(Chicago) La revanche. « Action de rendre la pareille pour un mal que l’on a reçu », nous dit le Larousse.

Cette action se traduit différemment pour chacun. Pour certains, c’est de soumettre une offre hostile afin de donner six millions de dollars à un marqueur de 12 buts. Pour les plus ambitieux, c’est de vouloir saboter les lignes à haute tension d’Hydro-Québec et d’incendier la maison d’un fonctionnaire.

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Kirby Dach, lui, ne s’est pas donné tout ce mal. Sa revanche, il l’a prise en marquant un but en tirs de barrage, puis en narguant les partisans des Blackhawks réunis au United Center. Il pouvait bien se le permettre ; son but donnait la victoire 3-2 au Canadien en tirs de barrage. De quoi assurer la bonne humeur de tous au traditionnel souper des recrues de vendredi…

Y a-t-il une meilleure façon de souligner son retour dans son ancienne ville ? « Peut-être de marquer en prolongation !, a suggéré un Dach visiblement soulagé, après le match. Mais en tirs de barrage, c’est assez bon. »

Le retour de Dach à Chicago était attendu. Après tout, un troisième choix au total, échangé trois ans après son repêchage, ce n’est pas banal. Les reporters couvrant l’équipe adverse étaient plus nombreux qu’à l’accoutumée dans le vestiaire du CH après la rencontre.

Mais Dach aussi l’attendait, ce match. Deux jours plus tôt, il avait admis qu’il inscrirait un bon montant d’argent au tableau.

« Pour tout joueur échangé, c’est bouleversant. Ça change ta vie, tu dois trouver un nouvel appartement, t’es déraciné. Mais je ne peux pas être plus heureux d’être à Montréal », a expliqué le héros du jour, après la victoire.

Le « mal » qu’il a « reçu », pour se rapporter à notre définition de début de texte, quel était-il ? Les huées nourries pendant son tir en fusillade en faisaient partie, bien qu’il n’ait pas non plus été aperçu pleurant en boule dans le vestiaire. En tendant l’oreille après son but, il a réglé la question. « Je l’ai fait quelques fois dans le junior, quand je me faisais huer », a-t-il raconté.

Les huées, c’est superficiel. Mais de voir son équipe démissionner si rapidement sur lui, par contre, voilà ce qui peut davantage déranger un athlète, bien que Dach assure ne pas s’en formaliser. « Je le vois de l’autre côté, je me dis plutôt que Montréal me voulait. Je n’ai pas trop pensé au fait qu’ils ne me voulaient plus ici. »

Monahan, encore

Ces succès de Dach nous ramènent à Sean Monahan, un des gros dossiers de Kent Hughes cet hiver.

Les deux sont reliés parce que Dach s’éclate depuis qu’il a été muté à l’aile. Il n’a pas obtenu de point vendredi, mais avec 17 points en 21 matchs, il est en voie de dynamiter sa marque personnelle de 26 points en une saison. Depuis qu’il a reçu sa permanence à l’aile aux côtés de Nick Suzuki, c’est 14 points en 13 matchs.

Monahan, lui, a obtenu deux aides dans ce match, et compte huit points à ses huit dernières sorties, 14 en 21 matchs cette saison.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Sean Monahan

« Il est redevenu lui-même et il est en santé. Son enthousiasme est contagieux. C’est tellement une grosse acquisition pour nous », a fait valoir l’entraîneur-chef du Canadien, Martin St-Louis. « Il ne fait vraiment pas beaucoup d’erreurs. On parle de gérer la rondelle et c’est un des meilleurs pour ça », d’ajouter Samuel Montembeault.

En début de saison, Dach était vu comme le deuxième centre du Canadien, tandis que Monahan était un peu un joker. Capable de jouer au centre comme à l’aile, mais à un niveau impossible à prévoir en raison de ses deux opérations aux hanches.

Après le premier quart de la saison, il est évident que Monahan est à sa place dans le rôle de deuxième centre, rôle qu’il n’aurait jamais occupé si Dach s’y était montré aussi efficace que ce qu’on voit depuis un mois.

Sauf qu’en tant que joueur en fin de contrat, Monahan était le candidat parfait à une transaction au sein d’un club attendu dans la cave. Or, le CH est en voie d’amasser 90 points, un rythme qui permet d’être dans la course aux séries. Une telle course serait formatrice pour les recrues, et échanger Monahan serait un coup dur pour ces joueurs qui donnent tout pour faire mentir ceux qui les éliminaient dès septembre.

En gardant Monahan au-delà de son présent contrat, le Tricolore s’assurerait aussi de donner du temps à Filip Mesar et Owen Beck, ses deux meilleurs espoirs au centre, qui auront 19 ans au prochain camp.

On voit bien pourquoi Monahan cadrerait bien à moyen terme, mais avec ses performances, il est tout aussi évident que Hughes recevra des offres dures à ignorer pour le numéro 91.

