Après avoir explicitement affirmé que « des démissions » étaient nécessaires parmi les dirigeants de Hockey Canada, la ministre fédérale des Sports Pascale St-Onge n’a pas été impressionnée par la défense qu’a offerte la présidente intérimaire du conseil d’administration de l’organisme.

À quelques semaines d’une élection dans laquelle les neuf sièges du C.A. seront en jeu, l’élue s’en remet aux membres de Hockey Canada, soit les 13 fédérations représentant les provinces et territoires du pays, pour procéder au « ménage que les Canadiens attendent ».

« Ce qu’on a entendu aujourd’hui, évidemment, ce n’est pas ce que j’espérais des audiences », a dit la ministre en mêlée de presse à Ottawa. L’ex-président du C.A. de Hockey Canada, Michael Brind’Amour, ainsi que sa successeure par intérim, Andrea Skinner, ont été interrogés pendant deux heures par les membres du comité du Patrimoine.

Mme Skinner s’est montrée particulièrement tranchante, accusant les médias et la classe politique de faire de la « désinformation ». La réplique de la ministre ne s’est pas fait attendre : « Ce qui leur arrive présentement, et les enquêtes que mes collègues mènent, ce n’est pas un jeu politique et ce n’est pas la faute des médias non plus. »

À la suite des témoignages des dirigeants de l’organisme, « personnellement, je n’ai pas confiance que cette organisation-là, avec les leaders actuels, a la capacité de se renouveler », a-t-elle ajouté.

« Des nouvelles perspectives »

Interrogée par des journalistes sur le refus de Hockey Canada d’écouter les doléances d’Ottawa, Mme St-Onge a convenu que le C.A. n’avait manifestement « aucune intention de changer la direction ». D’où son appel aux membres, qui seront appelées à voter pour les nouveaux administrateurs en novembre. Chaque fédération possède un certain nombre de droits de vote, plus ou moins dicté par la taille de la population qu’elle représente.

La ministre a rappelé que les fédérations nationales étaient souveraines et que la classe politique ne pouvait nommer ses administrateurs. Il lui est toutefois possible de diminuer ou de geler son financement public — ce qu’a d’ailleurs fait le gouvernement du Canada en juin dernier.

La députée de Brome-Missisquoi à la Chambre des communes s’est également peu émue de l’argument de la « stabilité » invoqué par Mme Skinner. Cette dernière s’est notamment appuyée sur l’élection imminente pour garder la direction en place.

« Il y a eu de la stabilité, dans les dernières décennies, au sein de Hockey Canada, ce qui a permis à cette culture-là d’être bien installée, d’être bien implantée, a encore dit l’élue. Et en ce moment, ce qu’on entend, c’est qu’il y n’a aucune reconnaissance par les leaders de l’organisation comme quoi leur gestion a participé à protéger des joueurs devant leur responsabilité face aux allégations. Donc je pense que la stabilité n’a pas été profitable pour l’organisation.

« Ça prend au contraire de nouvelles personnes, des nouvelles perspectives, et sûrement des experts en gouvernance et des experts aussi sur la prévention des violences sexuelles. »

Avec la collaboration de Mélanie Marquis, La Presse