Sur le plan offensif, ce n’est pas la saison de Jake Evans. Loin de là, même.

Aucun but et quatre maigres mentions d’aide en 25 rencontres. Un différentiel de - 9, le pire de son club. Rien à voir, en somme, avec sa récolte de 13 buts et 29 points en 72 matchs de l’an dernier.

Les temps sont durs, donc, pour celui qui, avant d’accéder à la LNH, avait amassé des points avec régularité aussi bien dans les rangs universitaires que dans la Ligue américaine.

N’en parlez toutefois pas trop fort à ses coéquipiers.

« Personne n’est inquiet de sa production offensive. Honnêtement, je n’y ai même pas pensé. » Jake Allen a spontanément, et avec énergie, défendu le joueur de centre de 26 ans. « Il fait beaucoup plus pour cette équipe que d’apporter de l’attaque », a souligné le gardien, jeudi, après l’entraînement des siens.

La remarque est fort à propos. Evans est, de fait, celui qui hérite de la plus sale des besognes parmi les attaquants du CH. Jetons un coup d’œil sur les catégories statistiques où il se démarque :

  • 1er rang pour le temps de glace en infériorité numérique (75 minutes), loin devant Christian Dvorak (59) ;
  • 1er rang pour le nombre de mises en jeu en infériorité numérique (81), plus du double de Dvorak ;
  • 1er rang pour le nombre de mises en jeu en territoire défensif (177), toutes phases de jeu confondues, soit presque autant que Nick Suzuki et Sean Monahan réunis ;
  • 2rang pour les tirs bloqués (22), où il est devancé uniquement par Dvorak (27).

Cette tâche ingrate a un coût, a encore dit Allen. Cela signifie probablement passer moins de temps sur la glace à forces égales et présenter une production plus modeste. « Il en fait tellement défensivement pour cette équipe, probablement que ça nous aide plus que s’il en donnait davantage offensivement », a conclu le vétéran.

Circonstances

Martin St-Louis, lui, a avancé qu’Evans était probablement victime des « circonstances ». Il n’a pas vraiment précisé sa pensée, alors faisons-le pour lui.

La saison dernière, après les départs de Phillip Danault et de Jesperi Kotkaniemi, compensés en partie par l’arrivée de Christian Dvorak, Jake Evans a hérité de facto du poste de troisième centre. Ses trois compagnons de trio les plus stables, à cinq contre cinq, ont été Rem Pitlick, Artturi Lehkonen et Josh Anderson. Les deux premiers ont connu la meilleure saison offensive de leur carrière. Le troisième, on le sait, n’est pas un manchot.

Cet automne, c’est… autre chose. Juraj Slafkovsky, Michael Pezzetta et Rem Pitlick ont été ses compagnons les plus fréquents. Le premier apprivoise le hockey de la LNH. Le deuxième, aussi combatif soit-il, compose avec un coffre à outils au fond très élevé. Et le troisième confirme, hélas, que son sursaut offensif de 2021-2022 était davantage l’exception que la norme. Pour le plaisir malsain de la chose, on ajoutera que le nom suivant dans la liste est Joel Armia, qui n’a obtenu son premier point que samedi dernier, à son 13match de la saison.

Nouveau rôle

Voilà toutefois que le natif de Toronto pourrait se voir offrir de nouvelles responsabilités offensives à forces égales.

Sean Monahan jouait en dépit d’une blessure à un pied au début du récent voyage dans l’Ouest canadien. Il est retourné au vestiaire avant la fin du match à Vancouver, il a fait l’impasse sur le suivant à Seattle et il ne s’est pas entraîné jeudi. Le Canadien n’a pas offert de mise à jour sur son état. Il n’empêche que si Marcel Béliveau était encore parmi nous, ce n’est pas lui qui serait chargé de nous aviser de l’absence prolongée de Monahan.

Déjà, à Seattle, Evans a amorcé la rencontre entre Slafkovsky et Anderson. À moins que Martin St-Louis décide de démanteler son premier trio et de déplacer Kirby Dach au centre, on peut s’attendre à ce qu’Evans demeure le remplaçant désigné.

PHOTO STEVEN BISIG, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Juraj Slafkovsky

Garçon poli s’il en est, Evans a pris la peine de mentionner que ce n’était « jamais plaisant » de voir un coéquipier tomber au combat. Mais il ne crachera certainement pas sur cette chance de se faire valoir dans un rôle différent, encore qu’il assure s’accommoder de son casting désormais strictement défensif.

« Je ne changerai pas ma manière de jouer en défense, a-t-il affirmé. Je ne vais pas tricher juste pour amasser des points, ça ne marchera pas pour moi. Je dois me concentrer sur ce que je peux apporter : si ça signifie gagner des mises en jeu, jouer en désavantage numérique et bloquer des tirs, je vais le faire. »

Et d’ajouter, tout sourire : « Je vais laisser Cole et Nick marquer des buts… »

Sur le même thème, l’attaquant a souligné qu’il lui était plus facile de prendre sa situation avec philosophie vu son expérience. Le voilà à sa cinquième saison professionnelle, avec 276 matchs derrière la cravate, dont 158 dans la LNH. « Si c’était ma première année, ce serait bien plus difficile, a-t-il noté. C’est plus facile quand on connaît son rôle. Et quand l’équipe gagne, tout est plus agréable. Je ne me torturerai pas parce que je n’ai pas encore marqué. »

Des nouvelles de Drouin et Hoffman

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Mike Hoffman

On l’a évoqué plus haut, le mystère plane toujours sur la situation de Sean Monahan, mais également sur celle de David Savard. Embêté par une blessure au « haut du corps », le défenseur vétéran a raté les deux derniers matchs de son équipe, et lui non plus ne s’est pas entraîné jeudi. Jonathan Drouin (haut du corps) et Mike Hoffman (bas du corps), pour leur part, continuent de progresser. Les deux ont pris part à l’entraînement complet du Tricolore, vêtus de chandails « sans contact ». Aucun échéancier mis à jour n’a été divulgué dans leur cas. On en saura vraisemblablement davantage ce vendredi au sujet de tout ce beau monde. Mentionnons que si la direction désirait rappeler un attaquant du Rocket de Laval sans rétrograder un autre joueur, il faudrait ajouter un nom sur la liste des blessés – Monahan, Savard ou Brendan Gallagher, absent des quatre derniers duels sur la route.