Vivement le premier match préparatoire, lundi soir au Centre Bell contre les Devils du New Jersey !

Les rencontres intra-équipe constituent un certain divertissement, mais il faut éviter de tirer des conclusions hâtives à la suite des matchs intra-équipe, surtout avec les vétérans.

Ils paraissent généralement tous en grande forme à cette étape-ci. Mais que Michael Matheson marque un joli but en contournant un trio de joueurs de Ligue américaine ou que Brendan Gallagher batte un défenseur de calibre junior n’annonce rien.

Gallagher et David Savard semblent avoir perdu en volume pour gagner un peu en vitesse, mais il faudra attendre encore un peu avant d’en avoir la certitude.

On pourrait appliquer la même mise en garde à l’égard des jeunes. Le défenseur Arber Xhekaj ne cesse d’impressionner depuis le début du tournoi des recrues, mais il faudra le voir contre les Nico Hischier, Jack Hughes et compagnie avant de le consacrer au sein du top six défensif.

Il y a d’ailleurs plusieurs étapes à franchir pour un espoir au cours d’une saison, et à chaque palier le niveau monte d’un cran :

  1. Le tournoi des recrues.
  2. Les matchs intra-équipe.
  3. Les premiers matchs préparatoires.
  4. Les derniers matchs préparatoires.
  5. La première moitié de saison.
  6. La deuxième moitié de saison.
  7. Les séries éliminatoires.

Il y a d’ailleurs un fossé entre un calibre de jeu d’un match intra-équipe dénudé de contact avec des joueurs de tous les niveaux et un premier match de séries éliminatoires de la Coupe Stanley.

Les matchs intra-équipe, dont le dernier avait lieu dimanche après-midi au Centre Bell, ne sont pas totalement inutiles non plus. La direction de l’équipe n’épie pas ses joueurs pour rien. Elle peut, en premier lieu, permettre de mesurer entre eux les jeunes en lutte pour un poste.

À cet égard, on peut poser de premiers constats, en gardant en tête l’éventualité de voir le portrait changer après les premières rencontres préparatoires.

En défense, où les luttes sont vives pour les trois postes disponibles, Kaiden Guhle et Jordan Harris semblent avoir une longueur d’avance sur les autres à l’aube du premier match préparatoire, lundi soir, contre les Devils du New Jersey.

Guhle, 20 ans, choix de première ronde en 2020, aura toutes les chances de se faire valoir au sein du top quatre. Il a bien paru contre ses pairs ces derniers jours, et a même eu le luxe de se reposer dimanche en prévision de la rencontre de lundi soir. Il est robuste, mobile et, même si son jeu défensif et sa robustesse demeurent ses principaux atouts, il n’a pas hésité à appuyer l’attaque à plusieurs occasions.

Harris, un gaucher, en congé lui aussi dimanche, a été placé du côté droit depuis le premier match des recrues. On semble vouloir le faire rivaliser avec le droitier Justin Barron, acquis en retour d’Artturi Lehkonen à la date limite des échanges. L’intelligence extraordinaire de Harris et sa mobilité lui permettent de contrôler le jeu de façon impressionnante. On a revu le Harris de Northeastern depuis le début du tournoi des recrues. Le vrai test commence lundi soir.

Barron possède un excellent gabarit, à 6 pieds 2 pouces, une belle mobilité et de très bons instincts offensifs. Mais il a encore montré au tournoi des recrues et lors des matchs intra-équipes les mêmes lacunes que lors de ses quelques matchs avec le CH l’an dernier : positionnement à améliorer, pas toujours les meilleures prises de décisions avec la rondelle. Il est encore très jeune, à 20 ans, comparativement à Harris, un an et demi de plus. Il sera lui aussi à l’œuvre lundi soir après une journée de repos dimanche.

Xhekaj a montré une belle mobilité pour un défenseur de 238 livres dans les matchs préparatoires et marqué un joli but à trois contre trois dimanche. Difficile de ne pas s’emballer dans le cas de ce joueur ignoré au repêchage.

Mattias Norlinder, Otto Leskinen et Gianni Fairbrother se retrouvent une case derrière. Ils n’en ont pas fait assez jusqu’ici pour détrôner l’un des quatre jeunes défenseurs cités plus haut.

Corey Schueneman a 27 ans et plusieurs saisons professionnelles dans le corps, dont 24 matchs à Montréal, et devrait en principe obtenir au minimum un poste de sixième ou septième défenseur, mais il n’entre pas dans la catégorie des vétérans.

Il n’y a pas vraiment de poste ouvert à l’attaque pour les recrues, mais les blessures, et l’audace de la nouvelle administration, pourrait permettre à des jeunes de percer. Le VP opérations hockey du Canadien, Jeff Gorton, a déclaré qu’il n’hésiterait pas à soumettre certains vétérans au ballottage si des recrues se signalaient en matchs préparatoires.

Le premier choix de l’équipe, Juraj Slafkovsky, aura toutes les chances de se faire valoir. Il a paru très confortable ces derniers jours, et on verra ce qu’il aura à donner lundi soir contre les Devils.

On semble curieux chez le CH de voir le potentiel de l’ailier suédois de 6 pieds 2 pouces, Emil Heineman, acquis dans la transaction pour Tyler Toffoli. Heineman a connu une très bonne première portion de camp. Il sera fort probablement renvoyé en Suède s’il n’obtient pas un poste à Montréal. Jesse Ylonen et Rafaël Harvey-Pinard voudront confirmer leur statut de premiers joueurs rappelés des mineures par l’organisation et ils n’ont rien fait pour décevoir jusqu’ici contre les joueurs en lutte pour le même privilège.

Les matchs préparatoires, entre autres celui de dimanche, ont permis à Anthony Richard, 25 ans, embauché cet été à titre de joueur autonome, d’attirer l’attention avec sa vitesse et ses habiletés offensives. Cet ancien attaquant des Foreurs de Val-d’Or est un joueur de carrière dans la Ligue américaine, mais il a réussi à disputer deux matchs dans la LNH avec Nashville. Il veut lui aussi cimenter son statut de réserviste incontournable.

Fraîchement repêchés au 26e et 33e rang respectivement, Filip Mesar et Owen Beck doivent désormais être considérés parmi les espoirs les plus intéressants de l’organisation, mais ils auront besoin de quelques saisons encore dans les mineures pour se développer.

À 18 ans seulement, Beck a constitué l’un des meilleurs centres au camp. Tantôt avec Harvey-Pinard et Slafkovsky, tantôt avec Anthony Richard et Jesse Ylonen, il a eu ce don de bien faire paraitre ses partenaires de trio.

Beck, un droitier de 5 pieds 11 pouces et 191 livres, a un jeu déjà complet pour un jeune de son âge. Il a produit de façon correcte l’an dernier dans la Ligue junior de l’Ontario avec 51 points, dont 21 buts, en 68 matchs. On vaudra maintenant l’y voir exploser offensivement avec Mississauga.

Mesar, le grand copain de Slafkovsky, nous montre de beaux flashs, entre autres dimanche sa passe superbe sur le but d’Alex Green. C’est un produit un peu moins fini que Beck. Il pourrait soit se joindre à la Ligue junior de l’Ontario, soit au Rocket de Laval ou encore disputer la saison en Suède. Souhaitons-lui les Rangers de Kitchener, dans les rangs juniors, où il pourra dominer à souhait.

Derrière eux, Joshua Roy, Riley Kidney et compagnie ont encore du chemin à parcourir. