Kirby Dach n’est pas le plus démonstratif devant les micros, mais il peut l’être avec ses coéquipiers.

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Au son de la sirène finale, les joueurs du Canadien attendaient en file pour féliciter Samuel Montembeault au terme de la victoire de 3-2 contre le Lightning. C’est là que Dach a entouré le gardien de ses longs bras et, tel le Géant Ferré, lui a fait la prise de l’ours. Une prise de l’ours pleine d’amour, bien sûr.

« Sam était phénoménal ce soir, c’est pour ça que je lui ai fait un gros câlin. Il nous a sauvé les fesses quelques fois », a résumé Dach.

Dach aurait toutefois lui-même pu être la cible de l’affection de ses coéquipiers, car à son premier match en plus d’un mois, il a rappelé l’immense valeur qu’il possède au sein de cette équipe.

Oublions son but, qui a été le résultat d’un cadeau du défenseur Darren Raddysh, coupable d’une passe parfaite… à Nick Suzuki. Même le toujours fiable Andrei Vasilevskiy a donné un coup de pouce à Dach, en ne bloquant que partiellement la rondelle avant de la pondre dans son filet.

Pendant le match, Dach a multiplié les actions importantes pour permettre à son équipe de récupérer des rondelles, ou de les conserver en zone offensive. À sa dernière présence du match, avec trois minutes à jouer, lui et ses compagnons de trio Suzuki et Rafaël Harvey-Pinard ont réussi à conserver la rondelle le plus loin possible du territoire du Tricolore.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Rafaël Harvey-Pinard et Andrei Vasilevskiy

« C’est un joueur tellement talentueux, il travaille fort. À la fin, il est arrivé par-derrière et a soulevé le bâton du joueur pour sortir la rondelle. En zone offensive, il est très dynamique », a décrit Montembeault.

L’utilisation qu’en a fait Martin St-Louis à son retour en dit d’ailleurs long sur son utilité au sein de l’équipe. L’entraîneur-chef avait tout un problème à résoudre avec, de son côté, une ligne de centre hypothéquée, et chez l’adversaire, la présence de Brayden Point et Nikita Kucherov au sein d’un trio, et de Steven Stamkos au sein d’un autre. Plutôt que d’opposer Suzuki à un et Dach à l’autre, il a employé Dach à l’aile afin de « renforcer » cette unité contre celle de Point.

« Notre plan, c’est qu’il soit un centre », a rappelé St-Louis. L’emploi de Dach à l’aile pour ce genre de confrontation a toutefois révélé une option additionnelle qui se présentera à St-Louis quand il comptera sur une formation en pleine santé, avec par exemple un Jake Evans pour jouer contre l’autre trio offensif de l’adversaire.

Pour ce que ça vaut, le Canadien a montré une fiche de 4-10-2 en l’absence de Dach. Dans les 12 derniers matchs où il y était, l’équipe présente un dossier de 7-4-1. D’autres facteurs expliquent cet écart, notamment une série d’adversaires puissants en l’absence du grand numéro 77. Mais il y a néanmoins une tendance intéressante à suivre à plus long terme.

La croissance de Montembeault

De son côté, Montembeault a continué de gagner des points dans ce match. Son arrêt en faisant le grand écart a bien sûr retenu l’attention. « Quand je suis réchauffé, ça va, mais si tu me demandes de faire ça avant le match, ça se peut que ça “poppe” à quelque part ! », a blagué le gardien québécois.

Mine de rien, il en était à un quatrième départ de suite, une première cette saison lorsque Jake Allen est en santé. Ce dernier a toutefois accordé 12 buts sur seulement 33 tirs à ses deux dernières sorties, ce qui le place sur la voie d’évitement pour le moment.

« On peut tout faire bien pour lui, mais c’est lui qui est dans le filet. Il a une très belle progression cette année », a noté St-Louis.

Il importe toutefois de rappeler que dans le mois qui a suivi la pause du match des étoiles, c’était plutôt Allen qui surpassait Montembeault par une bonne marge.

Telle est la réalité d’une équipe qui ne compte pas, pour l’heure, de gardien numéro 1 à proprement parler. Ces derniers temps, St-Louis montre toutefois qu’il est prêt à s’adapter et à opter pour le gardien « du moment ».

En hausse 

Nick Suzuki

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Nick Suzuki

Grosse journée au bureau pour un joueur qui a passé la majorité de sa soirée contre messieurs Kucherov et Point. Deux aides et une fiche de + 2 contre eux.

En baisse

 Rem Pitlick

L’histoire se répète pour l’ailier, coupable de trois revirements malgré un temps d’utilisation minimal.

Le chiffre du match

16

Le défenseur Mike Matheson compte maintenant 16 points (7 buts, 9 aides) en 20 matchs depuis la pause du match des étoiles.

