La banderole du chandail retiré de Mike Ribeiro ne se trouve plus dans les hauteurs de l’aréna Glencore, domicile des Huskies de Rouyn-Noranda. Il s’agit d’une décision « préventive », dit l’organisation, alors que son ancienne vedette fait face à deux chefs d’accusation d’agression sexuelle.

L’information a d’abord été rapportée par Radio-Canada Abitibi-Témiscamingue, mercredi après-midi. Joint ensuite au téléphone par La Presse, le directeur opérationnel des Huskies, Gilles Bérubé, a indiqué avoir pris la décision au courant de l’été.

« C’est une décision préventive, fait-il savoir. Sauf que cet été, la nacelle était dans l’aréna pour changer les lumières du plafond. En même temps, j’ai demandé aux gars de décrocher [la banderole]. Elle est dans mon bureau présentement. Je la vois, elle est à côté de moi, elle est bien roulée. »

En mai dernier, The Dallas Morning News rapportait que Ribeiro faisait une fois de plus face à la justice. Le quotidien texan racontait que l’ancien du Canadien aurait agressé une première femme « avec son doigt » et une autre avec son « organe sexuel » à la fin du mois de juin 2021, dans l’est du Texas. Le Montréalais avait été arrêté le 28 avril, puis libéré après avoir payé sa caution de 200 000 $. Aucune décision n’a encore été rendue dans le dossier.

« Embarquer la nacelle sur la glace, c’est un peu à risque et il y a un coût qui vient avec ça, indique M. Bérubé. Ce n’était pas contre Mike Ribeiro du tout. C’était une question financière et d’image. Avec tout ce qui se passe… »

« On ne voulait pas que ça arrive début décembre, qu’il soit [coupable] et que ça me prenne un mois avant de l’enlever », ajoute-t-il.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER @JMBELZILE

Un carton grandeur nature de l’ancien capitaine de l’équipe en 2019, Rafaël Harvey-Pinard, a aussi été placé devant une grande bannière de Ribeiro, dans le bureau de M. Bérubé à l’aréna.

L’hiver prochain, l’organisation prévoit retirer le chandail de Marc-André Bourdon, ancien joueur et directeur général des Huskies désormais recruteur pour le Lightning de Tampa Bay. Ce sera là une occasion de remettre la banderole de Ribeiro au plafond, s’il a été déclaré non coupable à ce moment.

« On ne la jette pas aux poubelles, elle n’est pas officiellement retirée. On ne donne pas ce numéro-là à d’autres joueurs tant qu’[il n’est pas reconnu coupable]. »

Si Ribeiro est reconnu coupable, toutefois, « c’est sûr » que la banderole ne retrouvera pas sa place dans l’aréna. « On espère que c’est faux et qu’on puisse la remettre. Il n’y avait que deux banderoles de joueurs dans les hauteurs », ajoute M. Bérubé.

Pas de plaintes

L’organisation des Huskies n’avait reçu aucune demande de la part de partisans, joueurs ou membres de l’organisation pour retirer la banderole après la diffusion de la nouvelle, en mai. C’est Gilles Bérubé qui a pris la décision.

La première fois que quelqu’un m’a posé une question, c’était pendant les matchs préparatoires. Il n’y a pas grand monde qui l’a remarqué.

Gilles Bérubé, directeur opérationnel des Huskies de Rouyn-Noranda

M. Bérubé a été propriétaire d’entreprises pendant 20 ans avant de se joindre aux Huskies, en 2019. « J’ai déjà eu des cas d’agressions, pas nécessairement sexuelles, dans mes entreprises, et je n’ai jamais accepté ça. J’ai toujours puni ces gens-là d’une autre manière. Il n’y avait pas de bannière, mais ils ont un job ou des bénéfices qu’ils ont perdus pendant ce temps-là. »

Ribeiro a été l’un des plus grands joueurs de l’histoire des Huskies de Rouyn-Noranda. À ses deux premières saisons avec les Huskies, en 1997-1998 et 1998-1997, il a inscrit respectivement 125 et 167 points.

« C’est un joueur qui a été marquant pour Rouyn. Il était vraiment dans une classe à part comme joueur de hockey. […] Quand je venais à l’aréna, je venais voir jouer Mike Ribeiro et les Huskies. C’était un spectacle de le voir, les patins pas attachés.

« C’est probablement le plus grand joueur que les Huskies ont eu, qu’il soit coupable ou pas. »

Ribeiro n’en est pas à ses premiers démêlés avec la justice en lien avec des agressions sexuelles. En 2015, une nounou ayant travaillé pour la famille Ribeiro avait accusé l’ex-hockeyeur et sa femme d’avoir dissimulé son agression, qui aurait eu lieu en 2012. La poursuite avait été réglée devant un arbitre.