(Seattle) En cinq matchs dans la Ligue américaine de hockey, Shane Wright a marqué quatre buts. Est-ce que ça risque de se passer comme ça aussi à son retour dans la Ligue nationale ?

« Probablement pas… mais on peut espérer ! », a répondu le jeune attaquant, en riant, dans le vestiaire du Kraken de Seattle, lundi.

Alors oui, Wright est de retour. Après ce petit détour avec le club de Coachella Valley, dans la LAH, le joueur de 18 ans a été rappelé par le Kraken, et il sera en uniforme au prochain match du club.

Heureux hasard de la vie, ce prochain match sera disputé ici ce mardi soir… contre le Canadien.

Heureux hasard, oui, car Wright sera toujours lié au club montréalais, d’une certaine façon. Il fait partie de ceux qui devaient être choisis, mais qui ne l’ont pas été. Dans ce cas précis, le Canadien lui a préféré, comme on le sait, un certain Juraj Slafkovsky, lors du dernier repêchage. Deux autres équipes lui ont aussi préféré quelqu’un d’autre, de sorte que Wright s’est retrouvé à dégringoler à l’échelon quatre.

Mais il ne s’en fait pas trop avec ça, et ce n’est pas la vue des maillots montréalais qui va le pousser à fredonner The Sound of Silence sur le banc.

« Je vais essayer d’aborder ce match comme rien qu’un autre match, a-t-il dit au sujet de ce rendez-vous avec le Tricolore. Ce sera mon premier depuis mon rappel de la Ligue américaine, et je vais tenter de jouer avec confiance, mais je ne vais pas croire que c’est plus spécial qu’une autre rencontre. »

Avant cette pause dans l’autre ligue, l’attaquant avait récolté un point en sept matchs chez le Kraken. Pendant ce temps, Slafkovsky s’est offert 7 points en 19 parties chez le Canadien.

Mais Wright ne semble pas trop au courant.

« Pas vraiment, je ne pense pas à ce qu’il [Slafkovsky] fait, a-t-il répondu. C’est deux situations différentes, alors je me concentre sur ma propre destinée. »

« Il veut s’améliorer »

Avant de venir répondre aux questions lundi dans le vestiaire du Kraken, le jeune homme avait passé beaucoup de temps en « surtemps » sur la glace. Ce goût du travail bien fait serait d’ailleurs une habitude chez lui, selon son coéquipier Yanni Gourde.

« Il est toujours parmi les derniers à sortir de la patinoire, a noté l’attaquant québécois. Il revient ici avec la bonne attitude. Il veut s’améliorer, il est humble. À 18 ans, il n’y a aucune honte à se faire renvoyer dans la Ligue américaine. Je ne l’ai pas senti déçu quand c’est arrivé ; il était juste content d’avoir la chance de se replacer, d’aller là-bas pour reprendre un peu de confiance. »

Dave Hakstol, l’entraîneur-chef du Kraken, estime lui aussi que Wright est dans le bon chemin.

« Chaque jeune joueur est différent, a-t-il expliqué lundi. Les joueurs sont différents dans leur trajectoire, leur chemin, et comment ils vont s’y prendre pour s’y rendre. Mais on a été très satisfaits de Shane, de son travail, sa façon de voir les choses. »

Son approche a été excellente avec nous.

Dave Hakstol, entraîneur-chef du Kraken de Seattle

Pour l’heure, la direction du Kraken prend bien son temps avec lui. Personne ici ne veut dire s’il s’ajoutera plus tard à la formation canadienne en vue du prochain Championnat du monde de hockey junior, présenté à compter du 26 décembre. « C’est une option », s’est contenté de répondre le principal intéressé.

En attendant, il y a l’immédiat, et l’immédiat, c’est ici, mardi soir, face à ce Canadien qui a préféré le laisser passer l’été dernier.

Rien de spécial, a-t-il répété.

« Je veux juste ramener avec moi à Seattle cette confiance que j’avais dans la Ligue américaine, a-t-il ajouté. Je sais que je peux réussir des jeux ici aussi, et je sais que je peux être compétitif dans cette ligue… »

Tout le monde est surpris… mais pas Yanni Gourde

PHOTO JASON REDMOND, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Yanni Gourde

Si les séries éliminatoires de la LNH s’ouvraient aujourd’hui, le Kraken serait dans le portrait. En fait, avant de perdre son dernier match, le Kraken en avait gagné sept de suite ! Mais Yanni Gourde n’est pas tant renversé par les succès de son équipe. « C’est pas une surprise pour nous, a-t-il expliqué à Seattle lundi. On veut bien jouer, on joue du bon hockey depuis le début de l’année. L’idée, c’est d’être constants et de bien jouer soir après soir. On a aussi fait de bonnes acquisitions cet été et nos gardiens font vraiment bien le travail… L’an passé, on perdait trop de matchs serrés, et cette saison, on gagne ces matchs, entre autres parce qu’on a plus de puissance à l’avant. »

Richard Labbé, La Presse