(Boston) Jayden Struble aura-t-il autant de chance que Jordan Harris ? La situation sera intéressante à suivre dans les prochaines semaines.

Les parallèles entre Harris et Struble sautent aux yeux. Harris est un défenseur gaucher, repêché par le Canadien au 3tour en 2018, qui a joué quatre ans à l’Université Northeastern avant de se joindre au Canadien. Struble est aussi un défenseur gaucher, aussi repêché par le Canadien, mais au 2tour en 2019, qui dispute présentement sa quatrième année à Northeastern.

On fait le lien entre les deux parce que Struble se retrouve actuellement dans la même situation que Harris il y a un an ; le mois prochain, il devra se décider. Il pourrait soit signer un contrat de deux ans avec le Canadien, soit attendre en août, afin que le Tricolore perde ses droits sur lui, et devenir joueur autonome. Ajoutons la solution intermédiaire, soit que le CH l’échange à une autre organisation.

Cette saison, Harris est un membre permanent de la défense montréalaise. La « chance » qu’il a eue, c’est que les vétérans Mike Matheson et Joel Edmundson ont été blessés à tour de rôle, tout comme la recrue Kaiden Guhle. Sans ces blessures, Harris aurait sans doute été poussé vers Laval, mais la porte s’est ouverte et il s’est suffisamment bien débrouillé pour faire sa place.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Jordan Harris

S’il souhaite faire le saut directement dans la LNH, du moins à Montréal, Struble aura donc besoin d’un concours de circonstances aussi favorable, si on se fie aux propos de Kent Hughes, rencontré lundi à Boston pendant le traditionnel tournoi du Beanpot.

« Quand il va devenir pro, Jayden va avoir besoin de temps dans la Ligue américaine, je lui en ai déjà parlé, a affirmé Hughes, en entrevue dans les gradins du TD Garden. Mais il y a tellement de choses qui changent d’une année à l’autre. Quand je suis arrivé à Montréal, on avait Ben Chiarot, Joel Edmundson et Jeff Petry. »

Hughes a rapidement échangé Chiarot. Edmundson a raté 12 matchs cette saison, dont les deux derniers avant le match des Étoiles. S’il était en santé, il serait assurément au cœur des rumeurs de transactions. Petry, lui, a été échangé contre un autre défenseur, Mike Matheson, mais ce dernier a déjà raté 34 matchs en raison de blessures.

Hughes aurait pu ajouter Alexander Romanov, qu’il a échangé aux Islanders de New York. Bref, les choses changent vite, et c’est essentiellement son message à Struble.

« Quand je vois une organisation qui a beaucoup de profondeur dans la Ligue américaine et dans la Ligue nationale, là, je me dis que le joueur aurait une meilleure chance ailleurs. Mais on n’est pas rendus là à Montréal », poursuit le DG.

En terrain connu

Le principal intéressé, en bon joueur universitaire, refuse de se mouiller sur son avenir, rappelant que son but premier est d’aider Northeastern à gagner de la ferblanterie.

Il évoque le « calendrier très chargé » pour expliquer pourquoi il ne s’est pas penché sur son avenir. Struble demeure aussi vague lorsqu’on lui rapporte les propos de Hughes, au sujet de la Ligue américaine. « Honnêtement, je n’ai pas vraiment eu de discussions précises, mais je sais que je dois être dur et que je dois défendre rapidement », admet-il.

Struble ne se défile toutefois pas lorsqu’il est question de son lien étroit avec Hughes. Avant d’être directeur général du Canadien, Hughes était le « conseiller » de Struble, le terme pudique employé au hockey universitaire pour désigner un agent. Et avant cela, Struble a connu Hughes dans les cercles de hockey de Boston.

Après son match de lundi, Struble a croisé Hughes, dont les deux fils jouent aussi à Northeastern. « Je les ai salués, lui et Deena, sa femme. Dans des moments comme ça, il est d’abord et avant tout le père et l’ami. C’était un échange assez amical. »

C’est particulier comme situation ! J’ai vécu chez lui pendant le confinement, donc je suis proche de la famille.

Jayden Struble

Bref, il sera en terrain connu s’il signe un contrat avec le Canadien. « Avec Kent comme DG, Adam Nicholas [directeur du développement hockey du CH] et des gars d’ici, c’est très attrayant. Je vais finir la saison et je verrai ensuite. Mais ça doit aussi bien cadrer », prévient-il.

Struble est un défenseur peu porté vers l’attaque, auteur de 9 points en 23 matchs cette saison. Depuis son repêchage, il est réputé pour ses capacités athlétiques et pour sa robustesse. Ses coéquipiers le tiennent d’ailleurs en haute estime.

« Les autres joueurs ont peur de lui et j’aurais peur si je l’affrontais », martèle Jack Hughes, un des fils de Kent Hughes.

« Le joueur le plus intimidant du collège, affirme le Montréalais Justin Hryckowian. Dès qu’il est sur la glace, tout le monde doit savoir qu’il est là, parce qu’il peut frapper fort. C’est le meilleur coéquipier possible, parce qu’il va te défendre à tout moment. »

On saura dans quelques semaines quel chandail porteront les coéquipiers qu’il défendra.