(Vancouver) Au premier entracte, l’animateur de foule du Rogers Arena interviewait un joueur de hockey mineur visiblement très timide. Les Canucks perdaient alors 4-0 et l’animateur lui a demandé un conseil pour son équipe.

Réponse du jeune : « Marquez plus de buts ! » Il ne croyait pas si bien dire.

Les Canucks ont marqué cinq buts sans réplique, avant de redonner l’avance au CH. Le tout s’est réglé en prolongation, 7-6 en faveur des Canucks.

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Elias Pettersson a inscrit le filet victorieux, profitant d’une chute de Mike Matheson pour récupérer la rondelle et déjouer Samuel Montembeault.

C’est évidemment une défaite dure pour l’orgueil des Montréalais, qui ont d’abord perdu une avance de 4-0 en l’espace de neuf minutes de jeu, avant de se retrouver en retard 5-4, puis de reprendre l’avance, 6-5, avec trois minutes à jouer en troisième période.

« Perdre quand on mène 4-0, c’est nul, soyons honnêtes », a lancé Josh Anderson.

« C’est nul. » En anglais, « It sucks », une formulation également employée par Christian Dvorak. « C’est nul, on menait 4-0, on a perdu nos repères pendant 10 ou 15 minutes, on perd notre avance, puis on revient, et on perd encore l’avance. C’était un match bizarre. » Jake Evans, lui, a qualifié la défaite de « frustrante ».

Cette attitude des joueurs contrastait avec celle de Martin St-Louis. L’entraîneur-chef du Canadien avait en quelque sorte annoncé ses couleurs lors du temps d’arrêt qu’il a demandé après que les Canucks eurent marqué leur cinquième but et pris l’avance pour la première fois. Le calme avec lequel il s’adressait à ses joueurs sautait aux yeux. Les mots sortaient de sa bouche à un débit qu’on pourrait qualifier de pédagogique.

Il affichait le même calme à son arrivée devant les micros. « Quand j’ai pris le timeout, on perdait 5-4 après 50 minutes. C’était ça, la réalité. Qu’est-ce qu’on fait à partir de ce moment-là ? Je trouve qu’on a géré ça comme équipe », a raconté le coach, très détendu malgré la soirée en montagnes russes qu’il venait de vivre.

« J’ai aimé comment les boys se sont battus. C’était un match assez demandant émotionnellement. En prolongation, on gagne la mise, mais Matheson tombe. C’est plate. Mais je trouve qu’il y a tellement plus de positif que de négatif dans ce match-là. Je suis content de notre gestion des émotions. On a continué à jouer. »

Tendance lourde

Cela dit, peu importe comment ce groupe gère ses émotions, les indicateurs défensifs ressemblent de plus en plus à ceux d’une équipe qui emploie trois, parfois quatre recrues en défense.

À très court terme, le Tricolore vient d’accorder 12 buts en deux matchs. Et la victoire de 2-1 enregistrée lors de la première escale du voyage, à Calgary, a surtout été l’affaire de Jake Allen, qui a repoussé 45 tirs. Natural Stat Trick donnait même un avantage de 14-4 aux Flames aux chances de marquer à 5 contre 5 ce soir-là.

« On a assez bien joué au cours de ce voyage à part le bout de 15 minutes [mardi], s’est objecté Christian Dvorak. On doit corriger certains trucs, il n’y a aucun doute. Il faut apprendre à ne pas gaspiller d’avance comme ça. »

Sauf que les problèmes vont au-delà du présent voyage. Dans les 10 derniers matchs, le Canadien présente la 31e défense de la LNH, avec une moyenne de 4,20 buts accordés. On peut certes souligner les mauvais buts accordés ici et là par Jake Allen, ou la remise tentée par Samuel Montembeault qui a été interceptée par Jack Studnicka. Mais la tendance dépasse largement quelques erreurs techniques ponctuelles.

Et les gardiens connaissent leurs bons moments malgré tout. « On aurait pu perdre 2-0 en partant. Monty a été pas mal bon et nous a aidés à rester dans le match », a observé St-Louis. Rappelons qu’après à peine cinq minutes, c’était 8-0 Canucks aux tirs au but.

Ça ne deviendra pas plus facile pour St-Louis et ses adjoints. David Savard a dû s’absenter lundi, et on ignore s’il est perdu à long terme ou si un retour rapide est possible. Mais son effet stabilisateur est indéniable, d’autant plus qu’en son absence, Johnathan Kovacevic a joué 22 minutes, un chiffre élevé pour un joueur qui cherche encore à s’établir dans la LNH.

L’absence de Sean Monahan, si elle devait se prolonger, pourrait également faire mal au Canadien, quand on pense à la quantité de jeux défensifs qu’il réalise dans sa zone pour sortir son club de l’embarras.

Et voilà que mardi, le Tricolore a rendez-vous avec le Kraken,5e attaque de la LNH cette saison, comme on l’avait tous prévu. La tâche s’annonce ardue.

