Plusieurs fans du Canadien ont trouvé une certaine (mais mince) consolation le week-end dernier dans la perte de Cole Caufield : l’équipe coulera encore davantage au classement et se rapprochera du dernier rang et de la chance de repêcher Connor Bedard.

Ces partisans risquent d’être déçus. Non seulement le Canadien a remporté un autre match samedi, mais aussi il détenait déjà une avance importante sur les cancres de la LNH. Les quatre pires équipes, Columbus, Anaheim, Chicago et l’Arizona, étaient à 10 points ou plus du Canadien en date du 23 janvier.

Si le repêchage avait eu lieu lundi matin, le Canadien repêcherait au septième rang avec son propre choix et au treizième rang avec celui des Panthers de la Floride.

Peu importe, la direction n’a pas mis fin à la saison de son prolifique marqueur pour couler au classement. La décision a été prise de concert avec le clan Caufield. L’espoir de participer aux séries éliminatoires est nul, et on souhaite voir ses meilleurs jeunes éléments, non seulement Caufield, mais aussi Juraj Slafkovsky, retrouver pleinement la santé à temps pour le prochain camp d’entraînement. Sage décision.

Les jeunes déjà à Montréal

Même si ces joyaux passeront le reste de la saison à l’infirmerie, il restera des éléments d’intérêt à suivre au cours des prochains mois.

On a parfois encore le réflexe de qualifier les deux premiers centres, Nick Suzuki et Kirby Dach, de vétérans, mais ils demeurent des jeunes de 23 ans ou moins en développement. Suzuki a joué plus de 25 minutes contre les Maple Leafs de Toronto samedi, Dach, presque 23 minutes. C’est énorme pour des attaquants.

Devant le filet, Samuel Montembeault, 26 ans, étonne. Il venait lundi matin au 15e rang des gardiens au chapitre du taux d’arrêts (,911) parmi ceux qui ont disputé au moins 20 matchs. Sa fiche s’établit à 10-8-2, comparativement à 10-16-1 pour Jake Allen. Deviendra-t-il contre toute attente le gardien numéro un recherché ?

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Samuel Montembeault

En défense, le Canadien compte toujours quatre recrues dans sa formation malgré la perte de Kaiden Guhle. Justin Barron, 21 ans, arrive transformé de Laval. Martin St-Louis n’a pas remercié Jean-François Houle et ses adjoints par hasard.

Les blessures permettront à Jesse Ylönen, 23 ans, de prouver à la direction s’il peut jouer sur l’un des trois premiers trios. Ça n’est pas entièrement convaincant, mais Ylönen nous montre des flashs intéressants, notamment son calme avec la rondelle et son tir, surtout en supériorité numérique.

Fraîchement rappelé du Rocket, Rafaël Harvey-Pinard, l’un des marqueurs samedi, veut assurer son poste en prévision de l’an prochain dans un rôle de soutien.

Du renfort de la NCAA et de l’Europe ?

Parmi d’autres dossiers à suivre, celui des contrats d’espoirs des rangs universitaires.

Sean Farrell, 21 ans, un joueur de petite taille comme Caufield, mais hautement talentueux lui aussi, est sans doute le plus proche de Montréal. Il domine outrageusement à Harvard, dans la NCAA, avec 29 points, dont 12 buts, en 19 matchs. On pourrait lui accorder un contrat ce printemps et lui permettre de terminer la saison avec le Canadien. Il serait étonnant qu’on ne le voie pas dans un uniforme tricolore d’ici la fin de la saison.

D’après nos informations, on devrait permettre au défenseur Lane Hutson, 18 ans à peine, de disputer une saison supplémentaire à Boston University même s’il produit de façon extraordinaire avec 27 points en seulement 22 rencontres, un sommet dans la NCAA. Hutson, 5 pi 9 po et 155 lb, arrivera mieux armé pour la LNH avec une année universitaire supplémentaire dans le corps.

Les prochaines semaines nous diront quels sont les plans à l’égard de Luke Tuch, Jayden Struble et du gardien Jakub Dobes. On doit donner un contrat à Struble d’ici la fin de l’été si on ne veut pas perdre ses droits. On tentera sans doute de l’échanger si on ne veut pas lui offrir de contrat.

