Moins de 10 minutes ont suffi au dépouillement des voix avant que la Coalition avenir Québec soit officiellement reconduite au pouvoir. Incroyablement, les Maple Leafs de Toronto ont été encore plus expéditifs.

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Il n’y a pas grand-chose à dire de la performance d’équipe du Canadien contre ses éternels rivaux, ressortis gagnants 5-1 contre un club nettement inférieur. Après moins de 3 minutes, c’était 1-0 pour les visiteurs. Avant la mi-période, c’était 2-0. Affaire entendue.

Mieux vaut donc chercher ailleurs pour un point d’intérêt. Au moins, personne n’a eu à chercher trop loin ni trop longtemps.

Juraj Slafkovsky a disputé, et de loin, son meilleur match du calendrier présaison. Visible d’un bout à l’autre de la rencontre, il a montré ce qui a tant fait rêver les recruteurs montréalais, au point d’en faire le premier choix au total du dernier repêchage. Des passes lourdes qui trouvaient ses partenaires de trio. Une capacité à créer de l’espace afin de se poser en cible. Une protection de rondelle au-dessus de la moyenne, bien alimentée par son solide gabarit. Et une vitesse qui suscite l’admiration.

Il a même fini la soirée avec un point, son premier du camp d’entraînement. Une mention d’aide un peu chanceuse obtenue sur un but pas très joli de Jonathan Drouin — une « vidange », dixit le Québécois —, mais qu’il avait précédée d’une montée au filet autoritaire.

Le jeune homme aurait ajouté un but après avoir accepté une passe parfaite de Mike Hoffman à deux contre un, mais le gardien Matt Murray a étiré la mitaine et frustré l’attaquant du Tricolore.

« Je ne savais pas si je devais en rire ou en pleurer, a blagué Slafkovsky après la rencontre. J’étais certain que ça rentrerait… »

Il a décrit son quart de travail comme sa « meilleure performance jusqu’ici », mais a assuré que cette démonstration était « loin de la manière dont [il peut] jouer ».

Voilà deux bonnes nouvelles.

« Il sera un excellent joueur pendant longtemps dans cette ligue », a prédit Kirby Dach, qui pilotait le trio complété par Slafkovsky et Hoffman.

Il est gros, il est humble, il travaille fort et, évidemment, il a beaucoup d’habiletés.

Kirby Dach, au sujet de Juraj Slafkovsky

« Je pense qu’il a franchi un grand pas, a pour sa part estimé le défenseur Michael Matheson. Ce n’est pas facile pour lui : il a l’air d’avoir 28 ans, mais il n’en a que 18 ! Je pense qu’il a atteint un autre niveau ce soir. Ce sera bon pour sa confiance. »

Apprentissage

Malgré tout cet enthousiasme, il y a lieu de recadrer un tout petit peu les choses.

Que cette performance survienne contre un effectif quasi complet des Leafs est bien sûr encourageant. Mais il importe de mentionner que le trio de Dach a surtout été opposé aux troisième et quatrième trios torontois. À son premier match, les principaux adversaires de Slafkovsky étaient aussi les meilleurs éléments des Devils du New Jersey. À son deuxième, il s’était mesuré à l’unité de William Nylander et avait principalement lutté contre Morgan Rielly à cinq contre cinq. Contre Victor Mete, lundi soir, c’était autre chose.

Entre le premier trio du Canadien et le premier trio du Rocket de Laval, qui semblent curieusement les deux seules possibilités évoquées par les débatteurs les plus féroces, il y a donc une zone grise, dont Slafkovsky peut, de toute évidence, profiter. Les apprentissages seront encore nombreux. En fait, ils ont déjà commencé.

« Nous avons eu de multiples discussions, lui et moi, tout au long du match, a rapporté Josh Anderson. J’ai aimé ce que j’ai vu. En deuxième et en troisième périodes, il semblait utiliser son corps un peu plus, il sautait sur la rondelle. Il avait l’air un peu plus confiant aussi avec la rondelle, il essayait de l’amener le plus proche possible du but. »

Pour un joueur de 18 ans, le principal défi est de « trouver son rôle dans la LNH », a poursuivi Dach, qui est lui-même passé par là chez les Blackhawks de Chicago. « C’est ce qu’il fait en ce moment, et ça commence à paraître. »

Pour les jeunes joueurs, il est souvent question de laisser le temps au jeu de « ralentir ». Aussi bien dire de trouver ses repères, son aisance. « Tu ne peux pas forcer ça », a expliqué Martin St-Louis.

