La belle chimie entre Nick Suzuki, Cole Caufield et Kirby Dach constitue une bonne nouvelle pour plusieurs, mais une source de préoccupation pour d’autres.

L’acquisition de Dach cet été, en retour d’un choix de première ronde, 13e au total, obtenu au préalable pour Alexander Romanov, devait permettre au Canadien de mettre la main sur l’éventuel deuxième centre de l’équipe derrière Suzuki.

L’échantillon est encore mince, les succès de ces trois jeunes joueurs ensemble annoncent peut-être le super premier trio d’avenir de l’organisation.

En quatre matchs depuis sa promotion au sein de ce trio, à titre d’ailier droit, Dach, 21 ans, a amassé sept points, pour porter son total à dix points en douze rencontres. Suzuki, 23 ans, a obtenu huit points, dont cinq buts, et Caufield, 21 ans, sept points, dont trois buts.

Un conseil ? Apprécions leur jeu et remettons à demain les inquiétudes. Les combinaisons ont le temps de changer mille fois au cours de l’hiver.

Profitons aussi de l’extraordinaire épanouissement de Nick Suzuki. La saison est jeune, mais le jeune homme occupe le 16e rang des compteurs de la LNH avec 15 points en 12 matchs, à deux points du 8e rang. Il totalise 48 points en autant de rencontres depuis l’arrivée de Martin St-Louis.

À ses détracteurs qui voyaient en lui un troisième centre au sein d’une équipe championne, vous risquez d’être déçus. Le Canadien a enfin son gros centre numéro un attendu depuis des décennies. Aucun centre du Canadien n’a amassé plus de 75 points depuis Vincent Damphousse en 1997. Un quart de siècle. Suzuki produit à un rythme de 102 points à l’heure actuelle.

Mais revenons à la question initiale. Qui pourrait remplir le rôle de deuxième centre à long terme (avec probablement un ailier de puissance comme Juraj Slafkovsky) si Kirby Dach s’avérait l’ailier droit permanent de Suzuki et Caufield ? Et aussi, surtout, quels devraient être ses attributs ?

Sean Monahan a 28 ans, mais il deviendra joueur autonome sans compensation à la fin de la saison. Après un départ sur les chapeaux de roue, il a ralenti récemment, avec un point à ses cinq derniers matchs. On l’a surtout accueilli pour le choix de première ronde qui l’accompagnait. Il sera sans doute échangé à la date limite des transactions s’il reste en santé.

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Sean Monahan

Christian Dvorak, 26 ans, constitue un autre candidat à un échange. En espérant qu’il joue de façon à augmenter sa valeur. Outre son match de trois buts à St-Louis, Dvorak a une seule passe à ses onze autres parties.

Deux candidats intéressants à long terme ont été repêchés en 2022. Owen Beck, 33e choix au total, le premier de la deuxième ronde, a épaté au camp d’entraînement. Ce jeune homme de 5 pieds 11 pouces et 191 livres, un gabarit semblable à celui de Nick Suzuki au même âge, a montré une belle maturité à son premier camp.

On vantait son jeu défensif lors du repêchage, mais certains remettaient en question son potentiel offensif, puisqu’il avait obtenu 51 points, dont 21 buts, en 68 matchs pour les Steelheads de Mississauga à son année d’admissibilité. Il a amassé 19 points, dont 10 buts, en seulement 12 matchs jusqu’ici cette saison, dont 15 points à ses 7 dernières rencontres.

Filip Mesar a été repêché huit rangs avant Beck, au 26e rang de la première ronde. Ce compatriote slovaque et ami de Juraj Slafkovsky a sagement été renvoyé dans les rangs juniors, en Ontario lui aussi, où il a accumulé 8 points en 5 matchs. Mesar, 18 ans comme Beck, est néanmoins utilisé au centre comme à l’aile avec Kitchener. À 5 pieds 9 pouces et 176 livres, peut-être préférera-t-on l’employer à l’aile dans la LNH.

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Filip Mesar

Le prochain deuxième centre pourrait aussi être repêché en 2023. De nombreux centres seront disponibles dans le top 10, parmi lesquels les deux stars attendues, Connor Bedard et Adam Fantilli, mais aussi Leo Carlsson, Matthew Wood Brayden Yager, Calum Ritchie et Will Smith.