Du côté de l’Europe, l’ailier Emil Heineman, 21 ans, obtenu dans l’échange de Tyler Toffoli, pourrait rejoindre le Canadien à la fin de sa saison en Suède. Il montre 8 points, dont 4 buts, en 19 matchs à Leksands IF.

Le défenseur Adam Engström, 19 ans, solide au Championnat du monde junior, ne devrait pas traverser l’Atlantique ce printemps, contrairement à Heineman.

La date limite des échanges

Kent Hughes risque d’être occupé d’ici la date limite des transactions, le 3 mars. Les blessures ne l’empêcheront pas d’échanger des vétérans si l’offre est intéressante. Le DG du Canadien semble vraiment fidèle à son plan à long terme. Et Hughes a déjà manifesté publiquement son désir d’amasser un troisième choix de première ronde.

Il faudra revoir rapidement Sean Monahan si on espère toujours recevoir un choix de première ronde pour ses services. Monahan, 28 ans, éventuel joueur autonome sans compensation, avait amassé 17 points en 25 matchs avant de se blesser.

Le défenseur Joel Edmundson est costaud et possède une belle réputation, mais il connaît une saison très difficile, après avoir été ennuyé par des maux de dos au camp d’entraînement. Voyons si un rival pourra mordre, mais il n’a pas les attributs d’un Ben Chiarot l’an dernier, plus efficace défensivement et productif à l’attaque.

Josh Anderson est sous contrat pour quatre autres saisons à 5,5 millions par année et sa vitesse et sa robustesse ne sont pas à dédaigner, mais à 29 ans en mai, et le Canadien encore à quelques années de son apogée, il quittera si l’offre est irrésistible. Il a marqué 14 buts cette saison, en route vers une production de 26 buts.

*Cette chronique fera relâche mardi. De retour mercredi !

Jakob Pelletier tempère…

Darryl Sutter n’est peut-être pas si monstrueux finalement, mais son humour pince-sans-rire peut être parfois difficile à saisir.

Après une réaction méprisante à l’endroit de sa recrue Jakob Pelletier à la suite du match de samedi en point de presse, Sutter a parlé au jeune homme dimanche.

« Je l’ai vu ce matin et il m’a dit que j’avais joué un bon match, que c’était dommage que nos nombreuses punitions m’aient privé de temps de jeu, a confié Pelletier au collègue Kevin Dubé, du Journal de Québec. Il m’a dit qu’il avait aimé ce que j’avais apporté malgré mon temps d’utilisation. »

La veille, Sutter avait été condescendant au possible à l’égard de Pelletier, 21 ans, choix de première ronde des Flames en 2019, dont c’était le premier match en carrière dans la LNH samedi.

Interrogé par les journalistes après la rencontre pour commenter la performance du jeune homme, l’entraîneur Darryl Sutter a été d’une extraordinaire condescendance.

— Quel numéro portait-il encore ?

Puis Sutter a placé ses lunettes sur le bout de son nez et lu la feuille de match.

— Jakob Pelletier, 6 minutes 50 de temps de jeu, un tir, une mise en échec, moyenne de 30 secondes par présence. Il a 21 ans, il lui reste du chemin à faire…

À une époque où la pédagogie et la psychologie prennent de plus en plus de place dans le monde du hockey professionnel, sa méthode ancestrale d’opérer était encore plus frappante ce weekend.

On ne s’étonnera pas de voir si peu de jeunes percer la formation des Flames. La sortie de Sutter a été décriée en Alberta et un peu partout en Amérique du Nord, pas seulement au Québec.

Peut-être Sutter s’est-il senti un peu coupable le lendemain…

À ne pas manquer

1- Samuel Montembeault constitue-t-il le joueur le plus amélioré chez le Canadien cette saison ? L’ancien gardien Martin Biron le croit. Et Richard Labbé lui a parlé.

2- Le quart Joe Burrow, impérial, a permis aux Bengals d’éliminer les Bills de Josh Allen, dimanche. L’analyse de Nicholas Richard.

3- Quels sont les congédiements d’entraîneurs les plus inusités ? Après nos journalistes la semaine dernière, au tour des lecteurs de répondre !