« Si tu avais une chance, une occasion, de mettre la main sur tout ce que tu veux, la saisirais-tu ou la laisserais-tu te filer entre les doigts ? »

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C’est le rappeur Eminem – l’équivalent américain de KC LMNOP – qui récite ces paroles, en anglais bien sûr, en ouverture de son tube Lose Yourself. Visiblement, au sein du Canadien de 2022-2023, il y a des joueurs dans les deux catégories.

Mardi, Rafaël Harvey-Pinard a décidé qu’il ferait partie de la première catégorie, de ceux qui saisissent leur chance. Si le Tricolore a tenu le coup jusqu’à la 59e minute dans cette défaite de 5-4 aux mains des Sénateurs d’Ottawa, c’est notamment parce que le fougueux numéro 49 a saisi sa chance.

En deuxième période, voyant son équipe embourbée, Martin St-Louis a remanié ses trios. Harvey-Pinard en est ressorti gagnant, promu aux côtés des vétérans Nick Suzuki et Josh Anderson. Le Québécois a eu droit à une dizaine de présences avec les deux Ontariens ; il a marqué pendant deux d’entre elles.

La promotion en soi était une marque de confiance pour Harvey-Pinard ; ce qu’il en a fait est tout à son honneur.

« C’est un beau message. Je le répète, mais c’est une belle occasion. C’est dans ces situations que je dois performer et montrer que je peux jouer avec des joueurs de talent », a noté l’auteur du doublé, après la rencontre. Côté énergie, ça donne une tape dans le dos pour que je continue à jouer comme je le fais en ce moment. »

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Rafaël Harvey-Pinard

St-Louis, lui, apprend encore à le connaître. Mardi, il le dirigeait seulement pour une huitième fois en saison. « C’est un gars que tu remarques sur la glace. Ses détails sont excellents. De ce que j’ai vu, il a plus d’attaque en lui », a résumé St-Louis.

Plus tard dans son point de presse, l’entraîneur-chef ajoutera : « Une chance de se faire valoir, ce n’est pas donné. Tu dois la mériter, et c’est ce qu’il fait. »

St-Louis n’a pas nommé de nom, mais il est difficile de ne pas penser à Jesse Ylönen lorsqu’on l’écoute. L’ailier finlandais a lui aussi eu droit à cette audition, et c’était la version du trio d’il y a deux semaines, celle où on retrouvait encore Cole Caufield, encore plus doué qu’Anderson pour la chose offensive.

Mais Ylönen n’a pas saisi sa chance. Après deux matchs, il était rétrogradé au sein de la deuxième unité, et sa dégringolade dans la hiérarchie s’est poursuivie de façon brutale mardi. Il a été limité à 10 minutes de jeu et cédé au Rocket de Laval après la rencontre. Reste à voir si c’est une mesure temporaire pendant la pause, mais si les vétérans Jonathan Drouin et Joel Armia sont prêts à revenir dans 10 jours, Ylönen pourrait rester coincé à Laval.

Un autre type de chance

Arber Xhekaj a lui aussi dû en saisir, des chances. Jamais repêché, joueur marginal à 18 ans, au moment où il aurait justement dû être sélectionné, il a trimé dur pour se faire remarquer et décrocher un contrat avec Montréal.

Son jeu n’est certes pas dénué d’erreurs, mais il a fait assez de bonnes choses jusqu’ici pour convaincre ses patrons de le garder dans la LNH, quitte à lui faire sauter un tour de temps en temps.

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Arber Xhekaj et Alex DeBrincat

Mardi aurait pu être une de ces soirées quand on se rappelle qu’il avait conclu la rencontre de samedi avec un différentiel de - 4. Il y avait toutefois des circonstances atténuantes, que l’entraîneur a expliquées à son joueur.

« On s’est un peu parlé. Il m’a rappelé que ce chiffre importe peu si tu joues bien. Parfois, tu es simplement malchanceux, a expliqué Xhekaj. Dans ce match, je ne pouvais pas faire grand-chose sur certains buts. Mentalement, c’était dur, mais je n’ai jamais lâché. J’ai eu un bon match, mais sur papier, ça ne paraissait pas. »

À son point de presse d’avant-match, mardi, St-Louis avait défendu Xhekaj, et il a été conséquent le soir venu en confrontant le colosse et son partenaire, David Savard, au trio du dangereux Brady Tkachuk.

Pendant les quelque 10 minutes que Xhekaj et Tkachuk ont été confrontés à 5 contre 5, ça s’est terminé 1-1 aux buts marqués, et Xhekaj n’a pas paru intimidé par la robustesse du capitaine des Sénateurs, qui n’a pas hésité à se servir de ses épaules.

Xhekaj n’a tout de même pas été parfait. Sur le premier but du match, il aurait pu être plus autoritaire envers Claude Giroux devant le filet. Sur le but gagnant, il a été déporté, ce qui a donné de l’espace à Tim Stützle en entrée de zone. Mais St-Louis entend bien demeurer patient avec le numéro 72.