Avec ses trois défaites consécutives, Montréal vient de glisser au 23e rang du classement général. Il se retrouve à un point du 19e… mais aussi à deux points du 29e. Il choisirait au 10e rang si le repêchage avait lieu aujourd’hui, avec 3,5 % de chances de remporter la loterie. Attendez-vous à des fluctuations au cours des prochains mois.

La montée en puissance du Canadien dépendra-t-elle d’un Bedard ou d’un Fantilli, en bref, faudra-t-il un monstre à deux têtes au centre pour espérer une Coupe Stanley éventuellement ?

L’exemple des Penguins de Pittsburgh, avec Sidney Crosby et Evgeni Malkin, a sans doute faussé les perceptions ces dernières années. Prenons les équipes dominantes des saisons récentes.

Le Lightning a pris son envol lorsque Brayden Point a explosé. Point a connu une saison de 92 points en 2019, mais jamais plus de 66 points en carrière sinon, quoiqu’il n’a pas disputé de saison complète depuis cette fantastique saison. Derrière lui, Anthony Cirelli demeure un centre rapide et brillant défensivement, mais il cherche toujours, à 25 ans, à atteindre la marque des 45 points.

L’Avalanche possède l’un des meilleurs centres de la LNH en Nathan MacKinnon, mais le second de l’équipe lors des trois années précédentes, Nazem Kadri, obtenu fin vingtaine dans un échange, ne produisait pas à un rythme très impressionnant avant sa saison de 87 points l’an dernier. On s’en remettait au jeune Alex Newhook en début de saison, mais on vient de le muter à la gauche d’Evan Rodrigues, désormais au centre de la deuxième unité.

Avant l’arrivée de Jack Eichel l’hiver dernier à Vegas, les Golden Knights s’en remettaient à William Karlsson et Chandler Stephenson. Ils ont atteint une finale et deux carrés d’as en cinq ans d’existence.

D’autres exemples ? Charlie Coyle comme deuxième centre à Boston derrière Patrice Bergeron en l’absence de David Krejci, lui-même pas le centre offensif le plus explosif ; Ryan Strome, et désormais Vincent Trocheck, comme deuxième centre des Rangers ; Trocheck, puis Jesperi Kotkaniemi, derrière Sebastian Aho en Caroline et enfin, Ryan O’Reilly et Brayden Schenn au centre de deux trios offensifs des Blues lors de leur conquête de la Coupe en 2019.

Mais la plupart de ces clubs possédaient au moins un défenseur offensif de premier plan, beaucoup de profondeur à toutes les positions, un jeu collectif, du leadership et une volonté de vaincre supérieure à la moyenne.

Rem Pitlick l’agneau sacrifié

Les choses changent vite dans le monde du hockey. Obtenu au ballottage en janvier, Rem Pitlick a amassé 26 points en 46 matchs l’an dernier, 46 points au pro rata d’une saison complète. Martin St-Louis n’hésitait pas à l’employer dans des missions importantes. On lui a offert cet été un contrat garanti de deux ans, moyennant 1,1 million par saison, et envoyé Ryan Poehling à Pittsburgh dans l’échange de Jeff Petry de façon à obtenir la souplesse salariale pour le retenir.

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Rem Pitlick

Mais Pitlick n’a pas connu un très bon camp d’entraînement et il a été blanchi dans les sept matchs auxquels il a pris part, lorsqu’il n’était pas rayé de la formation.

Afin de réintégrer Evgenii Dadonov dans la formation, on l’a soumis au ballottage lundi matin afin de le renvoyer dans la Ligue américaine, une opération nettement moins complexe que de trouver preneur pour Dadonov, Jonathan Drouin ou Mike Hoffman.

On ne pleurera sans doute pas si une formation réclame Pitlick au ballottage, et libère ainsi le CH d’un contrat de deux ans supérieur à un million annuellement, mais une organisation devra vraisemblablement voir de grandes qualités en lui pour s’encombrer de son contrat. Outre sa production étonnante de l’an dernier, Pitlick n’a jamais pu s’établir dans la Ligue nationale.

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