Le Championnat du monde junior de hockey sur glace 2022 est la 46e édition. Celle-ci se déroulera à Halifax et Moncton, du 26 décembre 2022 au 6 janvier 2023. Les 10 équipes de la Division Élite sont scindées en deux groupes de 5 où elles disputent un tour préliminaire. Voici une analyse de ces deux groupes.

Groupe A

Canada

La formation canadienne compte non seulement sur les deux éventuels premiers choix au repêchage, Connor Bedard et Adam Fantilli, mais elle a aussi reçu un coup de pouce des Coyotes de l’Arizona et du Kraken de Seattle avec les prêts des attaquants Dylan Guenther et Shane Wright. Les Kings de Los Angeles ont fait de même avec le défenseur Brandt Clarke.

Seulement quatre joueurs de la formation n’ont pas 19 ans, dont les surdoués Bedard et Fantilli. Le Canada a de la profondeur pour se permettre de se passer de l’espoir du CH Owen Beck et des choix de première ronde Conor Geekie et Matthew Savoie.

Les Canadiens seront costauds, avec un gabarit moyen de 6 pieds 1 pouce et 190 livres. En défense, seul Olen Zellweger, leur meilleur, mesure moins de 6 pieds 2 pouces.

Leurs gardiens Ben Gaudreau et Thomas Milic en seront à une première expérience au Championnat mondial junior, mais ils ont vécu les Championnats mondiaux des moins de 18 ans.

On doit encore une fois établir le Canada comme favori à l’aube de ce tournoi.

Suède

La Suède aurait aimé compter sur son meilleur défenseur, Simon Edvinsson, mais l’espoir des Red Wings, choisi au 6e rang en 2021, a préféré rester dans la Ligue américaine. L’état de santé de deux membres de leur super trio de jeunes, Noah Östlund et Jonathan Lekkerimäki, n’est pas maximal puisqu’ils ont été inactifs dans les semaines précédant le tournoi.

La Suède aura néanmoins une formation de premier plan. Un seul défenseur, Ludvig Jansson, sera de retour, mais elle compte néanmoins sur quatre des cinq meilleurs pointeurs de 20 ans ou moins dans la première division suédoise (SHL), dont l’espoir du Canadien Adam Engström.

Le talent ne manque pas à l’attaque avec Liam Öhgren pour compléter Östlund et Lekkerimäki, en plus des autres choix de première ronde Fabian Lysell, Filip Bystedt, Isak Rosén et du jeune Leo Carlsson, probable choix parmi les cinq premiers en 2023. La Suède n’a pas gagné l’or en 20 ans à ce tournoi.

Tchéquie

Cette équipe a terminé au quatrième rang du Championnat mondial l’été dernier et compte sur le retour de nombreux joueurs. Elle sera à suivre.

La défense sera menée par le sixième choix en 2022, David Jiricek, déjà dominant dans la Ligue américaine au sein du club-école des Blue Jackets de Columbus, avec lesquels il a même disputé quelques matchs. Le top 4 est complété par Tomas Hamara, Stanislav Svozil et David Spacek, tous repêchés dans la LNH et déjà habitués à ce tournoi.

Le meilleur attaquant domine lui aussi déjà dans la Ligue américaine. Jiri Kulich, choix de fin de première ronde des Sabres, a 16 points en 24 matchs à seulement 18 ans avec les Americans de Rochester. Les autres attaquants n’ont pas sa feuille de route, mais sept de leurs attaquants mesurent au moins 6 pieds 3 pouces et plusieurs d’entre eux sont déjà repêchés. Il faudra aussi avoir à l’œil le jeune Eduard Sale, probable choix dans le top 10 en 2023.

Le gardien Tomas Suchanek connaît le tabac puisqu’il a mené les Tchèques à la quatrième place lors du plus récent tournoi.

Allemagne

Cette équipe a déjà été plus puissante. Mais ses meilleurs jeunes, Tim Stützle, Moritz Seider et Lukas Reichel, sont déjà dans la LNH, ou tout près, et trop vieux pour le tournoi. L’Allemagne a atteint les quarts l’été dernier, mais a perdu plusieurs joueurs depuis. Seulement deux défenseurs ont l’expérience de ce Championnat, Adrian Klein et Nils Elten, mais ils ne sont pas sur les radars de la LNH.