Dans le détail

Saison terminée pour Guhle

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Kaiden Guhle

La première saison de Kaiden Guhle dans la LNH est terminée. Le défenseur souffre officiellement d’une entorse au haut de la cheville. L’organisation a indiqué que sa blessure ne nécessiterait pas d’opération, mais qu’il raterait les 11 derniers matchs de son équipe. Guhle conclut ainsi sur une triste note une campagne qui se sera limitée à 44 rencontres, mais au cours de laquelle il s’est révélé comme une valeur sûre. Une blessure à un genou l’a d’abord privé de huit semaines d’activité. Trois matchs après son retour, il s’absentait pour une blessure au « haut du corps ». Son ultime retour aura duré cinq rencontres. Même en ayant joué considérablement moins que ses opposants, Guhle se retrouve au cinquième rang chez les défenseurs recrues du circuit avec 18 points. Puisqu’on parle du département médical, notons que Josh Anderson n’accompagnera pas son équipe à Boston, lui qui s’est blessé dans la dernière minute du match de mardi en se faisant renverser dans son propre but par Mikhail Sergachev.

Le Drouin qu’on n’attendait pas

Jonathan Drouin s’est invité là où on ne l’attendait pas, mardi. D’abord, il a marqué un but, ce qui n’arrive pas souvent, comme on le sait, et il l’a en plus fait avec panache. Fonçant sur le flanc gauche, il a accepté une passe de Denis Gurianov et a surpris Andrei Vasilevskiy d’un tir vif. Puis, en toute fin de troisième période, il s’est vu confier la responsabilité d’écouler une partie de la dernière minute du match. Drouin a lui-même fait remarquer que c’était la deuxième fois en une semaine qu’il se retrouvait en action en fin de parcours. « J’adore ça. C’est dans ces moments-là que tu veux être sur la glace. Tu veux avoir la confiance de ton coach. Il commence à m’en donner plus, et c’est à moi de prouver que je peux rester là », a commenté l’attaquant en fin de soirée. Le gardien Samuel Montembeault a pour sa part souligné le « beau jeu » de son coéquipier qui, « au lieu de paniquer » en zone défensive, « a levé la tête et envoyé la rondelle » vers Josh Anderson, qui s’était élancé en zone neutre.

Généreux Vasilevskiy

L’entraîneur-chef du Lightning, Jon Cooper, a souligné à juste titre que Samuel Montembeault avait été « le meilleur joueur » du Canadien. « On a vu ça de notre côté souvent avec Vasi », a-t-il ajouté. Vasi, c’est évidemment Andrei Vasilevskiy, membre de la courte liste des meilleurs gardiens de la LNH. Le Russe excelle évidemment contre toutes les équipes, mais il se fait particulièrement intraitable contre le Tricolore. Sa dernière défaite à Montréal – et contre le Canadien tout court – remontait en effet au 4 janvier 2018. Or, celui qui a souvent été le meilleur joueur de son équipe a fait une exception, mardi. Sur le premier but du match, celui de Kirby Dach, il n’a pas été en mesure de maîtriser le disque, qui a doucement roulé derrière lui. Sur le suivant, celui de Drouin, le tir était certes précis, mais si c’était à refaire, ce colosse de 6 pi 4 po aurait sans doute préféré ne pas lui donner aussi généreusement l’accès à la partie supérieure du filet. À classer sous la rubrique « peut faire mieux ».

Simon-Olivier Lorange, La Presse

Ils ont dit

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Jonathan Drouin

Personne ne veut laisser ces matchs tomber à l’eau. On a des choses à prouver pour l’an prochain.

Jonathan Drouin

Quand t’as des joueurs du top 6 qui reviennent, ça replace tout le monde dans une meilleure position. [Kirby Dach] est un joueur important pour nous, pour notre avenir.

Nick Suzuki

On a eu congé dimanche, j’ai pu me reposer. Et même dans l’échauffement, ç’a bien été. C’était peut-être mon meilleur warm-up de l’année.

Samuel Montembeault

Il est pas mal flexible. C’était tout un arrêt et on en avait besoin à ce moment-là.

Kirby Dach sur l’arrêt spectaculaire de Samuel Montembeault sur Nick Perbix

Mes poumons et mes jambes étaient corrects parce que j’ai essayé de m’en tenir à des présences courtes. J’ai vraiment fait attention de ne pas me faire prendre sur la patinoire.

Brendan Gallagher

C’était le fun de rejouer contre la même équipe, tu peux montrer les choses à améliorer, la manière dont on voulait se présenter contre eux. On était prêts.

Martin St-Louis

[Avec Rafaël Harvey-Pinard], tu sais ce que tu vas avoir chaque soir. Il est attentif aux détails, il suit les instructions. Tu sais qu’il va être au filet quand les deux autres [joueurs de son trio] créent de l’attaque. Il est très responsable, aussi, et il peut garder l’attaque en vie.

Martin St-Louis

Je crois qu’on trouve notre rythme. On doit corriger certaines choses, et tout va bien aller. Cette équipe a joué beaucoup depuis trois ans, et on a vu apparaître plusieurs nouveaux visages. Au cours des 10 derniers matchs, on doit élever notre jeu.

Pat Maroon sur l’inconstance de son équipe à l’approche des séries éliminatoires

On avait la même conversation à la même date l’an dernier et on s’est rendus en finale. L’important, pour moi, est d’accéder aux séries. Évidemment, comme tous les entraîneurs, je préférerais que nous roulions à plein régime, mais notre niveau de compétition est là.

Jon Cooper, entraîneur-chef du Lightning

On a tout fait sauf marquer. J’ai aimé beaucoup de choses de ce match, mais on en sort avec zéro point. J’aime moins ça.

Jon Cooper

Propos recueillis par Guillaume Lefrançois et Simon-Olivier Lorange, La Presse