(Gander, Terre-Neuve-et-Labrador) Vous commencez à trouver que c’est beaucoup, huit matchs préparatoires ? Rassurez-vous : Kent Hughes est d’accord avec vous !

Le Canadien conclura samedi, à Bouctouche, un calendrier préparatoire aux allures de marathon. L’équipe aura disputé huit matchs – le maximum permis dans la convention collective – dans cinq villes, réparties dans quatre provinces, tout ça en moins de deux semaines.

Le problème : ce calendrier était déjà essentiellement décidé quand Hughes et Jeff Gorton sont arrivés en poste. « On est déjà en train de travailler sur le calendrier de l’an prochain », a lancé Hughes, croisé pendant le premier entracte jeudi.

Ce qu’il a demandé à la ligue pour l’an prochain ? Un calendrier de six matchs. Il n’est pas dit que la LNH acceptera, cependant.

On va vouloir partir du bon pied et avoir plus de temps pour s’entraîner. Avec la COVID-19, on n’a pas eu le temps de travailler sur l’avantage numérique quand Martin [St-Louis] est arrivé l’an dernier. On a fini, quoi, 31es et 32es dans les unités spéciales ?

Kent Hughes, directeur général du Canadien

En fait, le Tricolore a fini 31e en avantage et 27e en désavantage numérique. Le manque de temps d’entraînement n’explique pas tout, remarquez, parce que d’autres équipes avaient aussi des enjeux liés au calendrier. Mais disons que le Canadien de l’an dernier, comme celui de cet automne, aurait bien plus besoin de temps d’entraînement que de matchs préparatoires.

« Ça dépend où tu en es dans ton cycle, rappelle Hughes. Au Colorado, par exemple, ils sont dans leur fenêtre pour gagner et ils vont avoir la meilleure préparation possible pour le premier match de la saison. »

Ailleurs dans la LNH

Hughes fait bien de citer l’exemple de l’Avalanche. Les champions en titre disputent seulement six rencontres préparatoires, dont deux le même jour, ce qui s’appelle un split squad dans le jargon.

La convention collective de la LNH stipule que les équipes disputent entre six et huit rencontres préparatoires. Les Predators de Nashville n’en ont joué que cinq, mais ils ont eu droit à une dérogation, puisqu’ils amorcent leur saison à Prague.

Non seulement les équipes qui disputent huit matchs sont minoritaires, mais parmi elles, trois disputent deux matchs la même journée. Il n’y a donc que quatre équipes, dont le CH, qui disputent huit matchs sur huit jours différents.

À l’autre extrémité du spectre, la moitié des équipes disputent le minimum de six matchs, et quatre d’entre elles condensent deux matchs une même journée.

Les Maple Leafs ont quant à eux opté pour sept matchs, dont deux le même jour. Les Torontois ont d’ailleurs droit à deux séquences de trois jours de suite sans matchs pendant le calendrier préparatoire. Le Canadien n’a jamais eu plus qu’une journée entre les matchs.

« Les dirigeants et les joueurs ont compris des choses avec la pandémie, a avancé Sheldon Keefe, l’entraîneur-chef des Leafs, lors de la visite du Tricolore à Toronto. Lors des séries de 2020 dans la bulle ici, nous avions joué un seul match préparatoire. Et lors de la saison qui a suivi, nous n’en avions tout simplement pas joué avant le début du calendrier. Avec ce qu’on a vécu, on a compris que les joueurs n’avaient pas besoin de tant de matchs que ça. »

PHOTO FRANK GUNN, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Sheldon Keefe, entraîneur-chef des Maple Leafs de Toronto

Keefe rappelle cependant que les impératifs sportifs ne sont qu’une partie de l’équation. « Quand vient le temps d’élaborer le calendrier, il y a aussi l’aspect commercial à considérer », prévient-il. Des propos corroborés par Pierre Dorion, le directeur général des Sénateurs, qui font eux aussi le voyage à Gander et à Bouctouche pour boucler le calendrier préparatoire.

« C’est bon pour notre marque d’être ici », nous soulignait Dorion, jeudi. Par contre, ces matchs disputés loin de la maison alourdissent le calendrier. « On le fait seulement si ça arrive au début ou à la fin du camp, a-t-il rappelé. On ne viendrait pas si c’était en plein milieu du camp. »

Hughes reconnaît aussi que le voyage de cette semaine vient avec des inconvénients. Il ne l’a pas précisé, mais on devine que le fait d’avoir dû annuler l’entraînement de mercredi en fait partie. Par contre, cette même journée, son équipe a passé la soirée au salon de quilles de Gander.

« Si on n’était pas ici, on serait chez nous en train de travailler sur les unités spéciales, soumet-il. Mais c’est bon pour l’esprit d’équipe et c’est bon que les joueurs reviennent à leurs racines, dans les petits arénas. »

Le point de vue des joueurs

De leur côté, les joueurs consultés pour cet exercice hautement scientifique étaient unanimes : plus de matchs, plus d’agrément.

« C’est bon de jouer des matchs pour pouvoir connaître les tendances des gars, surtout pour les nouveaux comme moi, affirme le défenseur du Canadien Michael Matheson. Et de toute façon, pendant la saison, on va souvent jouer trois matchs en quatre soirs. C’est donc une bonne façon de se préparer pour vrai. »

« Si tu demandes aux joueurs, je suis sûr qu’ils te diront tous qu’ils veulent jouer des matchs, parce que c’est ce qui est plaisant. Mais les entraînements sont aussi importants », a lancé le défenseur des Leafs Mark Giordano.

« Pour ma part, je préfère jouer des matchs, me mettre dans le bain le plus possible. Si tu es un vétéran et que ton équipe joue huit matchs préparatoires, tu en joueras quatre, peut-être cinq. Plus la saison approche, plus tu dois t’entraîner et jouer avec des joueurs avec qui tu seras appelé à évoluer. »

Il faudra voir de quelle façon ces équipes amorceront la saison avant de déterminer quel format est le meilleur. Mais les Maple Leafs seront certainement bien rodés quand ils débarqueront au Centre Bell mercredi prochain.