(Ann Arbor, Michigan) Le match de samedi entre les Wolverines du Michigan et le Crimson de Harvard vient de prendre fin, 4-1 pour le Michigan. Malgré l’animosité, le tout se conclut par la traditionnelle poignée de main.

On vient ici pour suivre deux joueurs, Adam Fantilli pour le Michigan et Sean Farrell pour Harvard. Le premier est un surdoué attendu dans le top 3 du prochain repêchage ; le second est un espoir du Canadien, choix de fin de 4e tour en 2020 qui excelle depuis.

Nos deux clients sont parmi les derniers en file. Arrive le rendez-vous, et c’est finalement plus qu’un simple serrage de pince ; c’est une chaleureuse accolade.

« On est très bons amis. On était compagnons de trio dans l’USHL. C’est un excellent joueur », nous explique Farrell.

PHOTO GUILLAUME LEFRANÇOIS, LA PRESSE

Les joueurs des Wolverines du Michigan et du Crimson de Harvard se serrent la main après le match de samedi.

Dix minutes plus tard, on retrouve Fantilli pour une autre entrevue. Le compliment revient aussitôt. « Je pense qu’il sera le vol de ce repêchage », affirme le joueur de 18 ans.

« Il voit la patinoire différemment. Quand il faisait des séances vidéo avec notre entraîneur d’habiletés, je m’installais dans le fond de la salle et j’observais. J’essayais de comprendre comment il voit le jeu. J’ai tellement appris de lui. »

Utilisé à profusion

Au fil des entrevues, Farrell recevra des compliments de tous. De son entraîneur, de Fantilli, de Rob Ramage, directeur du développement des joueurs du Canadien. On vous épargne, on pourrait n’écrire que ça.

Au hockey, il y a au moins une chose qui compte plus que les mots, et ce sont les minutes. On demande à son entraîneur, avant le match, à quoi ressemble l’utilisation de Farrell. « Une vingtaine de minutes par match », estime Ted Donato, ancienne gloire des Bruins de Boston à la tête du Crimson depuis 2004.

Question de ne pas s’en faire passer une petite vite, La Presse a compilé manuellement le temps d’utilisation de Farrell dans le match de samedi. Résultat des courses : 24 min 31 s. C’est énorme. Le chiffre serait toutefois plus bas si on tient compte des quelques fois où il a tenté une dernière attaque au lieu de rentrer au banc. « À un entracte, je leur ai dit de raccourcir leurs présences », a reconnu Donato après le match.

Farrell passe la quasi-totalité des avantages numériques sur la patinoire. Gaucher, il se tient sur la bande à droite. « C’est lui qui dirige le trafic », avait prévenu Ramage, en avant-match.

Mais l’Américain de 21 ans joue également à profusion en désavantage numérique. C’est d’ailleurs à quatre contre cinq qu’il s’est inscrit sur la feuille de pointage samedi, préparant l’unique but des siens à partir d’un simple dégagement vers la zone neutre.

« Je forme un duo avec Matt Coronato et on en retire beaucoup de fierté, assure le jeune homme. C’est bien de neutraliser les meilleurs éléments et on génère tout de même un peu d’attaque. »

C’est important, la polyvalence, et je veux devenir fiable.

Sean Farrell

Il compte 13 points, un sommet à Harvard, en neuf matchs. « Ses chiffres pourraient être encore meilleurs. Je pense qu’il avait trois poteaux par match dans les quatre premiers matchs ! », lance Donato. Un de ses tirs a d’ailleurs abouti de façon très franche sur le poteau, samedi.

Tout ça après une première campagne de 28 points en 24 sorties, des chiffres qui auraient été plus élevés s’il n’avait pas été invité, à seulement 20 ans, aux Jeux olympiques.

Prochaine étape : le Canadien ?

Comme tout joueur universitaire, Farrell est bien entraîné ; il ne nous a donc pas annoncé, en primeur, qu’il s’entendra avec le Canadien en fin de saison. Mais plusieurs indices pointent en ce sens. On se demande bien en quoi il progresserait à jouer une autre année avec de telles responsabilités, dans un calibre qu’il maîtrise de mieux en mieux.

Farrell pourrait toujours attendre pour devenir joueur autonome et choisir son équipe, mais cela impliquerait de passer au moins une autre saison à l’université. De plus, il semble que la relation entre le joueur et l’organisation soit bien entamée. Ramage l’a d’ailleurs également visité à Harvard la semaine dernière.

C’est flatteur de savoir qu’ils me suivent et leurs commentaires m’aident. Un de mes objectifs est de jouer pour le Canadien un jour, donc plus ils me regardent, mieux c’est pour mon avenir.

Sean Farrell

On devine que pour un joueur de petite taille (5 pi 9 po et 175 lb), il est encourageant de voir ce que la nouvelle administration accomplit avec Cole Caufield.

« Au camp de développement, ils nous disaient qu’ils veulent une équipe basée sur la vitesse et les habiletés. Leurs jeunes jouent bien. Je suis jeune et je me fie à mes habiletés, donc c’est encourageant à voir », note-t-il.

Dossier à suivre en mars ou en avril, selon les succès de Harvard. La défaite de samedi était la première de l’équipe en temps réglementaire en neuf matchs cette saison.

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  • 7-1-1
    Fiche du Crimson de Harvard cette saison
    SOURCE : NCAA