on reçoit quand on veut réinvestir dans la communauté, explique à La Presse la directrice générale de la Fondation, Geneviève Paquette. Un partenaire qui a la même volonté que nous d’agir sur les saines habitudes de vie des jeunes, ça fait toute la différence parce que ce n’est pas juste un chèque ; c’est un engagement. »

Katherine Harvey-Pinard, La Presse