Des « allégations » sont « venues aux oreilles » de la LHJMQ à propos d’évènements « de nature sexuelle » survenus dans les années 1990.

C’est ce qu’a révélé Martin Lavallée, commissaire par intérim de la LHJMQ, ajoutant qu’une « enquête indépendante » avait été déclenchée. Il a fait cette déclaration mardi matin devant la Commission de la culture et de l’éducation de l’Assemblée nationale, qui a repris ses travaux pour faire la lumière sur la violence dans le hockey junior.

Au cours des dernières semaines, le hockey canadien a été secoué par des révélations choquantes selon lesquelles, au cours des 40 dernières années, des joueurs d’âge junior ont été maltraités par leurs coéquipiers, notamment dans le cadre d’activités d’initiation. Il est entre autres question d’agressions sexuelles, de violence physique et psychologique et de séquestration.

Les parlementaires ont voulu faire la lumière sur les pratiques dans la province. En commission parlementaire, Gilles Courteau, commissaire de la LHJMQ depuis plus de trois décennies, a livré un témoignage dont plusieurs failles ont été exposées par différents médias. Il a démissionné de son poste il y a quelques jours.

Mario Cecchini le remplacera au début du mois de mai. Dans l’intervalle, Martin Lavallée assure l’intérim.

Ce dernier, devant la Commission, a dit être au courant de cas « passés » d’initiations qui ont mal tourné. Invité à préciser sa pensée, il a évoqué les dérapages, déjà documentés, qui ont eu lieu chez le Phœnix de Sherbrooke en 2016 et en 2017.

M. Lavallée est resté plus évasif sur l’autre dossier, qui semble avoir été rapporté aux autorités de la ligue au cours des derniers jours. « Lorsque nous avons été informés de la situation, nous avons procédé à une quête d’information, qui nous a amenés à mettre en place une enquête indépendante pour nous assurer d’aller au fond des choses », a dit le commissaire par intérim.

Par respect pour l’enquête en cours « et pour la victime », il n’a pas identifié l’équipe concernée ou même la ou les saisons visées. Les évènements auxquels il a fait allusion se seraient déroulés « dans la première moitié » de la décennie 1990.

« Prévention primaire »

Un peu plus tôt, la Commission avait reçu Michel Dorais, professeur titulaire à l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval, aujourd’hui à la retraite.

Le chercheur a livré un plaidoyer en faveur de la « prévention primaire » qui, selon lui, fait cruellement défaut dans le hockey junior.

On a beaucoup parlé de films et de conférences, mais la prévention, ce n’est pas ça.

Michel Dorais, professeur titulaire à l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval

À la base de cette prévention primaire, il cible les « codes de vie » que les équipes demandent à leurs joueurs de signer. Ces codes sont régulièrement invoqués par les formations et même par les dirigeants du circuit comme un facteur de changement. Or, ceux-ci sont « pleins de trous », constate M. Dorais, qui ajoute qu’une fois ces documents signés en début de saison, « on n’en parle plus ».

Selon lui, des programmes mieux conçus et assortis d’un encadrement complet pourraient être mis en place relativement facilement. Mais ces initiatives ont un coût.

À ce sujet, il signale que « quand on parle de prévention, les gens n’ont pas d’argent pour ça ». Or, « réparer les dégâts, ça coûte cher », a-t-il noté, citant en exemple les sommes à verser aux victimes en dédommagement ou encore l’embauche de firmes de gestion de crise.

De concert avec Natacha Llorens, directrice des services aux joueurs de la LHJMQ, il dit travailler depuis 18 mois sur un nouveau programme de prévention.

Or, faute de financement, son déploiement est retardé. Il lance donc un appel aux ordres de gouvernement pour fournir une aide financière de quelque 50 000 $ par année. Les équipes pourraient elles aussi contribuer, bien qu’il serait « déraisonnable », à ses yeux, d’attendre après elles seules.

Même si les sordides histoires d’initiations qui ont soulevé la controverse, au cours des dernières semaines, datent surtout des années 1980 et 1990, « il y a encore lieu de s’inquiéter » au sujet des abus dans le hockey junior, estime M. Dorais.

« Est-ce que c’est fini, les initiations, la violence ? Est-ce qu’on perd notre temps ici ? », lui avait préalablement demandé le député solidaire Vincent Marissal, en référence à l’impatience qu’il a lui-même perçue dans le milieu du hockey à passer au dossier suivant.

« Les choses se manifestent autrement, de façon plus subtile, pas forcément dans les mêmes lieux, lui a répondu M. Dorais. On voit [auprès des joueurs] que les choses se sont améliorées, mais on a encore du chemin à faire. Le danger, […] c’est que ce soit encore plus caché. Il faut se méfier de ça, aussi. »