Rafaël Harvey-Pinard et Alex Belzile se suivent depuis trois ans. Les deux sont des éléments importants de l’attaque du Rocket de Laval. Les deux ont été rappelés en même temps en décembre 2021, quand la COVID-19 s’est invitée dans le vestiaire du Canadien. Samedi, les deux ont joué ensemble au sein d’un même trio.

Harvey-Pinard vient d’avoir 24 ans. Belzile, lui, en a 31. Les deux pourraient très bien se tenir avec des gars de leur âge, mais l’amitié entre les deux semble bien forte.

« Rafaël est un gars très mature. Ce ne sont pas tous les gars de cet âge-là qui sont aussi matures. Et on vient d’une région, ça aide peut-être à tisser des liens ! », a soumis Belzile, un rare Bas-Laurentien dans la LNH, après l’entraînement de lundi, à Brossard.

Harvey-Pinard, fier Saguenéen, était bien d’accord. « On parle pas mal de la même façon. Des fois, il me dit un mot que je comprends et les autres gars dans le vestiaire se demandent c’était quoi ce mot-là ! »

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Alex Belzile

Samedi, les deux complices se sont retrouvés dans une situation dure à imaginer il y a à peine un mois. Employés au sein d’un même trio, contre les Maple Leafs de Toronto, un samedi soir au Centre Bell.

L’expérience a mal commencé puisque les Leafs ont marqué un but en fin de première période quand Harvey-Pinard, Belzile et Michael Pezzetta étaient sur la patinoire. Mais ils ont rééquilibré les comptes en période médiane quand Harvey-Pinard a touché la cible, contre le trio d’Auston Matthews, rien de moins !

Confrontations à gérer

Ce but nous a toutefois rappelé une réalité qui attend le Canadien dans les prochaines semaines avec une infirmerie bondée. Martin St-Louis a employé des formations à 11 attaquants et sept défenseurs dans les trois derniers matchs, et cinq fois dans les six derniers. Parmi les 11 avants de la formation de samedi, quatre ont disputé plus de matchs avec le Rocket qu’avec le Canadien cette saison.

St-Louis doit donc donner des mandats costauds à des attaquants qui découvrent encore la LNH. C’était le cas samedi, et ce le sera encore ce mardi, puisque les Bruins de Boston, visiteurs au Centre Bell, emploient maintenant David Pastrnak au sein d’un trio, Patrice Bergeron et Brad Marchand au sein d’un autre.

« J’essaie de faire jouer [Kirby] Dach et [Nick] Suzuki contre les deux premiers trios, a détaillé St-Louis. Mais des fois, tu viens de finir un avantage numérique, ces gars-là sont fatigués et Matthews embarque, donc tu t’éloignes de ton matchup. »

C’est dans ces circonstances que Harvey-Pinard a marqué, samedi. À 12:47 de la deuxième période, la pénalité aux Maple Leafs se termine. Treize secondes plus tard, le jeu s’arrête et la mise en jeu est en zone des Leafs. Sheldon Keefe envoie donc Matthews, et St-Louis, le trio de Belzile.

« En général, à la maison, j’essaie de garder des confrontations, mais des fois, ça te prend un trio pour faire la job pendant qu’on n’est pas capables d’avoir la confrontation. »

On en reparle à Belzile, et il sort une de ses répliques préférées : « Tout le monde a deux bras et deux jambes. » Une façon de dire que même s’il n’a jamais été repêché, qu’il roule sa bosse dans la Ligue américaine depuis des années et qu’il a marqué 283 buts de moins que Matthews, il n’a pas à être intimidé.

« Ça me rappelle les premières fois que je patinais avec Carey Price et Shea Weber, poursuit Belzile. Tu dois penser que t’es à ta place parce que si t’es impressionné, c’est là que t’es sur les talons. À notre première présence contre Matthews, on a marqué et ça nous a donné confiance. »

« Meilleur capitaine »

Tant qu’à obtenir d’aussi grosses responsabilités, Harvey-Pinard est bien heureux que ce soit avec Belzile à ses côtés.

On est habitués à jouer ensemble et ça paraît aussi défensivement. Tu sais que le gars sera là pour te soutenir.

Rafaël Harvey-Pinard

L’automne dernier, Belzile a succédé à Xavier Ouellet à titre de capitaine du Rocket, mais il exerçait déjà son leadership auparavant.

« Quand je suis arrivé à Laval, il m’a intégré au groupe, dit Harvey-Pinard. Il me parlait, me donnait beaucoup de conseils. Ça a continué l’an passé, on parle de tout et de rien, mais quand on parle de hockey, il voit beaucoup de détails que peu de gens voient, qui finissent par faire une différence,

« Ce n’est pas pour rien qu’il est capitaine. Il amène la même énergie tous les jours, il intègre tout le monde. C’est un des meilleurs capitaines que j’ai eus dans ma vie. »