L’afflux de jeunes joueurs au sein d’une formation de la Ligue nationale vide généralement la banque d’espoirs dans les circuits inférieurs.

Mais ça n’est pas le cas à Montréal, malgré la présence d’une quinzaine de joueurs de 25 ans ou moins chez le Canadien à un moment ou à un autre de l’hiver.

L’abondance de jeunesse dans l’organisation ne constitue pas un hasard. Entre 2008 et 2011, soit quatre cuvées, le CH a repêché 25 joueurs, dont seulement sept lors des trois premiers tours. Une période aride a suivi, d’autant plus que les deux seuls choix dans le top vingt, Louis Leblanc (18e en 2009) et Nathan Beaulieu (17e en 2011), n’ont pas connu la carrière espérée à Montréal.

Mais lors des cinq plus récentes cuvées, entre 2019 et 2022, le Canadien a obtenu 49 choix, dont 23 dans les trois premiers tours.

Déjà sept joueurs repêchés depuis 2018 jouent pour le Canadien : Jordan Harris, Jesse Ylönen, Rafaël Harvey-Pinard, Cole Caufield, Kaiden Guhle, Sean Farrell et Juraj Slafkovsky, sans compter Arber Xhekaj, mis sous contrat pendant ses années chez les juniors.

Un huitième, le défenseur Alexander Romanov, a rapporté Kirby Dach et un neuvième, Jesperi Kotkaniemi, a été perdu aux mains des Hurricanes de la Caroline et a valu des choix de premier et troisième tours, tristement gaspillés cependant pour obtenir Christian Dvorak.

En raison de l’arrivée massive de ces jeunes joueurs au cours de l’hiver, il y aura peu de place pour de nouvelles têtes l’an prochain. Voyons néanmoins comment certains d’entre eux, les premiers de classe, ont progressé au cours de l’année.

(Jeudi les défenseurs, vendredi les attaquants)

Le côté gauche de la défense, une lacune chez le Canadien il n’y a pas si longtemps (rappelons-nous Victor Mete au sein de la première paire et Brett Kulak sur la seconde), ne manque plus de talent. Mike Matheson, Kaiden Guhle, Jordan Harris, Arber Xhekaj et Joel Edmundson (s’il n’est pas échangé) lutteront pour trois places la saison prochaine, et certains des espoirs les plus prometteurs jouent à cette position.

Tout a été dit ou presque sur Lane Hutson, repêché en fin de deuxième tour en 2022 (62e au total). Il est passé de 5 pieds 8 pouces et 150 livres à 5 pieds 10 pouces et 165 livres et vient de fracasser le record du légendaire Brian Leetch pour le plus grand nombre de points par un défenseur dans l’année qui suit sa sélection dans la LNH.

Hutson, 19 ans depuis février, a amassé 48 points, dont 15 buts, en 38 matchs et constitue l’un dix finalistes au trophée Hobey-Baker remis au joueur collégial par excellence. Son équipe, Boston University, affronte Minnesota la semaine prochaine dans le carré d’as de la NCAA. Le jeune homme disputera une autre saison universitaire l’an prochain malgré sa domination à ce niveau.

Repêché 30 rangs plus loin, au troisième tour (92e au total), Adam Engström, un défenseur gaucher de 19 ans lui aussi, attire moins l’attention, mais il vient de terminer la saison en force en première division suédoise (SHL).

Cet arrière de 6 pieds 2 pouces et 190 livres a terminé au premier rang des compteurs de son équipe, Rögle, en séries éliminatoires, avec cinq points, dont trois buts, en neuf matchs.

Engström a mérité les éloges de l’entraîneur adverse après l’élimination de son club, il y a deux jours. « Je suis étonné de voir un si jeune défenseur dominer de la sorte en séries éliminatoires, a déclaré le coach de Skelleftea, Robert Ohlsson, sans qu’on lui pose de question spécifique à propos de l’espoir du CH. « Il m’a posé des défis pendant la série et je me réjouis de voir le hockey suédois produire un défenseur de cette trempe. »

Chat échaudé craint l’eau froide, est en droit d’affirmer le lecteur et fan du Canadien. Mattias Norlinder avait eu droit à des remarques encore plus élogieuses en provenance de Suède il y a quelques années. Certains avaient même osé le comparer au célèbre Niklas Lidstrom. Norlinder est toujours avec le Rocket de Laval à 22 ans et il serait étonnant de le voir percer un jour à Montréal.