L’attaque est très inexpérimentée également. Seulement deux attaquants ont été repêchés dans la Ligue nationale, Haakon Hanelt, choix de cinquième ronde en 2021 des Capitals, et Julian Lutz, repêché en deuxième ronde par les Coyotes de l’Arizona en 2022, mais dont ce sera la première expérience au Mondial junior.

Les Allemands devront s’en remettre à leur jeu collectif et à leur fougue, mais à moins d’une surprise, ils devraient se contenter d’une seule victoire, contre l’Autriche.

Autriche

Le défi pour cette nation sera d’éviter le massacre contre le Canada, la Suède et la Tchéquie, mais aussi la relégation en prévision de 2024.

L’Autriche est privée de son meilleur joueur, le centre Marco Kasper, huitième choix par Detroit en 2022. On a choisi de le garder en Suède, en SHL, où il a obtenu 14 points en 26 matchs jusqu’ici avec Rögle. Ça semble être une tendance de la part des Red Wings, qui avaient fait la même chose avec Moritz Seider et qui le répètent avec Edvindsson et Kasper.

L’attaque reposera donc sur les frêles épaules du choix de troisième ronde du Canadien en 2022, Vinzenz Rohrer, l’un des meilleurs des 67 d’Ottawa dans la Ligue junior de l’Ontario. Mais il n’est pas très bien entouré. Il faudra néanmoins suivre le jeune Ian Scherzer, un candidat au prochain repêchage qui a obtenu trois points en quatre matchs au Championnat mondial l’été dernier.

David Reinbacher sera le leader en défense. Il a participé au tournoi l’été dernier et joue avec les hommes en Suisse à Kloten, où il a obtenu 14 points en 28 matchs. Il est l’un des quatre défenseurs de retour, ce qui est digne de mention.

Groupe B

États-Unis

Les Américains ont des choses à se faire pardonner. Après avoir présenté un dossier parfait en quatre matchs en ronde préliminaire, ils ont perdu en quarts de finale contre la Tchéquie lors du plus récent tournoi.

Le gardien qui a craqué en quarts, Kaidan Mbereko, est de retour. Il mesure 5 pieds 11 pouces et n’a jamais été repêché, mais il demeure très athlétique. Il devra se montrer à la hauteur dans les moments critiques.

La défense constitue un point fort des Américains, entre autres avec la présence de Luke Hughes, quatrième choix en 2021, mais aussi de l’espoir du CH Lane Hutson, dont le nom est désormais associé aux leaders de l’équipe malgré ses 18 ans.

L’attaque est talentueuse, mais quand même jeune, avec Logan Cooley, Jimmy Snuggerud, Cutter Gauthier et Rutger McGroarty, tous âgés de 18 ans. Les plus vieux ont été cantonnés dans des rôles secondaires.

Il pourrait donc s’agir d’un tournoi de transition pour les Américains, avec les départs de Matt Beniers, Matt Coronato, Matthew Knies, Jake Sanderson et Brock Faber, tous sélectionnés pour le tournoi de décembre 2021.

Finlande

Les Finlandais auront fort à faire pour répéter leur exploit de l’été avec une médaille d’argent. Ils auraient même pu remporter l’or si Mason McTavish n’avait pas arrêté une rondelle au vol à l’orée de son but en prolongation lors de la finale.

Leur meilleur attaquant, Joakim Kemell, a dominé l’été dernier avec 12 points en 7 matchs, et a été repêché au 17e rang de la première ronde par les Predators de Nashville, mais sa production offensive est inférieure à celle de la saison précédente en SM-Liiga cette saison.

Brad Lambert est l’autre Finlandais repêché en première ronde en 2022, au 30e rang par Winnipeg, mais il ne casse rien dans la Ligue américaine. Il devrait néanmoins être en mesure de se signaler contre des jeunes de son âge, même s’il a été relégué sur le banc dans des moments importants l’été dernier par son entraîneur lors du plus récent tournoi. On pourrait même confier le centre du premier trio à l’espoir du Canadien Oliver Kapanen, 19 ans, un choix de deuxième ronde en 2021 qui n’a cependant pas un grand profil offensif.