« Il a une présence sur la glace. Il n’est pas parfait, mais il amène toujours quelque chose. Je n’hésite pas à l’envoyer dans ces situations-là, contre de gros bonshommes. C’est un gars qui amène sa pelle et qui joue un rôle dans notre équipe. »

C’est là une autre façon de saisir sa chance. À voir l’état des forces chez le Canadien, il y en aura à la tonne, de ces occasions. Ceux qui en profiteront gagneront des points en vue de l’an prochain.

En hausse

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Nick Suzuki

 Nick Suzuki

Au ralenti depuis quelques semaines, le capitaine du Canadien a rebondi avec deux aides et une forte soirée aux mises en jeu (68 %). Le genre de performance qu’il livrait l’automne dernier.

En baisse

Christian Dvorak

Un 19e match de suite sans but. Le capharnaüm à l’infirmerie aurait pourtant pu lui valoir plus d’occasions. S’il joue bel et bien en dépit d’une blessure, la pause arrive à point pour lui.

Le chiffre du match 

56,5 %

C’est le taux de succès du Canadien en désavantage numérique depuis le 16 janvier, soit depuis le retour de l’escapade de deux matchs à New York. L’équipe a accordé 10 buts en 23 occasions. Là aussi, la pause arrive à temps.

Dans le détail

Une première pour Hoffman cette saison

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Mike Hoffman (68)

Avec toutes les occasions qu’il a pu obtenir cette saison en avantage numérique, il fallait bien un jour que Mike Hoffman réussisse à marquer dans ces circonstances. Eh bien, le grand évènement a enfin eu lieu en ce mardi soir au Centre Bell, lors de la deuxième période, quand l’attaquant a enfin pu réussir un but avec l’avantage d’un homme. En tout, il s’agissait de son 9e but de la saison, son premier depuis le 17 janvier. « Ce n’est pas un si grand soulagement que de marquer en avantage numérique une première fois cette saison, parce que je sais que je suis capable de le faire, a expliqué Hoffman après la rencontre dans le vestiaire du Centre Bell. Je sais que je suis capable de trouver le fond du filet dans ces circonstances et depuis cette position sur la glace également. Je me disais que ce n’était qu’une question de temps avant que je réussisse un premier but cette saison en avantage numérique, et c’est arrivé. »

Une autre défaite avant la pause

Avec cette défaite, cette autre défaite, le Canadien prend la pause des Étoiles et l’autre pause aussi (celle du « bye week »), avec quatre défaites de suite, pour une fiche de 0-3-1. Pour une équipe qui aspire à de grandes choses, ce ne serait sans doute pas idéal, mais pour le Canadien, c’est une pause qui tombe à point ; aux abords du vestiaire en fin de soirée, on a croisé deux joueurs, Kaiden Guhle et Juraj Slafkovsky, avec des attelles au genou, et un autre, Brendan Gallagher, qui avançait péniblement avec une botte protectrice attachée à un pied. « La pause arrive à un bon moment, avec les blessés qu’on a en ce moment, a admis l’entraîneur Martin St-Louis. La Ligue nationale, c’est une ligue qui est exigeante, autant mentalement que physiquement. Je sais qu’on n’a pas obtenu les résultats qu’on voulait, mais on travaille, et on essaie de trouver des solutions. »

Deux joueurs qui repartent pour Laval

Chez le Canadien, on s’attend à des retours au jeu de quelques blessés lorsque le club reprendra l’entraînement, le 9 février, en vue du match suivant, prévu pour le 11 février au Centre Bell. Pour faire un peu de place, le Canadien a donc choisi de retourner deux joueurs au Rocket de Laval mardi en fin de soirée, soit les attaquants Jesse Ylönen et Alex Belzile, qui devront patiner sous peu sur les glaces de la Ligue américaine. Pour l’heure, donc, le défenseur Justin Barron reste avec le Canadien, et ne sera donc pas admissible à participer au match des Étoiles de la Ligue américaine lors de la fin de semaine à Laval. Ylönen aura récolté 2 aides en 10 rencontres lors de son passage avec le Canadien, alors que Belzile s’est fait remarquer avec 4 aides en 5 matchs. Il semblait d’ailleurs plutôt déçu au moment de ranger son équipement en fin de soirée.

Richard Labbé, La Presse

Ils ont dit

Ce que je retiens, c’est qu’on a travaillé très fort. Notre première période n’a pas été très bonne, mais on a bien joué lors des deux suivantes. On sait qu’il faut venir pour travailler chaque jour, et les plus jeunes qui sont ici le savent aussi, et ils profitent de cette occasion, dont Rafaël Harvey-Pinard.

Nick Suzuki

Peu importe qui a marqué, c’était frustrant. C’est juste plate de perdre la série aller-retour contre eux.

Arber Xhekaj

On l’a vu sur mon but, il aurait pu tirer, mais il a attendu, il a été patient. Son sens du jeu est incroyable et c’est le fun de jouer avec un joueur comme lui.

Rafaël Harvey-Pinard, au sujet de Nick Suzuki

Je sens que je jouais assez bien, même si ça ne rentrait pas. Il fallait aller au but, on a sauté sur une rondelle libre et [Kirby] Dach a marqué. Ce genre de bond fait du bien.

Nick Suzuki

Propos recueillis par Guillaume Lefrançois et Richard Labbé, La Presse