Sachant que la perte de Monahan aiderait Montréal à piquer au classement, et donc à se rapprocher d’un choix « top 5 » dans un repêchage 2023 bourré de talent, on voit bien le dilemme qui se profile devant Hughes au cours des prochains mois.

En hausse : Samuel Montembeault

PHOTO NAM Y. HUH, ASSOCIATED PRESS

Samuel Montembeault

Techniquement, il n’est pas « en hausse », parce que ça allait déjà assez bien. Son arrêt contre Max Domi, sur un retour de la bande, était beau à voir. Le voici au 6e rang dans la LNH avec une efficacité de,924.

En baisse : Jake Evans

PHOTO DAVID BANKS, USA TODAY SPORTS

Andreas Athanasiou (89) et Jake Evans (71)

Il est en panne offensivement, et il n’a gagné que 27 % de ses mises au jeu (3 en 11). À sa défense, il a disputé sept de ses 11 mises au jeu contre Jonathan Toews, le dieu grec des mises au jeu.

Chiffre du match : 4 : 03

Cole Caufield a passé 4 min 3 s sur la patinoire pendant la prolongation. Le temps d’arrêt suivant la pénalité des Blackhawks lui a permis de reprendre son souffle.

Dans le détail

Une mise en échec qui fait jaser

Jason Dickinson n’a pas peur de frapper. L’attaquant des Blackhawks a annoncé ses couleurs en plaquant durement Kaiden Guhle dès le début du match, mais son coup contre Juraj Slafkovsky, en troisième période, n’a pas passé auprès du Canadien. À la mise au jeu subséquente, Josh Anderson ne s’est d’ailleurs pas gêné pour exprimer ses remontrances à Dickinson, remontrances qu’il nous a livrées en version censurée dans le vestiaire. « On a revu la séquence au ralenti et il l’a touché un peu à la tête. Je ne sais pas si la LNH va se pencher là-dessus. Moi, je voulais simplement défendre un coéquipier, un jeune », a indiqué Anderson. Ça fait maintenant quelques fois que Slafkovsky se fait plaquer durement. Le jeune homme devra mieux se protéger, et sachant qu’il a été replacé au sein du quatrième trio après un seul match au sein du deuxième, il sera intéressant de voir si la direction songera à lui donner quelques matchs à Laval pour parfaire son apprentissage.

Une erreur similaire

Après avoir été généreux pendant quelques matchs, le Tricolore n’a accordé que trois buts en deux matchs au cours et de ce court voyage, dont seulement deux buts à forces égales. On note toutefois un schéma similaire dans les deux buts. À Columbus, Joel Armia et Josh Anderson étaient un peu loin pour aider Mike Matheson, ce qui a contribué à son revirement. Cette fois, Christian Dvorak et Evgenii Dadonov étaient carrément partis en anticipant la passe de Brendan Gallagher, si bien que quand ce dernier a raté son dégagement, les deux attaquants étaient trop loin pour couvrir Caleb Jones, l’auteur du but. On peut toutefois se questionner sur les chances de succès de la passe que Gallagher tentait, via le milieu de la zone défensive.

Jamais trop tard pour bien faire

Mine de rien, Jarred Tinordi roule sa bosse. L’ancien choix de premier tour du Canadien est un membre permanent de la défense des Blackhawks cette saison, ayant participé aux 20 matchs de son équipe jusqu’ici. « C’est une force physique et il a donné le ton au dernier match en appliquant une grosse mise en échec, expliquait l’entraîneur-chef des Blackhawks, Luke Richardson, avant le match. Il fait bien circuler la rondelle et il peaufine son art tous les jours. » Évidemment, en passant des Rangers aux Blackhawks via le ballottage en octobre, le défenseur géant a abouti dans une formation moins talentueuse, donc plus facile à percer. Il approche maintenant de sa marque personnelle de 28 matchs joués en une saison. Des erreurs comme celle sur le but de Joel Edmundson, où il a perdu son positionnement contre le défenseur du CH, rappellent toutefois qu’il a ses limites.

Ils ont dit

Ça fait deux matchs de suite où on gère beaucoup mieux le danger. Après 60 minutes, on méritait mieux, mais on n’a pas pu se séparer. Mais on n’a pas lâché.

Martin St-Louis

Notre jeu loin de la rondelle s’améliore. C’est là qu’on peut s’améliorer, on l’a bien fait à Columbus et on a continué aujourd’hui. On ne leur a pas beaucoup de temps et d’espace.

Brendan Gallagher

Je me la suis fait faire quand j’étais avec les Panthers en match hors-concours, au Centre Bell. Et il avait scoré ! Elle ne rentre tellement pas vite, tu te dis : « J’aurais peut-être été capable de mettre la main dessus. » C’est tellement dur à arrêter, tu ne t’attends pas à un petit lobe à la vitesse à laquelle il s’en vient.

Samuel Montembeault, au sujet de la feinte de Nick Suzuki en tirs de barrage

Jake est un super coéquipier, il est toujours là pour moi. On s’entraide. Que ce soit lui ou moi, quand on gagne, on est super contents.

Montembeault, à propos de Jake Allen