Le défenseur le plus connu s’appelle Aleksi Heimosalmi, un choix de deuxième ronde des Hurricanes en 2021, plutôt productif en SM-Liiga à Assat pour un jeune homme de 19 ans avec 12 points en 25 matchs.

Il ne faut pas commettre l’erreur de sous-estimer les Finlandais avec leur formation sur papier, car leur jeu collectif et leur hargne font toujours d’eux une nation à suivre.

Suisse

La Suisse se battra avec la Lettonie, l’Allemagne et l’Autriche pour éviter la relégation. Son gardien de l’été dernier, Kevin Pasche, est de retour, mais il n’a pas été transcendant lors du plus récent tournoi et il en arrache cet hiver à Omaha, dans l’USHL.

La star en défense s’appelle Lian Bichsel, choix de première ronde, au 18e rang, en 2022 par les Stars de Dallas, mais le seul autre défenseur repêché par un club de la Ligue nationale, Brian Zanetti, a très peu d’impact cette saison dans la Ligue junior de l’Ontario malgré ses 18 ans.

Il n’y a pas de grand nom à l’attaque, sinon plusieurs joueurs de la LHJMQ, Attilio Biasca, 27 points en 28 matchs à Moncton, son coéquipier Jonas Taibel et Louis Robin, 14 points en 16 matchs à Val-d’Or et à Shawinigan.

La Suisse devra profiter d’une grande performance collective et des prouesses de ses gardiens pour espérer gagner un match ou deux, comme à ses années de vaches maigres.

Slovaquie

Malgré la présence de quelques jeunes joueurs de premier plan, entre autres Simon Nemec et Filip Mesar, il faudra réduire nos attentes envers la Slovaquie, surtout après la défaite écrasante subie contre le Canada en match préparatoire. La présence de Juraj Slafkovsky n’aurait certainement pas fait de tort.

L’équipe demeure très jeune, bourrée de talent, et elle pourrait éventuellement replacer la Slovaquie parmi les belles nations de hockey comme jadis.

Le gardien Matej Marinov, contrairement à son collègue de la Suisse, brille en USHL à Fargo et il a 19 ans. La défense est évidemment dominée par le deuxième choix en 2022, Simon Nemec, mais il est appuyé par Viliam Kmec, 18 ans lui aussi, déjà membre de la première paire lors du Championnat mondial junior l’été dernier. Les deux autres membres du top 4 du plus récent tournoi, David Natny et Maxim Srbak, sont de retour.

Mesar, choix de fin de première ronde, sera le meilleur attaquant, mais il a 18 ans seulement lui aussi. Pour l’appuyer, Servac Petrovsky, Adam Sykora et Adam Zinka ont tous déjà été repêchés par des clubs de la LNH. Le jeune Dalibor Dvorsky, 17 ans, déjà chez les pros en Suède, pourrait constituer un choix dans les 10 premiers de la Ligue nationale en 2023.

Lettonie

Cette petite nation de moins de 2 millions d’habitants connaît de beaux succès depuis l’arrivée de Bob Hartley comme père spirituel de ses formations nationales, mais elle se battra contre des géants pendant les Fêtes. La Lettonie doit sa place dans le groupe mondial à la suspension de la Russie et de la Biélorussie par la Fédération internationale.

Ses gardiens, Patrik Berzins et Deivs Rolovs, jouent dans des circuits de deuxième ordre, même si Berzins doit rejoindre l’Université du Maine l’an prochain.

Ses deux meilleurs défenseurs, Niks Fenenko et Bogdans Hodass, sont dans les rangs juniors canadiens, le premier à Baie-Comeau, le second à Medecine Hat, où ils ne font pas mal. Hodass est un gros défenseur à caractère plus défensif.

L’attaque compte tout de même trois joueurs repêchés dans la LNH, Sandis Vilmanis (Floride), Klavs Veinbergs (Tampa) et Dans Locmelis (Boston), mais aucun n’a été choisi avant la quatrième ronde.

Sans attaquants de premier plan, les Lettons devraient s’en remettre à la fameuse stratégie du rope-a-dope popularisée par Muhammad Ali, c’est-à-dire tenter de résister à la mitraille adverse et espérer compter lors de ses rares occasions…