Comment évoquer le début de saison étonnant de l’espoir en défense du Canadien Lane Hutson sans pécher par excès d’enthousiasme ?

À sa première saison dans la NCAA, avec Boston University, ce choix de fin de deuxième ronde du CH a désormais amassé 14 points, dont six buts, en 12 matchs.

Hutson, originaire de Holland, au Michigan, vient d’être choisie la recrue par excellence dans la semaine dans la division Hockey East pour une troisième fois cette saison !

L’organisation montréalaise, en manque de défenseurs offensifs, doit se réjouir des succès du jeune homme, repêché sur le tard en raison de sa petite taille (il mesurait un peu plus de 5 pieds 8 pouces cet été, mais a atteint les 5 pieds 9 depuis).

Hutson avait pourtant fourni aux recruteurs une preuve médicale de son retard de croissance, rien n’y fit. Il était toujours disponible au 62rang en juillet 2022, avec le choix obtenu des Oilers d’Edmonton dans l’échange de Brett Kulak.

Comparons ses statistiques actuelles avec celles des meilleurs défenseurs offensifs de moins de six pieds de la LNH au même âge dans la NCAA, en évitant évidemment de conclure, par prudence, que le jeune homme pourra répéter les mêmes exploits au prochain niveau.

Cale Makar, de l’Avalanche, plus récent récipiendaire du trophée Norris remis au défenseur par excellence, a fait ses débuts à l’Université Umass-Amherst à l’aube de ses 19 ans, étant né le 30 octobre. Il a obtenu 21 points, dont quatre buts, en 34 matchs à sa première saison, puis explosé à 20 ans avec 49 points en 41 rencontres.

Adam Fox, gagnant du trophée Norris en 2021, a produit à un rythme semblable à celui de Hutson à sa première saison à Harvard, à 18 ans, avec 40 points en 35 matchs. Il s’agit d’une moyenne 1,14 point par match pour Fox et de 1,16 dans le cas de Hutson.

PHOTO DANNY WILD, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Adam Fox

La ECAC, dans laquelle évoluait Fox, et qui regroupe des universités comme Cornell, Yale, Princeton, Brown, Colgate et Dartmouth, constitue une division inférieure à celle de Hutson à Boston University, confronté à Northeastern, Boston College, Vermont, Maine, UConn dans la division Hockey East.

Quinn Hughes, la star des Canucks, 68 points l’an dernier, a joué pour l’Université Michigan. Il a obtenu 29 points en 37 matchs à sa première saison, à 19 ans (né en octobre comme Makar) et 33 points en 32 matchs à sa deuxième année.

Même Torey Krug, 5 pieds 9 pouces comme Hutson, 422 points en 659 matchs dans la LNH avec Boston, et désormais à St. Louis, a amassé 21 points en 38 matchs à sa première année à Michigan State. Aucune équipe n’a daigné le repêcher.

Non seulement Lane Hutson, dont les partisans du Canadien ont pu voir les prouesses au camp de développement de l’équipe cet été, produit-il de manière phénoménale pour un défenseur, il surpasse même plusieurs attaquants de premier plan.

Le centre Logan Cooley, troisième choix au total en 2022 par les Coyotes, a un point de plus à l’Université du Minnesota, mais en trois matchs supplémentaires !

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Logan Cooley (au centre)

Le cinquième choix au total par Philadelphie, Cutter Gauthier, a 11 points en 10 matchs, et seulement un but de plus que Hutson.

Un seul joueur de la cuvée 2022, l’ailier Jimmy Snuggerud, repêché par les Blues de St. Louis au 23rang, a une meilleure moyenne de points par match dans la NCAA que Hutson… toutes positions confondues !

Même Cole Caufield, à sa première saison à Wisconsin, n’a pas produit à un rythme supérieur, avec une moyenne d’un point par rencontre, 36 points en autant de matchs. Voyons si Hutson maintiendra le rythme.

Le circuit collégial américain n’est pas une ligue facile pour une recrue. On n’y retrouve pas de joueurs de 16 ou 17 ans (à quelques exceptions près, question de mois pour les joueurs à l’aube de leurs 18 ans) et on y retrouve de nombreux joueurs de 22, 23 ans.

Au-delà des statistiques, comment décrire le jeu de Hutson ? Analysons deux de ses matchs, contre des puissances, Michigan et Northeastern. Le premier compte le probable choix numéro deux ou trois au prochain repêchage, Adam Fantilli, mais aussi le défenseur Luke Hughes, quatrième choix au total en 2021, et deux autres choix de première ronde, Rutger McGroarty et Matthew Samoskevich ; et on retrouve au sein des Huskies l’espoir en défense du CH Jayden Struble, le gardien québécois Devon Levi et les fils de Kent Hughes.

À 5 pieds 9 pouces et 155 livres, Hutson ne sera jamais un défenseur robuste. Mais son extraordinaire mobilité lui permet d’être souvent le premier sur la rondelle dans les coins et d’éviter de se faire déborder par un attaquant adverse. Son bâton est généralement bien positionné, solide, et lui permet de gagner de nombreuses bagarres pour le disque malgré son désavantage sur le plan du gabarit.

Non seulement est-il mobile, mais extrêmement fluide. Cet attribut lui permet de bien répondre à l’échec-avant adverse et d’éviter généralement les mises en échec sévères.

Au plan offensif, non seulement sa grande rapidité lui permet de battre souvent l’opposant de vitesse en possession du disque, mais il possède également une très bonne vision du jeu et beaucoup de créativité.

Ses détracteurs diront qu’il a été blanchi en deux matchs contre Michigan et produit trois points contre une équipe extrêmement faible, Bentley.

Il a aussi connu des matchs de deux points contre la meilleure équipe de sa division, Connecticut, et Northeastern, deuxième derrière le Connecticut.

Une prédiction audacieuse, pour le meilleur et pour le pire ? Lane Hutson deviendra d’ici quelques années le prochain grand défenseur offensif du Canadien.

On surveille les Panthers !

Les Panthers de la Floride ont perdu un autre match, mardi, lors des retrouvailles de Matthew Tkachuk avec ses anciens fans des Flames à Calgary. Il s’agissait pour les Panthers, en l’absence d’Aleksander Barkov depuis quelques parties, d’un sixième revers à leurs sept dernières rencontres.

Le Canadien, on le rappelle, détient le premier choix des Panthers en 2023, obtenu dans la transaction pour Ben Chiarot. Et si ce repêchage avait lieu ce soir, Montréal pigerait au 12rang avec ce choix, et deux rangs plus tard avec le sien, dans l’une des cuvées les plus riches depuis longtemps, estiment les spécialistes.

Les Panthers ont fait inclure une clause de protection dans la transaction. Le choix de première ronde en 2022 offert aux Sabres dans la transaction pour Sam Reinhart détenait une clause de protection. S’il se situait parmi le top dix, les Panthers auraient offert aux Sabres leur choix de première ronde en 2023 et le choix du cédé au Canadien aurait été refoulé en 2024. Ce ne fut pas le cas et Buffalo a utilisé ce choix. La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a aucune clause spéciale entourant le choix de 2023 entourant le CH maintenant que la transaction avec Buffalo est désormais finale. Montréal pourrait même être admissible à la loterie avec ce choix, si la Floride continue de piquer du nez au classement…

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