Il reste seulement quatre joueurs de l’équipe dont a hérité le directeur général des Panthers de la Floride, Bill Zito, en septembre 2020, à la suite du congédiement de Dale Tallon : Aleksander Barkov, Aaron Ekblad, Eetu Luostarinen et le gardien Sergei Bobrovsky.

La transformation de ce club en seulement trois ans par cet avocat de formation, ancien adjoint de Jarmo Kekalainen à Columbus, demeure fascinante.

Seulement trois joueurs de cette formation finaliste de la Coupe Stanley ont été repêchés par les Panthers : Barkov, deuxième choix au total en 2013, Ekblad, premier choix au total en 2014, et Anton Lundell, 12e choix au total en 2020.

Le héros des séries, Matthew Tkachuk, a coûté deux pièces importantes, Jonathan Huberdeau et MacKenzie Weegar, mais les autres ont été acquis pour une bouchée de pain et se sont transformés de joueurs marginaux en vedettes pour la plupart.

L’ailier gauche de Barkov au sein du premier trio, Carter Verhaeghe, 27 ans, vient de marquer 42 buts. Il était sans contrat en 2020, délaissé par le Lightning de Tampa Bay, coincé par le plafond salarial. Tampa n’avait aucune raison de retenir un attaquant de 25 ans après une saison de 13 points en 52 matchs. Zito lui a offert un million par saison pour deux ans. On lui a offert une prolongation de contrat de trois ans pour 12 millions l’été dernier. Il demeure une aubaine.

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Carter Verhaeghe

L’autre ailier de Barkov, le Québécois Anthony Duclair, avait déjà joué pour cinq équipes à 24 ans. Zito lui a offert 1,7 million pour un an en décembre 2020. Duclair a été blessé cet hiver, mais il avait marqué 31 buts la saison précédente. Il touche maintenant 3 millions par année.

Duclair et Verhaeghe remplaçaient deux des quatre premiers compteurs du club en 2019-2020, Mike Hoffman et Evgeni Dadonov, que Zito avait choisi de ne pas retenir.

Le deuxième trio actuel ? Le centre Sam Bennett a coûté un choix de fin de deuxième tour, 61e au total, et Emil Heineman. Il vient d’obtenir 40 points en 63 matchs. Il a 11 points en 15 matchs depuis le début des séries et les adversaires des Panthers maudissent cette peste.

Tkachuk, 109 points en saison régulière, 21 points en 16 matchs depuis le début des séries, dont quatre buts gagnants, demeure la locomotive de ce trio, mais Nick Cousins, l’ancien ailier de quatrième trio du Canadien, complète bien Bennett et Tkachuk, malgré un rendement offensif plus modeste. Cousins, 29 ans, embauché sur le marché des joueurs autonomes, gagne 1,1 million cette année et il touchera la même somme l’an prochain.

La construction de la défense est renversante. Brandon Montour, cinquième compteur de la LNH à sa position en saison régulière avec 73 points, après Erik Karlsson, Quinn Hughes, Josh Morrissey et Dougie Hamilton, a été obtenu des Sabres pour un choix de troisième tour.

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Brandon Montour

Gustav Forsling, 41 points en saison régulière, 26 : 44 d’utilisation en moyenne par match depuis le début des séries éliminatoires, au troisième rang de la LNH à ce chapitre chez les joueurs ayant disputé au moins sept matchs, a été réclamé au ballottage des Hurricanes de la Caroline en janvier 2021.

Le terrifiant Radko Gudas a été embauché pour 2,5 millions par saison quelques semaines à peine après l’arrivée de Zito. Marc Staal, le quatrième défenseur dans la hiérarchie, touche 750 000 $. Josh Mahura a été réclamé au ballottage lui aussi.

On se demande comment réagit le déchu Dale Tallon aujourd’hui. Il n’a jamais pu mener sa reconstruction à terme en dix ans avec les Panthers (il faut compter une pause d’un an en 2016-2017) malgré quatre choix dans le top 3 entre 2010 et 2013.

Il a laissé en héritage Barkov, Ekblad et Luostarinen (obtenu avec Erik Haula pour Vincent Trocheck), sans oublier évidemment le gardien Sergei Bobrovsky, 34 ans, dont on maudissait il n’y a pas si longtemps le contrat de 70 millions pour sept ans après plusieurs vilaines saisons.

Mais les Panthers ont atteint le premier tour seulement deux fois sous Tallon, sans jamais avancer, et ils ne seraient pas en finale aujourd’hui sans le flair de Zito et celui de sa garde rapprochée.

La marge entre le succès et l’échec demeure très mince cependant. Si les pauvres Blackhawks de Chicago ne battent pas les Penguins de Pittsburgh au Mellon Arena lors de l’avant-dernier match de la saison régulière, ou si Michael Pezzetta ne marque pas en tir de barrage contre les Sabres de Buffalo à la fin mars, les Panthers de la Floride sont exclus des séries et Zito ne passe pas pour un génie.

Pezzetta s’est bien amusé après son but, en célébrant à la manière du dur à cuire Tiger Williams à l’époque, mais celui-ci a peut-être coûté au Canadien un choix dans le top 13. Avec l’accession en séries des Panthers, puis cette place en finale, le choix de premier tour obtenu de la Floride pour Ben Chiarot vient de glisser au 31rang. On badine un peu ici, mais quand même…

Un record pour Logan Mailloux

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Logan Mailloux

Le choix de premier tour du Canadien en 2021, Logan Mailloux, ne participera pas à la Coupe Memorial, à la suite de l’élimination des Knights de London en finale ontarienne contre Peterborough et Owen Beck, un autre espoir du CH (toutefois suspendu en fin de série), mais il vient de battre un record d’équipe pour le plus grand nombre de points en séries éliminatoires pour un défenseur, avec 24 points en 21 matchs.

Olli Maatta détenait le record avec 23 points en 19 matchs, devant John Carlson, 22 points en 14 rencontres, et Danny Svyret, 20 points en 18 parties. Maatta, établi dans la LNH depuis 2013, mais dans un rôle défensif, avait cependant 18 ans lorsqu’il a atteint cette marque, et Carlson venait d’avoir 19 ans. Mailloux a eu 20 ans en avril.

Mailloux constituait le joueur clé en supériorité numérique en séries pour les Knights, troisièmes à ce chapitre en Ontario avec un taux de succès de 25,6 %. Le jeune homme a d’ailleurs amassé 13 de ses 24 points en pareille situation.

Ce défenseur droitier de 6 pieds 3 pouces et 208 livres jouera vraisemblablement pour le Rocket de Laval l’an prochain. Il devra peaufiner son jeu défensif, entre autres sa mobilité latérale et son explosivité en patin arrière, son positionnement et ses prises de décisions avec ou sans la rondelle.

Mais ses déficiences dans certains aspects de son jeu peuvent s’expliquer par le peu de matchs disputés entre 2020 et 2022 en raison de sa suspension et de la pandémie. Il aura de bons professeurs à Laval.

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1- Patrick Roy mérite une deuxième chance dans la LNH à titre d’entraîneur. Philippe Cantin met la table à l’aube du premier match des Remparts de Québec à la Coupe Memorial.

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