Mike Keane est de passage en ville, et la première chose qu’il a pu remarquer, c’est qu’il y a des choses qui ne changent pas.

« J’étais l’autre jour avec Kelly Buchberger [entraîneur adjoint du Rocket], et il me faisait faire le tour de leur aréna à Laval… Le vestiaire, la couleur des bancs, tout ça m’a fait penser au vieux Forum ! »

Le vieux Forum, jadis domicile du Canadien, n’est plus, mais dans la tête de Keane, qui a porté le maillot tricolore pendant huit saisons, il existe encore un peu. Car c’est ici que Keane a vécu des moments marquants, pour différentes raisons.

En premier, l’attaquant avait été élu capitaine du club en avril 1995, une décision qui avait provoqué un tollé, entre autres parce qu’à l’époque, le principal intéressé avait déclaré qu’il n’était pas nécessaire de parler français pour vivre à Montréal…

« Ça avait donné une petite tempête, et tout ça est très bien documenté ! répond-il en riant. Mais j’avais commencé à suivre des cours de français au moment de devenir capitaine… et puis, j’ai été échangé avec Patrick [Roy]. »

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Mike Keane en 1995

Ça, c’est l’autre moment marquant de sa carrière ici, qui, ironiquement, est en fait un départ. Parce que Keane avait fait partie de la très immense transaction Patrick Roy, en décembre 1995, et il avait eu à prendre le chemin du Colorado en compagnie du célèbre gardien.

« C’est arrivé si rapidement et cette décision du club a été prise sur un coup de tête… ils ont échangé comme ça un gardien qui allait devenir un membre du Temple de la renommée plus tard. Mais au moins, j’ai été content de pouvoir être échangé avec lui !

« Bien sûr que j’ai été surpris d’être inclus dans cet échange. Dans une carrière de joueur de hockey, la première transaction que l’on subit est toujours la plus difficile, parce qu’on s’imagine rester à la même place pendant longtemps. Montréal, c’était la seule ville où je voulais jouer… alors ce fut dur à accepter. Ce ne fut pas plaisant du tout. »

Cinq saisons dans la Ligue américaine

Le bout qui est encore plus particulier, si ça se trouve, c’est la suite. Car Keane, après des détours au Colorado, à New York avec les Rangers, à Dallas, à St. Louis et, enfin, à Vancouver, s’est retrouvé à conclure sa carrière… dans la Ligue américaine, avec le Moose du Manitoba.

Et pas seulement pour un match ou deux ; non, Mike Keane a plutôt disputé cinq saisons avec le Moose avant de prendre sa retraite.

« Je suis retourné chez moi au Manitoba [en 2005], et il faut se rappeler qu’il y avait eu un lock-out juste avant dans la LNH. Ça avait poussé plusieurs joueurs à la retraite. Moi, je voulais encore jouer. C’est un jeu fabuleux, le hockey, et je voulais continuer. »

Bob Gainey me l’avait dit une fois : le hockey, quand c’est fini, c’est vraiment fini. Et je ne voulais pas que ça finisse…

Mike Keane

« Mais ce fut une décision facile, parce qu’à ce moment, le Moose était géré comme les Jets de Winnipeg plus tard. C’était tout aussi professionnel, et on nous traitait comme des joueurs de la LNH. »

La seule différence, admet-il, se trouvait du côté des chèques de paie, plus modestes que ceux qu’il voyait passer chez les pros. « Je ne touchais même pas un salaire dans les six chiffres avec le Moose », admet-il.

Mais cette sortie de cinq ans dans les rangs mineurs, Mike Keane l’a adorée, parce qu’il voulait seulement jouer au hockey. C’est peut-être cette grande passion qui a poussé les dirigeants de la LAH à le nommer capitaine honoraire du match des Étoiles de la ligue cette année, présenté à Laval, en compagnie d’Yvon Lambert, lui aussi capitaine honoraire.

« Il n’y a personne qui retourne jouer dans cette ligue pour l’argent, surtout pas en fin de carrière comme je l’ai fait, ajoute-t-il. Mais je ne désirais pas aller là en attendant l’appel d’un club de la LNH. Ce n’était pas mon but. Je voulais juste jouer au hockey, et c’est ce que j’ai fait. »

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    Nombre de matchs disputés par Mike Keane dans la LNH
    SOURCE : LNH