(Toronto) Comptez Serge Savard parmi ceux qui souhaitent voir des changements à la tête de Hockey Canada.

L’ancien défenseur et directeur général du Canadien faisait partie des joueurs invités au ScotiaBank Arena, mercredi, pour marquer le 50e anniversaire du but gagnant de Paul Henderson dans le huitième match de la Série du siècle, scellant l’issue de la série.

Mais comme dans tout évènement où l’on voit des chandails avec la feuille d’érable, le sujet a fini par revenir sur le tapis, sachant le malaise ambiant que suscite l’instance canadienne du hockey.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER @MAPLELEAFS

Serge Savard (quatrième à partir de la droite)

Pour Savard, Hockey Canada a encore le pouvoir de fédérer les Canadiens, mais à condition qu’il y ait des changements au sommet.

« C’est comme si Bell Canada ou toute autre entreprise changeait de direction. Ça ne changera pas la compagnie. Hockey Canada ne changera pas. Le problème de Hockey Canada, et peu de gens en ont parlé, c’est que c’est un petit boys club », a confié Savard à La Presse.

« J’ai parlé à la ministre [des Sports, Pascale St-Onge] la semaine passée à Ottawa. Je lui ai dit : “Lâchez pas.” Hockey Canada va rester là, il faut changer les dirigeants, c’est tout. »

À ce sujet, de nouvelles audiences auront lieu le 4 octobre devant le Comité permanent du patrimoine canadien, chargé de faire la lumière sur la gestion de Hockey Canada. Cette fois, l’ancien président de l’organisme, Bob Nicholson, a été convoqué, tout comme Michael Brind’Amour, ancien président du conseil d’administration, de même que sa remplaçante intérimaire, Andrea Skinner.

« Hockey Canada est nécessaire pour régir le hockey canadien, a poursuivi Savard. Mais ça devrait être mieux structuré, avec des mécanismes de surveillance. Tu vas chercher des subventions, le gouvernement envoie des 10, 15 millions de dollars par année. Il faut que tu aies un droit de regard là-dessus. Mais ça va revenir. »

Savard déplore que des membres de la direction s’accrochent à leur poste. « Ils ne veulent pas lâcher, ce sont de belles jobs », rappelle-t-il.

Celui que l’on surnomme le « Sénateur » n’a pas nommé qui que ce soit. Mais le cas de Scott Smith illustre bien la situation. Président et chef de la direction de HC, Smith a été vertement critiqué plus tôt en septembre pour être allé remettre les médailles d’or aux joueuses d’Équipe Canada victorieuses au Championnat du monde féminin.

Deux mondes

En plus d’être présentés à la foule en avant-match du duel préparatoire Canadien-Maple Leafs, les membres de l’équipe de 1972 ont participé à un point de presse organisé par les Leafs en après-midi. Les uns après les autres, ils ont insisté sur l’effet rassembleur de leur victoire contre les Soviétiques.

PHOTO GUILLAUME LEFRANÇOIS, LA PRESSE

Des membres d’Équipe Canada 1972

Savard lui-même a réitéré ce qu’il avait avancé il y a trois semaines, soit que l’équipe de 1972 avait uni les Canadiens derrière leur nouveau drapeau unifolié.

« Au début, tout le monde disait qu’on allait gagner tous les matchs. Mais si ça s’était passé comme ça, je ne sais pas si on serait ici ce soir, a-t-il avancé. Ç’a été une série très difficile. N’oubliez pas que le drapeau du Canada était controversé à l’époque. Et à partir du moment où on a mis ce drapeau sur notre chandail et qu’on a gagné la série, on n’a plus entendu un mot là-dessus. »

Équipe Canada de 1972 en a fait beaucoup pour unir le pays, et j’en suis très fier.

Serge Savard

Pete Mahovlich, en verve, en a rajouté. « À l’époque, j’habitais au Québec et on parlait de séparation. Il y avait beaucoup de problèmes, et du jour au lendemain, ces enjeux ont été mis de côté et on est redevenus canadiens. »

Ken Dryden a quant à lui rappelé que 16 millions de Canadiens, sur une population de 22 millions, ont regardé la rencontre, et ce, même si elle était jouée en semaine, de jour, « pendant les heures de travail et d’école ».

PHOTO DAN HAMILTON, USA TODAY SPORTS

Serge Savard, Ron Ellis, Ken Dryden et Paiul Henderson

Le contraste était donc grand par rapport à l’époque où les instances du hockey canadien rassemblaient au lieu de diviser. Les journalistes sur place au dernier Championnat du monde junior, cet été, ont d’ailleurs fait état d’une atmosphère au mieux tiède, dans un évènement qui passionne généralement le Canada d’un océan à l’autre. Le scandale touchant la fédération n’est évidemment pas l’unique facteur – tenir un tournoi en plein été posait un défi en soi. N’empêche que c’était le tournoi de l’éléphant dans la pièce.

À en juger par la tenue de nouvelles audiences la semaine prochaine, l’éléphant est encore bien présent.