En temps normal, une équipe déjà assurée de participer aux séries éliminatoires, qui est première de sa division et qui est perçue comme une sérieuse aspirante à la Coupe Stanley devrait couler des jours paisibles à moins de deux semaines de la fin du calendrier.

Chez les Hurricanes de la Caroline, prochain adversaire du Canadien, l’heure n’est pas à l’exaltation. Depuis la date limite des transactions, leur fiche de 8-6-1 en est une de milieu de peloton. Depuis qu’Andrei Svechnikov a rendu les armes pour le reste de la saison : 4-5-1. Au cours des cinq derniers matchs : 1-3-1.

Offensivement, l’ouragan ne souffle pas très fort, autant à forces égales qu’en avantage numérique — le club a été blanchi neuf fois à ses 11 derniers matchs à cinq contre quatre.

À l’évidence, la perte de Svechnikov fait très, très mal. « C’est un pur marqueur, il nous manque beaucoup », confirme le défenseur Shayne Gostisbehere. Acquis tout juste avant la date limite des transactions, l’ancien des Flyers de Philadelphie et des Coyotes de l’Arizona n’aura côtoyé le Russe que quelques jours. Mais il peut témoigner, de ce qu’il a entendu de ses coéquipiers et de ce qu’il voit sur la glace, d’à quel point Svechnikov était une pièce essentielle au succès des Canes.

Il évoque, comme c’est de coutume, la mentalité du « next man up ». Celle qui veut qu’en l’absence d’un joueur clé, un autre se lève pour le remplacer.

PHOTO JAMES GUILLORY, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Sebastian Aho (20)

Or, c’est précisément ce qui fait défaut présentement. Personne n’a pris la relève. Sebastian Aho, Martin Necas et, dans une moindre mesure, Jesperi Kotkaniemi, demeurent les meneurs d’une attaque subitement très timide. Teuvo Teraivainen poursuit sa saison de misère. Jordan Staal traverse une léthargie. L’ancien des Oilers Jesse Puljujarvi, dont on se demandait s’il relancerait sa carrière à Raleigh, n’a toujours pas récolté de point dans son nouvel uniforme. Il a été laissé de côté à deux reprises au cours de la dernière semaine.

« On joue du hockey solide, s’est défendu Kotkaniemi, samedi, après l’entraînement matinal de son club. On a été victimes de quelques mauvais bonds. Mais on joue comme on le veut. Il faut juste mettre plus de rondelles dans le filet. »

Staal, capitaine du groupe, a été moins tendre.

Nos unités spéciales doivent être meilleures, nos gros canons doivent être meilleurs et les joueurs de soutien, moi le premier, doivent contribuer davantage. Si on réussit à s’ajuster, le reste va bien aller.

Jordan Staal

L’entraîneur-chef Rod Brind’Amour a abondé dans le même sens. Avec encore huit matchs à disputer, il s’attend à voir ses attaquants atteindre « un niveau supérieur ».

« On se fie trop sur notre défense, qui est excellente », a-t-il rappelé. À preuve, depuis le début de la saison, seuls les Bruins de Boston accordent moins de buts par match et sont plus chiches en désavantage numérique.

« Mais nos attaquants doivent contribuer davantage », a-t-il ajouté, sans dentelle.

On sent l’entraîneur agacé par la fiche de son équipe au cours des dernières semaines.

Ce n’est pas tant que ses hommes jouent mal. « Au cours de notre dernière séquence, le match que j’ai le moins aimé est celui qu’on a gagné », a-t-il lancé. Or, vu la quantité de talent dans son vestiaire et la qualité d’exécution dont il sait ses joueurs capables, il commence à être temps que les résultats soient de nouveau au rendez-vous.

« On est jugés par les victoires et les défaites, et on ne gagne pas », a-t-il résumé. Et de répéter : « Il y a des gars qui doivent atteindre un autre niveau. »

Ceux que ça concerne se reconnaîtront rapidement. Peut-être profiteront-ils même de leur visite à Montréal, face à un club amoindri au possible, pour se relancer.

Antti Raanta sera le gardien partant des Hurricanes contre le CH.