(Calgary) Mercredi, Darryl Sutter a dit de lui qu’il était digne d’un capitaine. Jeudi, Jake Allen l’a décrit comme un dur gaillard. Un « tough bastard », a-t-il dit dans sa langue maternelle.

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Sean Monahan est peut-être arrivé au Saddledome avec une botte protectrice, mais lui et son équipe l’ont quitté avec quelque chose de mieux encore : deux points. Le Canadien a battu les Flames 2-1, jeudi, une victoire signée Monahan… et Allen, justement.

Après deux jours à parler des blessures de Monahan, de son abnégation, de sa capacité à endurer la douleur tout en effectuant son travail, on aurait bien voulu passer à autre chose. Mais quand une caméra l’a capté à son arrivée au Saddledome avec ladite botte protectrice au pied droit, il était clair que son état de santé, une fois de plus, allait faire jaser.

C’était un match spécial et il n’y avait aucune chance que je manque ça.

Sean Monahan

Monahan a eu l’air de tout sauf d’un joueur blessé. De la première à la dernière présence, il a été le meilleur joueur de son camp. Laissons tomber ses deux mentions d’assistance et parlons plutôt de son implication, de son travail le long des rampes. À plusieurs reprises, il s’est imposé pour récupérer des rondelles dans son territoire et a relancé l’attaque.

Dans les mots d’un de ses ailiers, Juraj Slafkovsky : « Il rend les autres meilleurs. Il comprend le jeu, il sait quand ralentir, quand accélérer, comment contrôler la rondelle. »

Mine de rien, Monahan compte maintenant 10 points à ses 10 derniers matchs. Sa blessure au pied droit ? « C’est mineur. J’essaie de m’en sortir. Je vais peut-être rater quelques entraînements », a-t-il résumé.

L’important, ce sont surtout ses hanches, et à le voir aller, à le voir patiner, ça ne semble plus trop problématique. Voilà qui est intéressant pour le Canadien, ou pour toute équipe qui s’intéressera à lui d’ici la date limite des transactions.

PHOTO LARRY MACDOUGAL, LA PRESSE CANADIENNE

Jake Allen

Avec l’aide d’Allen

Cela dit, Monahan a beau avoir joué de façon inspirée, les performances de ses coéquipiers n’étaient pas aussi au point. Les trios de Nick Suzuki et de Christian Dvorak ont passé la soirée assiégés dans leur territoire. Avec un gardien un peu plus humain devant le filet du Canadien, les Flames l’auraient emporté.

Sauf qu’Allen a été surhumain. Auteur de 45 arrêts, il a volé ce match pour les Montréalais.

Ça faisait quelques matchs que je ne jouais pas à la hauteur de mes attentes. On a perdu le dernier match, mais je me sentais mieux. Je voulais bâtir là-dessus. Je me sentais bien ce soir.

Jake Allen

Tout ça survient au moment où Martin St-Louis a senti le besoin de rappeler à quelques reprises, ces derniers jours, qu’Allen était bel et bien son gardien numéro 1, même si Samuel Montembeault a offert de meilleures performances jusqu’ici.

On aimerait bien vous dire qu’Allen a « saisi le message », qu’il a « répondu à son entraîneur ». Mais la plate vérité, c’est qu’Allen assure qu’il n’a pas vu passer la déclaration.

« Je ne lis pas ce qui s’écrit, donc je suis le dernier à le savoir ! », a-t-il lancé.

« Sam est un des meilleurs gardiens de la LNH cette saison. Il méritait de jouer ces matchs. J’ai déjà été dans cette situation. J’ai de hautes attentes envers moi-même. Il y aura des obstacles en chemin, je ne suis pas parfait. »

Il ne l’est pas, mais ses coéquipiers avaient besoin qu’il le soit en ce jeudi soir glacial en Alberta. Il l’a pratiquement été.

En hausse : Juraj Slafkovsky

Un effort vaillant de sa part. Il a profité d’une bévue pour marquer, mais son tir sur le poteau en échappée était un bon rappel de la qualité de son tir.

En baisse : Jordan Harris

Une soirée difficile, passée en majorité dans sa zone. Ses deux pénalités ne l’aideront pas dans la rotation des défenseurs.

Le chiffre du match : 40

Le but de Cole Caufield était son 40e dans la LNH, à son 100e match. Dans l’histoire moderne de la LNH (depuis 1943), il est le quatrième joueur du Canadien à atteindre ce chiffre en 100 matchs. Les autres ? Maurice Richard, Jean Béliveau et Bernard Geoffrion. Pas mal.

Dans le détail

Chris Wideman, attaquant, un peu

En l’absence de Brendan Gallagher, et avec Rem Pitlick qui n’a pas pu arriver au Saddledome assez tôt pour disputer le match, Chris Wideman a dû jouer à l’avant, puisque le Tricolore ne comptait que 11 attaquants disponibles. Wideman est resté à l’avant en première période, au sein d’un quatrième trio drôlement assorti avec le très défensif Jake Evans et le très belliqueux Michael Pezzetta. Mais on l’a ensuite vu en défense, ce qui a donné un répit aux gauchers forcés de jouer à droite, puisque David Savard était l’unique autre droitier de la brigade. Sa présence a aussi permis à Martin St-Louis de l’employer à la pointe au sein de la deuxième unité d’avantage numérique. On peut au passage se demander pourquoi le CH n’a pas rappelé Pitlick plus tôt, sachant que Gallagher s’est absenté de l’entraînement de mercredi. L’équipe est donc partie avec 12 attaquants, dont Gallagher qui était visiblement hypothéqué.

Un nom à surveiller

Le nom d’Adam Ruzicka n’était pas sur les radars des amateurs de pools de hockey cet été, et il faudra encore un certain temps avant qu’il y soit, mais il faudra certainement garder l’œil sur cet ailier de format géant chez les Flames. Ce choix de 4e tour en 2017 a disputé un fort match aux côtés de Mikael Backlund, et est passé à un décimètre de s’inscrire au pointage en période médiane, quand son tir a touché le poteau. Ultra-productif dans la Ligue américaine l’an dernier (20 points en 16 matchs), il totalise 9 points en seulement 13 matchs cette saison.

Nouveau rôle pour Josh Anderson

Sous John Tortorella, à Columbus, Josh Anderson était un membre permanent des unités de désavantage numérique, rôle qu’il a perdu à son arrivée à Montréal. Il faut dire qu’avec Phillip Danault, Artturi Lehkonen, Paul Byron, Jake Evans, Tyler Toffoli et Joel Armia, l’équipe ne manquait pas de ressources à 4 contre 5. Tout le contraire de cette saison, St-Louis déplorant, il y a quelques semaines, le fait qu’il doit surtout employer ses centres en désavantage numérique. Pour un troisième match de suite, Anderson a donc été employé dans cette situation. Avec sa vitesse, il peut certainement inciter ses rivaux à se méfier de l’échappée, mais il faudra voir s’il a le sens de l’anticipation et du positionnement pour être efficace dans cette phase du jeu.