À Montréal, Québec ou Trois-Rivières, les regards se tournaient immanquablement en notre direction lorsque nous débarquions dans les arénas.

Dans mon esprit, on ne nous regardait moins parce que notre équipe était constituée de neuf jeunes joueurs afrodescendants sur treize, mais parce notre réputation nous précédait : nous étions les Princes de Montréal, l’équipe de dix ans à battre non seulement au Québec et au Canada, mais aussi en Amérique du Nord.

C’était à l’époque, il y a six ou sept ans, où le hockey mineur occupait une place prépondérante dans ma vie. C’était aussi l’époque où P.K. Subban était au faîte de sa gloire à Montréal.

J’avais fondé les Princes de Montréal en mars 2012 avec mon vieux pote Georges Pantazis d’abord pour permettre à mes fils et à certains de leurs amis et coéquipiers de se frotter à une compétition plus relevée dans des tournois au printemps, après leur saison régulière dans les rangs civils.

Voyez la célébration des jeunes Princes en 2018

Quelques années plus tard, nous étions passés de quatre à dix-huit équipes, soit presque 300 joueurs, une cinquantaine d’entraîneurs, des spécialistes de gardiens, de patinage de puissance et Guy Carbonneau comme conseiller technique.

Cette année-là, mon aîné était désormais dans le soccer à temps plein et j’avais confié les guides de l’équipe de mon plus jeune à Dom, un super pédagogue. J’étais comme en semi-retraite du coaching.

Notre plus jeune équipe, les 2008, battait de l’aile. Je ne pouvais la laisser s’éteindre. Avec l’aide de Darnelle, notre gérante, et Patrice, le DG, nous avons ratissé Montréal pour y trouver assez de joueurs pour compléter le club.

C’est entre autres à Montréal-Nord, Rivière-des-Prairies et Hochelaga que nous avons déniché l’essentiel de notre talent. Ces garçons étaient nés lors de la dernière saison de P.K. Subban à Belleville, dans les rangs juniors, trois ans après qu’il eut été repêché en deuxième ronde par le Canadien, mais avaient grandi en admirant ses exploits à Montréal.

Nous avons remporté les trois tournois auxquels nous avons participé en 2017. Nous comptions huit afrodescendants, la plupart de descendance haïtienne, mais aussi Vincent, cueilli par sa mère Catherine à six mois au Mali, Nathan, un hybride de Makar et Doughty, d’une famille du West Island, Kingsley, de descendance jamaïcaine, Benjamin, de descendance chinoise, Lucas, de descendance italienne, Joseph, de descendance portugaise, Hayden, de descendance salvadorienne, sans compter quelques jeunes d’origine canadienne-française… et notre gardienne Océanne !

Il n’y avait pas de couleur de peau dans notre vestiaire ou sur la glace. Nous étions une équipe homogène. Une équipe rigoureuse, disciplinée et talentueuse qui s’adonnait à gagner.

D’autres joueurs de talent se sont greffés au groupe l’année suivante. Des joueurs de tous les horizons, mais aussi deux ou trois autres jeunes afrodescendants. Il s’agissait d’adversaires dont les parents voulaient enfin permettre à leur enfant de ne plus se retrouver en minorité au sein de leur club.

Comme l’ont été Claude Vilgrain, premier descendant haïtien à atteindre la LNH en 1987, le célèbre capitaine de l’Impact de Montréal, Patrice Bernier, un défenseur de premier plan chez les Foreurs de Val-d’Or avant de se consacrer à temps plein au foot, Georges Laraque et tant d’autres jeunes afrodescendants.

Les Princes 2008 se sont présentés au Meltdown de Pierrefonds, sans doute le tournoi de printemps le plus prestigieux en Amérique du Nord, fort d’une fiche de 50-5-5 au cours des deux saisons précédentes.

Après une victoire en prolongation aux dépens d’une équipe de Long Island en demi-finale, merci à Léo pour son précieux but, nous avons battu en finale une formation de Toronto invaincue à ses trois dernières saisons.

La victoire ne devrait jamais constituer l’objectif primordial chez de jeunes joueurs. Mais quand on fait les choses de la bonne façon, qu’on respecte nos principes, qu’on évolue pour la plupart de ces joueurs dans un milieu où l’on a toujours été en minorité, la victoire constitue un doux couronnement. Et aussi un outil important pour gagner en confiance et en estime de soi pour la suite.

Ces jeunes ont grandi. Et progressé, comme athlètes et comme jeunes être humains. Avec un peu de chance, cinq ou six devraient atteindre le Midget AAA à leur première année d’admissibilité l’an prochain. Deux autres de leurs coéquipiers, nés un an plus tard, en 2009, devraient les rejoindre en 2024 : James et Zack ont terminé au premier rang des compteurs en Pee Wee AAA Majeur l’an dernier avec respectivement 118 points en 30 matchs et 93 points en 29 rencontres.

Ils regarderont sans doute tous cet hommage à P.K. Subban jeudi soir au Centre Bell. Ce joueur électrisant, mais dont l’apport a transcendé le hockey.

Merci de tout cœur P.K.…

Les Flyers ne perdent plus

John Tortorella semble avoir remis son club sur le bon chemin. Les Flyers ont remporté une deuxième victoire consécutive mercredi et présentent une fiche de 7-3 à leurs dix dernières rencontres. Ils gagnent avec les jeunes Morgan Frost, Owen Tippett, Joel Farabee au sein de leur top six, et Cam York promu au sein de la première paire de défenseurs. Philadelphie est néanmoins à sept points des Penguins de Pittsburgh d’une place en séries éliminatoires, mais s’éloigne de la course à la loterie. Classés désormais 24e au classement général, ils devancent le Canadien, 27e, par six points. Les fans du CH qui rêvent à Connor Bedard ne s’en plaindront pas. Mais n’allez surtout pas le dire à Torts !

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