La LHJMQ s’active actuellement afin de donner un tour de vis supplémentaire contre les bagarres au hockey. Les modalités exactes ne sont pas encore définies, nous y reviendrons. Mais l’idée même que des joueurs d’âge mineur jouent dans un environnement où les combats sont possibles n’est évidemment pas acceptée de tous.

Dans la NCAA, par exemple, une bataille vient avec une expulsion et une suspension automatiques. Le défenseur du Canadien Mike Matheson a joué trois ans à Boston College. « Il n’y a pas de bagarres dans la NCAA. Je n’en ai jamais vu dans mes matchs et même si ça en arrivait là, ça serait sûrement brisé avant que ça aille plus loin », se rappelle-t-il, interrogé après l’entraînement matinal du Canadien, en vue du duel contre les Hurricanes de la Caroline.

Johnathan Kovacevic, lui, a passé trois saisons à Merrimack College, également dans le réseau collégial américain. Le défenseur a certes jeté les gants dimanche, mais c’était son premier combat dans la LNH, à son 62match. Il devait d’ailleurs simplement répondre à Alec Martinez, venu appliquer le fameux « code » après que Kovacevic eut distribué une percutante, mais légale, mise en échec.

Bref, Kovacevic n’a pas l’habitude des bagarres. « Environ une fois par saison », précise-t-il. Mais pas au collège. Il a d’ailleurs avoué ne pas connaître les sanctions contre les batailles dans la NCAA. C’est bien la preuve qu’elles y sont marginales.

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Johnathan Kovacevic (26)

« Ça jouait dur, mais les gars ne se promenaient pas comme des idiots non plus. Car c’est l’argument qu’on entend souvent, que les batailles découragent les joueurs d’agir comme des idiots et de chercher à donner des coups vicieux. Ce n’était pas si mal dans la NCAA. »

Lorsqu’informé que la LHJMQ entendait punir plus sévèrement les bagarres, Kovacevic s’est réjoui.

« Si t’as 16 ans, tu ne devrais pas te battre, martèle-t-il. Quand on y pense, il y a des gens de 50 ans dans les gradins qui crient à des ados de 16 ans, qui vont encore à l’école secondaire : “Allez, sacre-lui une volée !” C’est un peu dépassé. »

Issue incertaine

Au moment où ces lignes étaient écrites, les nouvelles sanctions pour les joueurs qui en viendront aux coups dans la LHJMQ n’étaient pas encore déterminées.

Le Journal de Québec avançait lundi que l’Assemblée des membres de la LHJMQ a voté pour une règle selon laquelle une bagarre entraînerait une expulsion automatique. À la LHJMQ, on confirme qu’on étudie actuellement un resserrement des mesures, mais que rien n’a été adopté. L’idée d’ajouter un match de suspension, comme dans la NCAA, sera-t-elle aussi adoptée ? Impossible de le savoir pour l’heure, mais ce serait toujours l’objet de négociations, nous dit-on.

L’idée viendrait essentiellement contribuer à une tendance déjà en forte baisse. Selon les données fournies par la LHJMQ, on répertorie 0,14 combat par match cette saison. C’est en hausse par rapport aux chiffres des deux saisons précédentes (0,07), mais la tendance demeure en forte baisse à long terme, par rapport au taux de 0,66 il y a 10 ans, et de 0,30 cinq ans plus tard, en 2018-2019.

« À ma première année, il y avait plus de combats, mais à partir de ma deuxième année, ça a diminué, on en avait peut-être 10 par année à Rouyn, se souvient Rafaël Harvey-Pinard. Je suis allé voir quelques matchs des Saguenéens cette année et ça n’arrive plus vraiment. Le hockey a changé et va plus vers la vitesse, les habiletés. »

Rappelons qu’en pleine pandémie, en 2020, la ligue avait imposé une réglementation plus stricte, faisant passer de 5 à 15 minutes la durée d’une pénalité pour s’être battu. C’était le résultat d’une négociation entre la ligue et la ministre responsable des Sports, Isabelle Charest.

Différent chez les pros

Comme Kovacevic, Matheson est mal à l’aise avec la possibilité de se battre dans des ligues où des ados peuvent affronter de jeunes adultes.

« J’ai vécu les bagarres dans l’USHL, se souvient le Montréalais. Tu espérais qu’il y ait un code d’honneur, pour qu’on ne se retrouve pas dans une situation où un joueur de 21 ans tabasse un jeune de 16 ans. »

Idem pour Harvey-Pinard. « Il y a des joueurs de 16 ans qui ne sont pas matures physiquement, contre des 20 ans, donc de ce côté-là, ça peut être inégal ou dangereux », rappelle-t-il.

N’empêche que Matheson ne prônerait pas nécessairement des sanctions aussi sévères dans la LNH.

« Ça a son importance dans la LNH, pour que les gars ne pensent pas que tout est permis, qu’ils sachent qu’il y aura un prix à payer, croit le numéro 8 du Canadien. Il y a un aspect protection, aussi étrange que cela puisse paraître. Mais dans le junior, il y a des joueurs de 16, 17 ans. C’est différent des joueurs de 25, 30 ans qui s’affrontent dans le pro. Je vois les deux côtés. »

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Mike Matheson (8)

Kovacevic rappelle quant à lui la situation un brin étrange que vivent des joueurs qui passent de ligues où les bagarres sont absentes, à la LNH, où ces combats valent une pénalité de cinq minutes, ce qui n’est visiblement pas suffisant pour les enrayer.

« Quand j’étais à l’université, je n’étais pas là à me dire que ça prenait des bagarres dans la NCAA, mais une fois dans le pro, des fois, je me disais que ça aurait été bien qu’il y en ait eu, afin d’être prêt. Mais en même temps, un jeune de 16 ans ne devrait tout simplement pas se battre. »

En bref

Jake Allen devrait défendre le filet du Canadien contre les Hurricanes. C’est du moins lui qui a fait les exercices du gardien partant à l’entraînement. Il s’agirait d’un quatrième départ dans les cinq derniers matchs pour le Néo-Brunswickois.

Chris Wideman reviendra au jeu, après une absence de trois semaines. Le défenseur a confirmé que c’est une blessure qu’il traînait depuis quelques mois qui l’a mené à l’inactivité. Il prendra la place de Frédéric Allard, cédé au Rocket de Laval lundi.