Il faut donc se garder une dose de réserve dans le cas d’Engström. Par contre, Norlinder évoluait en deuxième division suédoise, à MODO, lorsqu’on a eu écho de ses exploits la première fois en Amérique du Nord, à 19 ans.

Norlinder constituait un spécialiste en supériorité numérique et présentait des carences en défense. Il a représenté la Suède au Championnat mondial junior, à l’aube de ses 20 ans, mais dans un rôle limité, au sein d’une troisième paire, et il a été blanchi en sept matchs.

Engström jouait sur la première paire au Championnat mondial junior pendant les Fêtes et il venait de fêter ses 19 ans, et il a amassé trois points en sept matchs tout en affrontant les meilleurs trios adverses. Il restera au moins une autre saison en Suède. On pourra juger de son véritable potentiel à son premier camp d’entraînement à Montréal.

Un troisième défenseur gaucher, le Québécois William Trudeau, 20 ans, repêché en quatrième ronde en 2021, a surpassé les attentes cette saison. On hésitait à le renvoyer dans les rangs juniors en octobre. Il est demeuré avec le Rocket, sans jouer beaucoup au départ, puis il est devenu un pilier à Laval. Il a amassé 21 points en 53 matchs jusqu’ici et est indélogeable de la première paire de défenseurs. Jayden Struble et Gianni Fairbrother, encore blessé, le pauvre, sont plus loin dans la hiérarchie.

La relève est plus mince à droite. Justin Barron progresse bien à Montréal. Il est le seul défenseur de moins de 25 ans à Montréal. Après lui, il y a un seul espoir digne de ce nom parmi les défenseurs droitiers, Logan Mailloux.

Ce colosse de 6 pieds 3 pouces et 208 livres disputait une première saison complète en trois ans, chez les Knights de London, dans la Ligue junior de l’Ontario. Ce choix de fin de premier tour, 31e au total, en 2021, a été particulièrement redoutable en supériorité numérique, où il a marqué 12 de ses 25 buts, et obtenu 25 de ses 53 points, en 59 rencontres.

Mailloux possède un tir puissant. Il lui reste plusieurs aspects de son jeu à peaufiner et il sera entre bonnes mains à Laval l’an prochain.

Un nouveau trio pour Sean Farrell

PHOTO MATT SLOCUM, ASSOCIATED PRESS

Sean Farrell

Sean Farrell a disputé un match en demi-teinte à son baptême dans la LNH, mardi à Philadelphie. Le pauvre est arrivé comme un cheveu sur la soupe, sans aucun entraînement avec l’équipe. Il jouait en outre au sein d’un trio dysfonctionnel, avec Jonathan Drouin au centre et un Denis Gurianov très peu inspiré. Les trois étaient souvent embourbés en zone défensive et n’ont pas été très souvent en possession de la rondelle. Farrell n’a pas été vilain, mais pas transcendant. On a néanmoins remarqué sa fougue en échec-avant, et une certaine créativité.

On lui donnera vraisemblablement de meilleurs outils jeudi soir pour son premier match au Centre Bell. Farrell, 21 ans, 53 points en 34 matchs à Harvard, dans la NCAA, s’entraînait à la gauche de Jake Evans et Brendan Gallagher, jeudi matin. Evans et Gallagher formaient avec Jesse Ylönen le meilleur trio du CH depuis quelques matchs. Ylönen devrait se retrouver à la droite de Drouin et Gurianov contre les Panthers.

À ne pas manquer

1- Avec 82 points, dont 38 buts, en 60 matchs à Seattle, dans la Ligue junior de l’Ouest (mais à 20 ans), Jared Davidson, un choix de cinquième ronde du CH l’été dernier, vise la Coupe Memorial avant de passer chez les pros. Guillaume Lefrançois lui a parlé.

2- Nicholas se penche sur les changements à la position d’ailier éloigné dans la NFL aujourd’hui, avec en tête Dalton Schultz.

3- Katerine Savard a terminé au deuxième rang au 100 mètres papillon, mercredi soir à Toronto lors des essais canadiens, et assure donc sa place aux Championnats du monde à Tokyo. Simon Drouin résume.