Chaque année, au camp d’évaluation de la LNH en vue du repêchage, des histoires hors de l’ordinaire font jaser. Lane Hutson faisait partie de ces cas en 2022.

Le défenseur, finalement réclamé par le Canadien en fin de deuxième tour, s’était présenté aux équipes avec des rapports médicaux statuant que sa croissance n’était pas terminée. Il mesurait alors 5 pi 8 po, mesure confirmée en juillet au camp de développement.

« Mes parents trouvaient que c’était une bonne idée. C’est facile de me regarder et de tenir pour acquis que je devrais grandir. Mais on se disait qu’en l’ayant dans un dossier médical, ça aiderait », a raconté Hutson, mercredi, en visioconférence avec La Presse.

Si les chiffres fournis par Boston University sont valides, Hutson ne mentait pas. Sept mois plus tard, l’athlète de 18 ans (19 la semaine prochaine) est répertorié à 5 pi 10 po. Les plus jovialistes se demanderont s’il peut continuer ainsi et mesurer 7 pi dans trois ans, mais cette hypothèse n’a pas été testée par la science.

« Le rapport prévoyait que j’allais atteindre 5 pi 10 po ou 5 pi 11 po, précise-t-il. J’espère continuer à grandir, mais sinon, ça ne m’inquiète pas, car une fois sur la glace, tout le monde a la même taille. »

Les deux pouces peuvent paraître anodins, mais la différence dans son cas est nettement plus importante que pour un défenseur de 6 pi 1 po qui passerait à 6 pi 3 po. Cette saison dans la LNH, les plus petits arrières mesurent 5 pi 9 po, un groupe de sept joueurs parmi lesquels on retrouve Torey Krug (Blues de St. Louis) et Jared Spurgeon (Wild du Minnesota). Onze autres défenseurs font quant à eux 5 pi 10 po.

Des points et des minutes

Quoi qu’il en soit, Hutson pèse 155 lb. Ce n’est donc pas avec ses épaules qu’il laissera sa marque dans le hockey.

Il attire plutôt l’attention avec une production offensive hors du commun cette saison. Avec 36 points en 26 matchs, il est le défenseur le plus productif des rangs universitaires américains, devant Luke Hughes (32 points en 28 matchs), repêché au quatrième rang en 2021 par les Devils du New Jersey.

Avec sept matchs de saison à disputer, Hutson est en voie de connaître la campagne la plus fructueuse d’un défenseur de première année dans l’histoire récente de la NCAA, selon les données du site spécialisé College Hockey News.

L’autre chiffre impressionnant, ce sont les minutes sur la patinoire. Cette donnée n’est pas colligée par la NCAA, mais La Presse a profité de son passage aux demi-finales du Beanpot, lundi, pour mesurer le temps d’utilisation de Hutson dans le duel contre Northeastern. Résultat : 27 min 17 s, près de la moitié du match, qui s’est conclu par une défaite de 3-1 des Terriers de Boston University.

« Ça me semble juste, estime l’Américain. C’est généralement autour de ça, c’était peut-être un peu plus cette fois-là. »

Précisons que les Terriers se sont retrouvés en retard 0-2 en début de deuxième période, ce qui les a forcés à jouer du hockey de rattrapage. Avec son aisance à maîtriser la rondelle en haut de territoire offensif, ses talents étaient sollicités.

De plus, Boston University a seulement écopé de deux pénalités, et Hutson est rarement employé en infériorité numérique. Bref, les conditions étaient réunies pour une soirée occupée.

Même si les points et les minutes sont déjà au rendez-vous, Hutson a du travail à accomplir pour se préparer en vue des rangs professionnels. « Il s’agit de développer mon jeu dans tous les aspects. Devenir plus gros, plus fort, plus rapide », dit-il, restant évasif.

Le jeu défensif fait évidemment partie des priorités. Lundi, Hutson et son partenaire, Case McCarthy, ont laissé filer Jakov Novak à l’embouchure du filet, ce qui a coûté un but aux Terriers.

Ses inspirations pour le jeu défensif ? « Adam Fox et Cale Makar se défendent super bien même s’ils sont très offensifs. Torey Krug est très bon pour se défendre avec ses pieds et son bâton, il est super compétitif et peut sortir la rondelle efficacement. Sinon, j’aime regarder Matt Grzelcyk, parce qu’il est très fluide et en contrôle dans son territoire, en plus d’avoir de bons instincts offensifs. »

Hutson déballe la réponse habituelle quand on lui demande combien de temps il se voit sur les bancs d’école : « Je me concentre sur cette année. »

En attendant, le directeur du développement des joueurs, Rob Ramage, assure un lien régulier entre l’espoir et le Canadien. Hutson nomme aussi Nick Bobrov (codirecteur du recrutement amateur) et Adam Nicholas (directeur du développement hockey) comme points de contact.

Et le directeur général Kent Hughes l’a rencontré après le match de lundi au TD Garden.

« Il est vraiment jeune, c’est un 2004, rappelle Hughes, rencontré lundi. Le sens du jeu, les habiletés, il les a déjà. Il est en train de connaître une des meilleures saisons offensives d’un défenseur depuis longtemps. Il doit juste progresser physiquement et montrer qu’il est prêt à jouer contre des hommes de la Ligue nationale. Quand on va voir ça, on va vouloir qu’il joue chez les pros. »