En hausse : Mike Matheson

PHOTO DARRYL DYCK, LA PRESSE CANADIENNE

Mike Matheson (8)

Une sortie inspirée pour le rapide défenseur. C’est lui qui a calmé le jeu en début de match quand le Canadien était débordé. Ça a toutefois mal fini pour lui, puisqu’Elias Pettersson a marqué le but gagnant à la suite de sa chute.

En baisse : Arber Xhekaj

PHOTO DARRYL DYCK, LA PRESSE CANADIENNE

Arber Xhekaj (72)

Une soirée difficile pour l’homme fort du CH. Son duo avec Jordan Harris a souvent été pris dans son territoire.

Le chiffre du match : 51

C’est la 51e fois de son histoire que le Canadien marque et accorde au moins six buts dans un match, mais seulement la troisième fois dans les 20 dernières années. Le dernier match du genre : le 2 mars 2013, une défaite de 7-6 contre les Penguins.

Dans le détail

Monahan blessé, logistique compliquée

Sean Monahan n’a pas terminé le match. L’attaquant a disputé toute la première période et a même marqué un but en avantage numérique. Mais après trois présences au deuxième engagement, il a abdiqué. La nature de sa blessure est inconnue, mais jeudi dernier à Calgary, il a été aperçu portant une botte protectrice. « Ce n’est pas plaisant de voir ça, car il veut tellement jouer, a commenté un autre centre de l’équipe, Jake Evans. On le voyait à ses dernières présences, ça paraissait qu’il jouait malgré la douleur. J’espère qu’on le reverra bientôt. » Martin St-Louis souhaitera que ce soit dès mardi, à Seattle, parce qu’avec l’absence de deux semaines annoncée lundi matin pour Brendan Gallagher, le Tricolore ne comptait plus que le minimum de 12 attaquants en santé. Il n’y en aura donc que 11 pour le match contre le Kraken si Monahan est indisponible, et un rappel semble plutôt compliqué puisque le Rocket est à Laval. À suivre en début de soirée mardi, quand St-Louis rencontrera les médias.

Bang ! Ding ! Ow !

Pourquoi ces onomatopées ? Pour illustrer à quoi peut ressembler une soirée à jouer contre Luke Schenn. Le défenseur des Canucks a en effet rappelé aux joueurs en blanc qu’il est capable de cogner dur. Sa mise en échec sur Juraj Slafkovsky lui a d’ailleurs valu une visite au banc des pénalités, de même qu’un combat avec Arber Xhekaj. Celle sur Rem Pitlick, en revanche, était légale, et assez puissante. Ses coups d’épaule ont retenu l’attention par ici cette semaine puisqu’il est devenu samedi le meneur de tous les temps pour les mises en échec chez les défenseurs (note : la LNH comptabilise cette statistique seulement depuis 2005-2006). Schenn n’a certainement pas connu la carrière typique d’un 5e choix au total, avec 177 points en 888 matchs. « Avec le recul, quand t’es repêché tôt, les gens s’attendent à ce que tu sois productif offensivement, observait Schenn, lundi matin. Le jeu a changé. Il y avait beaucoup plus de défenseurs robustes quand j’ai été repêché et ensuite, les équipes cherchaient de gars plus petits, plus rapides. J’essaie d’être le meilleur dans mon identité. »

Un nom à surveiller

Il n’est pas admissible au trophée Calder parce qu’il avait 26 ans quand la saison s’est amorcée, mais Andrei Kuzmenko réussit son entrée dans la LNH jusqu’ici. Après 25 matchs, cet ancien de la KHL compte 23 points, dont 12 buts. Jamais repêché, Kuzmenko a signé un contrat avec les Canucks après une saison de 53 points en 45 matchs avec Saint-Pétersbourg. L’ailier a inscrit le but qui a forcé la tenue de la prolongation, en fin de troisième période, un but qu’il a marqué pour la simple et bonne raison qu’il s’est posté devant le filet. Mais son plus beau jeu de la soirée est sans doute la passe qu’il a servie à Conor Garland, pivotant sur lui-même pendant que Jordan Harris chutait, avant d’envoyer la rondelle à Garland. Dimanche, après l’entraînement optionnel de dimanche, le gardien des Canucks Spencer Martin vantait l’imprévisibilité de son tir. « Je ne sais pas quel est son plafond, mais qui sait, il pourrait être un marqueur de 50 buts », a laissé tomber Martin. S’il maintient sa cadence actuelle, Kuzmenko en marquera 39 cette saison.

Ils ont dit

Monty a été très bon, il nous a aidés à retomber sur nos pieds. Les débuts de match sur la route sont cruciaux. Il nous a aidés et il faut être meilleurs pour devant lui.

Jordan Harris, au sujet de Samuel Montembeault

On ne les a pas sortis du match. Un cinquième but l’aurait peut-être fait. On a joué 40 solides minutes, donc c’est un match dur à évaluer. Il faudra peut-être apprendre à clouer le cercueil de nos adversaires.

Jake Evans

La leçon, c’est qu’il n’y a jamais un jeu qui ne peut pas faire la différence. Ça peut être un dégagement refusé, une pénalité. Tous les jeux ont la même valeur.

Martin St-Louis