(Boston) À l’issue de l’entraînement matinal des Bruins, jeudi, Jim Montgomery a tenu des propos révélateurs sur l’identité qu’il prête à son équipe. Un journaliste le questionnait sur Garnet Hathaway, un robuste attaquant de quatrième trio que les Bruins ont acquis le mois dernier.

« Il est pesant. Il est méchant. C’est un Bruin », a dit le Montréalais aux journalistes présents au centre d’entraînement de l’équipe, en banlieue.

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Non, les Bruins ne sont plus l’équipe intimidante d’il y a 10 ans, cette équipe dans laquelle Milan Lucic faisait la police avec les joueurs de talent, où l’intimidant Zdeno Chara contrôlait le trafic devant le filet, où Shawn Thornton et Gregory Campbell pilonnaient tout ce qui bougeait.

N’empêche qu’ils sont encore capables de tenir leur bout quand le jeu devient rude, et qu’ils se produisent devant un public qui rugit devant les démonstrations de force. Mais si les Bruins ont défait le Canadien 4-2, jeudi, ce n’est pas parce qu’ils l’ont écrasé physiquement ; c’est surtout parce qu’ils ont profité de leurs chances de marquer.

« Ils ont un très bon noyau, très talentueux, et ils vont te faire payer pour tes erreurs, a admis Martin St-Louis, après la rencontre. Moi, ce que j’ai aimé, c’est qu’on a fabriqué des chances contre une équipe très bien organisée. »

PHOTO PAUL RUTHERFORD, USA TODAY SPORTS

De Patrice Bergeron à David Pastrnak, en passant par Brad Marchand, Charlie McAvoy, le très fiable Hampus Lindholm et même Jake DeBrusk, qui éclôt cette saison, les Bruins ont le talent qui leur sort par les oreilles.

Mais les séries approchent et l’intensité va augmenter. Quand Marchand s’est rué sur Rem Pitlick, qui venait de mettre en échec Bergeron, le message était clair : les Bruins sont prêts pour la guerre. Idem quand Jake Evans a enneigé le gardien Jeremy Swayman.

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Brad Marchand (63) s’est rué sur Rem Pitlick (32) lors de la première période du match.

Certains déploreront l’intensité de la réaction de Marchand ; n’empêche que ses succès parlent d’eux-mêmes, et que dans un sondage publié cette semaine par l’Association des joueurs, ses pairs ont voté pour lui pour le titre de joueur le plus difficile à affronter, mais qu’ils aimeraient avoir dans leur équipe.

Les joueurs du Tricolore ont eux aussi montré de la solidarité par moments. Lors de la séquence susmentionnée entre Evans et Swayman, David Savard a secoué Matt Grzelcyk comme s’il était une poupée de chiffon.

Les gars se tiennent. C’est une rivalité vieille de plusieurs années et ça s’est vu en partant ce soir. Il fallait apporter de l’énergie dans leur aréna et on l’a fait.

Nick Suzuki, capitaine du Canadien

« Je sais où mon équipe est. J’en suis très conscient. Moi, j’ai vu des guerriers, une attitude de guerriers même si on sait qu’on va rater les séries, a ajouté l’entraîneur-chef Martin St-Louis. C’est ce qui est encourageant à voir. C’est cette mentalité-là qui va nous aider à grandir cette saison. »

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Nick Suzuki

Il y a toutefois des moments où les répliques étaient plus timides, par exemple lorsque McAvoy a percuté Evans avec force, en toute fin de deuxième période.

Les Montréalais étaient cependant privés de deux éléments qui auraient pu jouer un rôle central dans un tel match : Arber Xhekaj et Josh Anderson. On savait déjà le premier perdu pour la saison, et c’est maintenant le cas pour le deuxième. Après le match, le Canadien a annoncé que la saison d’Anderson était terminée en raison d’une entorse à une cheville.

On parle souvent du CH comme d’une équipe en apprentissage, et tenir son bout dans ce type de match, où l’intensité grimpe d’un cran, fera aussi partie des apprentissages à assimiler.

Malgré la défaite, l’équipe n’a pas non plus à rougir de sa performance. Elle est après tout restée à un but d’écart de la meilleure équipe de la LNH jusqu’à la 53minute. Le Canadien a aussi, pour la première fois en 13 matchs, tiré plus souvent que l’adversaire. C’est pourquoi St-Louis affichait un air satisfait en point de presse.

