(Calgary) Un but, une passe, une victoire, la première étoile, un public chaleureux et des accolades avec ses anciens potes. Ce n’était peut-être pas le but gagnant de Charlie Conway, mais Jonathan Huberdeau a connu une soirée glorieuse.

Les Panthers de la Floride débarquaient en Alberta, mardi, et Huberdeau s’est assuré de changer la trame narrative du grand retour de Matthew Tkachuk à Calgary, aidant les Flames à battre les Panthers 6-2. La question est maintenant de voir si ce sera suffisant pour permettre au Québécois de prendre son envol avec sa nouvelle équipe.

C’était la deuxième fois en 10 jours que les Flames battaient les Panthers.

« Deux victoires contre cette équipe-là, c’est bon. Cet été, quand je me suis fait échanger, je l’avais sur le cœur. Mais d’arriver ici et de gagner, c’est le fun », a-t-il dit avec franchise aux trois journalistes québécois qui se sont entretenus avec lui après son point de presse avec les médias locaux.

Il faut comprendre le contexte derrière son bonheur. L’été dernier, Huberdeau a été au cœur d’une des plus rocambolesques transactions de l’histoire récente de la LNH. Huberdeau et Tkachuk, tous les deux auteurs de saisons de 100 points l’an dernier, ont donc changé de camp. Huberdeau était quant à lui accompagné de MacKenzie Weegar, possiblement le défenseur de 44 points dont on a le moins parlé dans l’histoire des défenseurs de 44 points.

« Huberdeau est tout un joueur. Au bout du compte, c’est un échange pour des besoins immédiats qui fonctionne pour les deux équipes. On obtient Huberdeau et Weegar, de sacrés bons joueurs, et la Floride obtient aussi un très bon joueur », a noté le défenseur des Flames Rasmus Andersson.

La transaction était encore plus invraisemblable du point de vue des Flames, qui venaient aussi de dire adieu à Johnny Gaudreau, auteur de 115 points l’an dernier. Selon nos recherches, les Flames de 2021-2022 étaient la 68e équipe de l’histoire de la LNH à compter au moins deux marqueurs de 100 points dans ses rangs ; mais c’était la toute première fois que deux de ces joueurs levaient les feutres au terme de ladite saison de 100 points.

C’est donc dans ce contexte que Huberdeau est débarqué à Calgary, et les premiers pas n’ont pas été évidents. Après 10 matchs, il ne comptait qu’un but et quatre passes. L’athlète de Saint-Jérôme a été blessé au haut du corps, puis relégué au sein du troisième trio.

Foule sentimentale

Pour ce match, Huberdeau était de retour au sein du premier trio de façon officielle pour la première fois depuis que Darryl Sutter l’avait assigné à un trio défensif.

Sauf que cette nouvelle passait dans l’ombre du retour de Tkachuk dans l’aréna où il a amorcé sa carrière. Les bancs vides étaient certes nombreux, mais les spectateurs qui avaient bravé le froid pour assister au match étaient bruyants. Dès que Tkachuk touchait la rondelle, les huées fusaient de partout. Seule exception : à la première pause publicitaire, un montage a été présenté à l’écran géant, saluant l’agitateur pour ses 431 matchs dans l’uniforme des Flames.

« Ils sont quand même respectueux. Il a joué 400 matchs ici. Il a donné beaucoup pour cette organisation-là. Il méritait que les gens l’applaudissent », a estimé le Québécois.

Mais dès la reprise du jeu, les huées reprenaient de plus belle. Les partisans n’ont clairement pas apprécié le fait que l’homme au protecteur buccal mâchouillé ait voulu quitter Calgary cet été au lieu de signer un contrat à long terme.

« C’est plus lui qui est parti d’ici, a rappelé Huberdeau. Weegar et moi, on a été mieux reçus en Floride, parce qu’on s’est fait échanger. Lui, c’est un peu différent. »

Objectif : long parcours

Huberdeau a visiblement laissé un bon souvenir dans son ancien vestiaire. Ils étaient une demi-douzaine d’anciens coéquipiers - dont Aaron Ekblad et Radko Gudas - autour de lui après le match dans un corridor du Saddledome.

Sauf que les Panthers souhaitaient changer leur identité et c’est pourquoi ils ont accepté une facture salée pour obtenir Tkachuk.

« Tout ce dont on parle, c’est de bâtir un style qu’on pourra pratiquer en séries, expliquait l’entraîneur-chef des Panthers, Paul Maurice, avant le match. Offensivement, ça va bien, et dans notre zone, on a réussi à refermer l’enclave. On pratique un style plus dur, qui peut être plus taxant. Mais avant longtemps, ça deviendra plaisant de jouer ainsi. »

Et Tkachuk, dans tout ça ? « Il apporte un style de jeu des séries, qu’il est capable de pratiquer en saison. Il amène du mordant. Une fois en séries, il continuera donc d’aller dans les endroits plus difficiles. Il n’aura pas à changer. »

Encore faut-il qu’ils s’y rendent. Si les séries commençaient mercredi, les Panthers en seraient exclus. Mais ils demeurent dans la course et ont le talent pour se hisser parmi l’élite. Et l’an passé, leurs 122 points en saison ne valaient plus grand-chose quand le Lightning les a laminés en quatre matchs au deuxième tour.

La pertinence de la transaction devra être réévaluée en avril. En mai ou en juin, si ça tourne bien pour l’une ou l’autre de ces équipes.