(Blainville) Le directeur général du Canadien, Kent Hughes, l’a dit clairement au bilan de fin de saison : « Nos attentes changent. » Plus récemment, le propriétaire Geoff Molson a renchéri : « Les attentes seront plus élevées. »

Un peu plus d’un mois après le dernier match d’une longue et décevante campagne, la haute direction de l’organisation ne pourrait être plus claire quant à ses intentions pour l’an prochain.

Est-ce que cela se traduira par, comme l’a évoqué Hughes, une « poussée » vers les séries éliminatoires ? Ça reste à voir. Ce qui est certain, c’est que Nick Suzuki se réjouit de la posture publique de ses patrons.

Rencontré mardi matin au centre d’innovation de Bauer, à Blainville, le capitaine du Canadien n’a pas mâché ses mots. Les deux dernières saisons, conclues parmi les pires équipes du circuit, ont été pénibles. « On en a marre de perdre et de finir derniers, a-t-il dit au cours d’un bref entretien avec La Presse. On doit recommencer à gagner. La prochaine saison sera importante pour nous. »

Il insiste sur le fait que son travail et celui de ses coéquipiers « ne changent pas », et ce, « peu importe le moment de l’année ou les plans de la direction ». Cela étant, « c’est bien d’entendre que la direction et le propriétaire veulent commencer à gagner davantage », tranche-t-il. « Ça nous motive. »

« On a vu, au début de la saison dernière, l’équipe qu’on pouvait être. Les blessures ont tout changé, mais je garde constamment des attentes élevées. Avec les joueurs qu’on a, notre style de jeu et notre personnel d’entraîneurs, on peut certainement faire une poussée pour les séries. »

J’ai hâte à la prochaine saison, je sais que les gars ont hâte de revenir et de travailler ensemble.

Nick Suzuki

Suzuki, de fait, est déjà de retour sur la glace avec quelques coéquipiers au centre d’entraînement de l’équipe à Brossard. Kaiden Guhle, Josh Anderson et lui passeront l’été à Montréal, où les rejoindront de jeunes joueurs du club au cours des prochaines semaines.

À l’inverse, Jake Allen et David Savard s’entraînent présentement avec le groupe, mais devraient partir vers leur capitale provinciale respective – Fredericton et Québec – après la fin des classes.

Distinction

La nouvelle n’a pas fait grand bruit, mais l’Ontarien de 23 ans a reçu la semaine dernière le prix Sakura, décerné par le Centre culturel canado-japonais à Toronto. Cette distinction récompense chaque année des personnes ayant contribué à la promotion de la culture japonaise au Canada ou à l’étranger.

L’organisme ayant décidé de souligner l’apport d’athlètes cette année, Suzuki a partagé cet honneur avec la hockeyeuse Vicky Sunohara, triple médaillée olympique, et l’ex-footballeur Bill Hatanaka.

« Mon grand-père était super fier ; ça représente beaucoup pour moi », a dit le jeune homme au sujet de ce prix, remis lors d’un gala dans la Ville Reine.

Celui dont les arrière-arrière-grands-parents ont immigré au Canada se définit comme « un quart japonais », du côté de son père. Sa famille immédiate est « d’abord canadienne », précise-t-il, encore qu’il soit pleinement conscient, ne serait-ce que par son nom de famille, de ce que sa présence dans les hautes sphères du hockey professionnel représente pour la communauté de descendance asiatique.

Peu de joueurs de cette origine évoluent dans la LNH, mais la présence parmi les vedettes de la ligue de joueurs comme Jason Robertson, Matt Dumba et Nick Suzuki, entre autres, contribue à changer positivement le visage d’un sport encore majoritairement blanc.

C’est quelque chose que je reconnais davantage comme adulte que lorsque j’étais enfant.

Nick Suzuki, au sujet de son héritage asiatique

Il réalise qu’il peut être un modèle pour les jeunes athlètes de descendance asiatique. « J’ai un des noms les plus répandus au Japon, souligne Suzuki. S’ils voient des faits saillants d’un joueur qui porte ce nom, ça peut leur donner le goût de persévérer au hockey. »

Il rêve d’ailleurs de se rendre un jour au Japon et d’y organiser des camps de hockey. Il a déjà pu mesurer l’effet qu’il peut provoquer lorsque, en 2020, il a rencontré les joueurs d’une équipe japonaise venue participer au tournoi pee-wee de Québec. « C’était vraiment cool », se rappelle-t-il.

Le capitaine du Canadien conclut en formulant le souhait d’avoir un « impact positif » sur la jeune génération. C’est probablement déjà le cas, quand on y pense.

Probable présence à Nashville

Nick Suzuki a suivi avec intérêt la récente loterie de la LNH qui a attribué au Canadien le cinquième choix au prochain repêchage. « On aura un très bon joueur », dit-il, confiant. D’emblée, il évoque les noms de Will Smith, Matvei Michkov et Leo Carlsson parmi ceux qui l’emballent le plus, encore que « quelques défenseurs semblent pousser pour atteindre le top 5 ». Lui-même se rendra probablement à Nashville pour la séance de repêchage. Kaiden Guhle y sera lui aussi, alors que son beau-frère Riley Heidt, des Cougars de Prince George, pourrait bien être repêché au premier tour. « Kent Hughes a demandé à quelques gars d’y aller… Ça devrait fonctionner. Nashville, ce n’est pas trop mal », lance Suzuki en riant.

Simon-Olivier Lorange, La Presse