« On a super bien joué. C’est un de nos meilleurs matchs de l’année. C’était le fun à voir, du banc, en tout cas. Je suis vraiment fier du groupe. On n’est pas juste là physiquement, on est là mentalement. On est connectés. C’est là que tu grandis comme équipe. Toutes les bonnes équipes sont comme ça. »

En hausse : Kirby Dach

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Kirby Dach (77)

La rouille n’est clairement pas problématique malgré une absence d’un mois. Il a marqué dans un deuxième match de suite, a obtenu une aide sur le but de Nick Suzuki, et aurait pu en amasser deux ou trois autres tant il a distribué la rondelle avec aisance.

En baisse : Joel Edmundson

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Joel Edmundson

Les Bruins ont obtenu cinq chances de qualité contre lui à cinq contre cinq, et ont marqué trois fois. Sa drôle de prise de décision a mené au but de Jake DeBrusk.

Le chiffre du match : 2

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David Pastrnak (88) et David Savard (58)

C’est un chiffre qui représente bien la soirée de travail de David Pastrnak. Deux points, une fiche de + 2 et un temps d’utilisation de 22 min 22 s L’histoire ne dit pas s’il a écouté l’album D’eux dans la voiture en rentrant à la maison.

Dans le détail

La misère des riches

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L’entraîneur-chef des Bruins, Jim Montgomery

Combien d’entraîneurs peuvent se permettre, tout bonnement, de laisser de côté un défenseur qui présente un différentiel de + 39 ? C’est ce qu’a fait Jim Montgomery, jeudi, en envoyant Brandon Carlo dans les gradins. Depuis l’acquisition de Dmitry Orlov, des Capitals, le mois dernier, l’entraîneur-chef des Bruins a en effet instauré une rotation à la ligne bleue, afin de permettre à Jakub Zboril de disputer des matchs. Le genre de rotation qu’une équipe virtuellement assurée du premier rang de la LNH peut se permettre. À tour de rôle, les vétérans Orlov, Carlo, Matt Grzelcyk et Connor Clifton sont donc retranchés. Une fois en séries, Zboril reprendra son rôle de réserviste, mais il n’arrivera pas à froid si jamais un défenseur des Bruins se blesse. Zboril disputait seulement son 17match de la saison jeudi, et un quatrième en 2023. Il s’est distingué en préparant le premier but des siens et en rudoyant Michael Pezzetta derrière le jeu en deuxième période. Si le nom de Zboril vous est familier, c’est qu’il a été un des trois choix de premier tour des Bruins dans le riche repêchage de 2015, une aberration que le confrère Mathias Brunet se plaît à nous rappeler à l’occasion !

Un désavantage efficace

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Jake Evans

Le Canadien en arrachait en désavantage numérique dernièrement, avec un rendement de 47 % (!) dans les sept matchs précédents. Le retour de Jake Evans a coïncidé avec un bien meilleur rendement de ces unités jeudi. En 8 min 36 s de jeu avec l’avantage d’un homme, les Bruins ont été limités à seulement deux tirs, et aucun but. Evans a contribué à l’effort en écoulant 2 min 52 s dans cette phase du jeu. Le duo de Kirby Dach et Alex Belzile, qui a été déployé à quelques reprises, a également connu de beaux moments.

Pas de 50e, mais tout un match

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David Pastrnak (88) a inscrit son 49but de la saison.

De son côté, David Pastrnak a établi une marque personnelle en inscrivant son 49but de la saison. Et s’il n’a pas atteint le chiffre magique des 50, ce n’est pas à défaut d’avoir essayé. Son fidèle comparse Brad Marchand s’est notamment privé d’un but certain à la toute fin pour tenter une passe impossible vers le Tchèque, dans les dernières secondes du match, lorsque le Canadien avait retiré Jake Allen. Pastrnak a connu un fort match, qu’il a terminé avec deux points. Denis Gurianov et Rem Pitlick ont notamment paru très mal devant lui – on se demande encore comment Pitlick a pu l’abandonner pour le laisser seul devant Allen. Quoi qu’il en soit, la marque des 100 points est à la portée de Pastrnak, un chiffre qu’il n’a encore jamais atteint en une saison. Son trio tout tchèque avec David Krejci et Pavel Zacha est une belle trouvaille de Jim Montgomery.