Jamais un joueur ne se réjouira, publiquement en tout cas, du malheur d’un de ses coéquipiers. Mais il faut parfois voir les avantages là où ils sont.

Michael Pezzetta est dans cette situation délicate. Il s’est « évidemment senti mal » lorsque Rem Pitlick a été soumis au ballottage puis renvoyé dans la Ligue américaine la semaine dernière. Lui-même n’a jamais vécu l’incertitude du ballottage, mais les ligues mineures, il les connaît par cœur. Il a même goûté à l’ECHL en 2018-2019, rappelle-t-il.

Or, inévitablement, le message que lui a envoyé la direction du Canadien en est un de confiance. « Ils me montraient qu’ils n’étaient pas prêts à me perdre, explique Pezzetta. Je suis content d’être encore ici et d’avoir une autre chance de montrer ce que je peux faire. »

Mardi soir, le chevelu ailier disputera seulement son troisième match de la saison. Au terme du camp d’entraînement, il a hérité du poste de 15e attaquant – sur 15. Des blessures, suspensions et renvois dans les mineures l’ont momentanément promu jusqu’au quatrième trio, mais à moins d’une hécatombe, il serait surprenant de le voir monter plus haut.

Conséquemment, jusqu’à preuve du contraire, il est confiné au rôle de remplaçant. Il n’est pas nécessairement aisé de garder le moral à être payé pour s’entraîner sans jouer ou presque.

D’un naturel positif, Pezzetta refuse de se laisser abattre. « Il y a deux manières de voir les choses, dit-il. Tu peux maugréer et te creuser un trou, ou garder le sourire et travailler plus fort. Je choisis d’être prêt plutôt que de me retrouver dans un espace mental où je suis incapable de saisir les chances qui se présentent. »

La chance qui s’offre à lui, ce sera d’affronter les Devils, mardi soir, sur l’aile droite du quatrième trio avec Juraj Slafkovsky et Jake Evans.

« Guerrier »

Un autre bon signe pour Pezzetta, c’est d’entendre son entraîneur insister sur le fait que ce sont « les circonstances » – le surplus d’attaquants –, mais « jamais son éthique de travail » qui font en sorte qu’il rentre et sort de la formation.

Invité à décrire son attaquant, le mot « guerrier » est le premier qu’a prononcé Martin St-Louis. « Un pro, un gars de culture, un gars d’équipe », a-t-il ajouté.

« Même dans les circonstances, il a du plaisir à venir à l’aréna. Quand il a la chance de jouer, il donne tout ce qu’il a. »

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Martin St-Louis

Quiconque a vu jouer Pezzetta, pendant le calendrier présaison ou depuis le début de la campagne, a remarqué que son jeu n’est pas identique à ce qu’il montrait l’an dernier. On ne le confondra jamais avec Cole Caufield, mais à l’évidence, il y a une volonté de « faire des jeux » plus raffinés que par le passé.

Ce n’est pas le fruit du hasard. St-Louis en a parlé avec lui à la fin de la dernière saison et ciblé parmi ses priorités de l’été l’importance de « pas juste faire des jeux, mais faire le meilleur jeu disponible », dixit Pezzetta.

« J’ai souvent été placé dans une case, celle du joueur de quatrième trio qui doit jouer simplement. [Avec St-Louis], j’ai plus de latitude. »

L’entraîneur ne cache pas que « Pezz va garder les choses plus simples que d’autres joueurs ». « Et c’est correct », insiste-t-il.

Cela étant, « je ne veux pas qu’il ait peur de jouer la game ».

« Il peut envoyer la rondelle profondément en zone adverse et frapper ; ça fait partie de sa game. Mais est-ce qu’il doit le faire 100 % du temps ? Non, il faut qu’il lise le jeu. Si le jeu est ouvert et qu’il a une chance de partir à deux contre un, il faut qu’il soit capable de le faire. Mais pas au prix de revirements. Il doit prendre des décisions sur la glace, et je l’encourage à le faire, car c’est comme ça qu’il fera monter sa valeur. »

Sans Drouin et Armia

Tous deux blessés au « haut du corps », Joel Armia et Jonathan Drouin n’affronteront pas les Devils du New Jersey au Centre Bell.

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Jonathan Drouin et Joel Armia

Même s’ils avaient été en santé, on peut se demander si l’un ou l’autre n’aurait pas sauté son tour. Le Québécois a été le joueur le moins utilisé de son camp samedi dernier contre les Penguins de Pittsburgh. Il n’a plus vu d’action après le but égalisateur de Sean Monahan, à cinq minutes de la fin de la troisième période, sur lequel il a obtenu une mention d’aide par ailleurs. On ne sait pas si c’est sa blessure qui l’a contraint au banc.

Armia, lui, était sur la glace jusque dans les derniers instants de la troisième. Or, il n’a encore récolté aucun point en sept matchs cette saison. À cinq contre cinq, il n’a été présent sur la patinoire pour aucun but de son équipe.

L’absence des deux attaquants coïncide avec le retour au jeu de Juraj Slafkovsky, qui a raté les deux derniers matchs en raison d’une suspension.

Le gardien Jake Allen, par ailleurs, affrontera les Devils.