À ses yeux, Slafkovsky doit encore apprendre à « créer de l’espace » autour de lui, surtout vu son coup de patin. « Dans l’espace, la vitesse, c’est de l’or, a renchéri l’entraîneur-chef. Quand tu as cet espace, tu as le temps, et la game ralentit. Il y a des joueurs qui le font naturellement. Pour d’autres, ça prend plus de temps. »

On peut se douter que ça prendra plus de trois matchs présaison pour y arriver. Mais de voir Slafkovsky prendre du galon, c’est un peu (beaucoup) ce dont les partisans auront besoin pour survivre à ce qui s’annonce comme une longue, longue saison.

Dans le détail

PHOTO DAVID KIROUAC, USA TODAY SPORTS

Sean Monahan (91)

Un premier en sept mois pour Monahan

On avait hâte de voir de quoi aurait l’air Sean Monahan, acquis des Flames de Calgary en retour de considérations futures. L’Ontarien a pu chasser la rouille en disputant son premier match depuis le 31 mars 2022. Il a connu certains moments plus difficiles, notamment sur le deuxième but de William Nylander, mais a également eu de bons moments. On l’a vu sauver une échappée grâce à un bon repli en première période et faire une passe savante à Evgenii Dadonov, seul devant le filet, en fin de deuxième période. Il s’est également échappé seul devant Matt Murray au troisième tiers. Si Martin St-Louis s’est contenté de dire qu’il avait aimé le jeu du joueur de centre, Jonathan Drouin s’est chargé des compliments : « J’ai tout le temps aimé sa game quand il jouait à Calgary. C’est mon style de centre, qui va autour du filet, est capable de trouver des chances de marquer dans l’enclave. Il est bon sur les mises en jeu aussi. Il a connu un bon premier match avec nous et c’est juste de bâtir sur ça. »

Matt Murray maintient ses habitudes

Au cours des trois dernières saisons, Matt Murray a été un des gardiens réguliers les moins efficaces de la Ligue nationale. Mais ça n’a pas paru, lundi soir. Le cerbère de 28 ans a reçu un volume de tirs important (30), ne flanchant qu’une seule fois sur un retour de lancer, alors que la rondelle a fait plusieurs bonds devant lui. Il a carrément volé Juraj Slafkovsky lors d’une descente à deux contre un en deuxième période et s’est imposé devant Monahan, qui s’amenait seul en troisième période. Murray a l’habitude de connaître de bonnes soirées de travail quand il affronte le Canadien : il compte 8 victoires en 11 affrontements face au CH en carrière, pour un taux d’arrêts de ,931 et une moyenne de buts accordés de 2,07.

Mike Matheson, déjà important

La saison n’est pas encore commencée, mais Mike Matheson s’avère déjà un rouage important à la ligne bleue du Canadien. Le défenseur de 28 ans, devenu soudainement un mentor en passant des Penguins au Canadien dans l’échange de Jeff Petry, a encore été le joueur le plus utilisé (22 minutes) par Martin St-Louis. Voilà un aperçu du rôle qu’il aura à jouer cette saison. Jonathan Drouin, qui a joué avec lui dans les rangs midget, a vanté ses qualités de leader et sa vitesse. « Il patine comme le vent, comme on dit. C’est dur pour un attaquant quand un défenseur est mobile comme ça », a-t-il noté, affirmant que « c’était un gros échange de Kent [Hughes] et ça va nous porter fruit cette année ».

Le match en un coup d’œil

En hausse : Kirby Dach

PHOTO DAVID KIROUAC, USA TODAY SPORTS

Kirby Dach (77)

Certes, son trio profitait d’une opposition favorable, mais Kirby Dach s’est révélé un pivot efficace pour Juraj Slafkovsky et Mike Hoffman. Il a aussi fait bonne figure au cercle de mises en jeu (50 %).

En baisse : Justin Barron

PHOTO DAVID KIROUAC, USA TODAY SPORTS

Justin Barron

Après un bon match samedi, c’était franchement plus difficile contre les Maple Leafs, même s’il a peu joué contre le trio d’Auston Matthews. Il est difficile de se faire une idée sur ce jeune homme qui a déjà disputé quatre des cinq matchs préparatoires jusqu’ici.

Le chiffre du match : 80 %

Le Canadien n’a pas dominé grand-chose dans ce match, à l’exception des mises en jeu. Menés par Christian Dvorak (80 %), les locaux ont remporté presque les deux tiers des duels de la soirée.