Il y a deux ans jour pour jour, Artturi Lehkonen livrait une performance sans doute énergique, mais sans résultats offensifs, de 9 min 55 s dans une défaite du Canadien à Calgary. C’était son retour dans la formation après qu’il eut été laissé de côté quatre matchs de suite, et il allait aussi regarder les trois matchs suivants en tenue de ville.

Deux ans plus tard, ce même Lehkonen vient au 11rang des attaquants les plus utilisés dans la LNH cette saison. Il a déjà établi une marque personnelle pour les points en une saison (46) et est à deux buts d’atteindre le plateau des 20 pour la première fois de sa carrière.

C’est ce nouvel Artturi Lehkonen qui débarque au Centre Bell en ce lundi soir, en compagnie de ses coéquipiers de l’Avalanche du Colorado. Il s’agira de son deuxième match contre l’équipe qui l’a repêché au 55rang en 2013, mais d’un premier au Centre Bell dans le clan visiteur.

« C’est ma première fois dans ce vestiaire, la première fois que j’arrive par l’autre garage aussi », observait-il, lundi matin, après l’entraînement de l’Avalanche.

Quiconque connaît Lehkonen sait qu’il n’est pas du genre à s’épancher sur ses émotions pendant de longues minutes. Dans le vestiaire des visiteurs, qui a déjà la taille d’un 2 et ½ dans les environs de votre cégep préféré, le Finlandais était assis au pire endroit possible pour des entrevues, soit dans le coin à côté de la porte, derrière une massive colonne de béton. « Ce n’était pas mon choix ! », jure-t-il.

N’empêche qu’il a été bref, comme toujours. Ses souvenirs de son but gagnant en finale d’association contre Vegas, en juin 2021 ? « C’est parmi mes plus beaux buts. Ça ramène beaucoup de bons souvenirs d’y penser. »

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Le numéro 62 est tout de même un homme charismatique avec ses coéquipiers. Brendan Gallagher et Jake Evans se sont d’ailleurs pointé le nez près du banc des joueurs pendant l’entraînement, pour le saluer.

Comme joueur, il a certainement laissé sa trace. Pour Jonathan Drouin, c’est « son bâton » qui ressort le plus quand il est sur la patinoire. « En échec-avant, il est capable d’intercepter des passes dans les airs, il créait beaucoup de revirements. Tu ne le voyais pas sur la feuille de pointage tous les soirs, mais quand tu le regardais de proche, c’est un joueur très utile dans une équipe. »

Sauf qu’à sa dernière moitié de saison avant de quitter Montréal, on commençait justement à le voir sur la feuille de pointage. Il comptait 29 points en 58 matchs, et a accéléré la cadence au Colorado. En 77 matchs de saison avec l’Avalanche, il compte 24 buts et 31 passes pour 55 points.

« Son impact est dur à mesurer, a estimé l’entraîneur-chef de l’Avalanche, Jared Bednar. Il a été un gros ajout l’an passé et cette saison, il est très compétitif, très déterminé. Il a remplacé aux côtés de MacKinnon et Rantanen grâce à son travail en échec-avant. Il aime aller au filet et marquer des buts laids. C’est un joueur très solide sur 200 pieds. »

Offensivement, les circonstances l’ont aidé. L’Avalanche a été ravagée par les blessures, ce qui a permis à Lehkonen de jouer davantage, souvent aux côtés d’un certain Nathan MacKinnon, souvent au sein de la première unité de l’avantage numérique. Ces temps-ci, il joue plutôt au sein du deuxième trio, avec J. T. Compher, et avec la deuxième unité de l’avantage numérique. Son temps de jeu est également plus modéré et il a atteint les 20 minutes une seule fois à ses neuf derniers matchs.

Pour un joueur dont l’échec-avant est la principale force, n’est-il pas mieux servi, justement, à jouer 17 ou 18 minutes plutôt que 23, comme on le voyait régulièrement en novembre ?

« On a essayé de surveiller ça de près, a admis Bednar. Mais avec nos blessés et le fait qu’on luttait pour des points, il a vraiment fallu s’en remettre à nos meilleurs joueurs. Ça peut être difficile, avec le style de certains d’eux. On a donc géré leur énergie. Lehkonen va tout laisser sur la patinoire, peu importe l’utilisation que tu en fais. »

L’autre ancien

Lehkonen ne sera pas l’unique joueur de l’Avalanche à revenir à son ancien domicile. Le bon vieux Lars Eller sera lui aussi de retour, mais ce ne sera évidemment pas une première pour lui, qui est parti à l’été 2016.

En début de saison, il aurait été dur de croire qu’Eller allait être échangé à titre de joueur de location. Avec leur noyau de joueurs dans la trentaine, les Capitals pensaient au présent et non pas à l’avenir.

PHOTO DAVID ZALUBOWSKI, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Lars Eller

« Quand tu es en dernière année de contrat, tu sais que c’est toujours une possibilité. Mais quand on a connu notre séquence de six défaites de suite [en février] et qu’ils ont échangé Dmitry Orlov et Garnet Hathaway, ça devenait une possibilité très réelle. »

Le Danois est toutefois bien tombé en passant à l’Avalanche, une équipe qui pourrait faire un bout de chemin ce printemps si tous ses éléments demeurent en santé. À Denver, il est de retour dans son rôle de troisième centre, rôle qu’il occupait aussi chez les Capitals quand ils ont gagné le gros trophée en 2018.

« Il nous manquait de centres gauches, de joueurs capables de jouer en désavantage numérique, capables de contrer les meilleurs éléments adverses, a énuméré Bednar. Il a un bon gabarit, il est fort sur la rondelle. C’est un couteau suisse, il peut aider des joueurs talentueux ou au sein d’un trio défensif. »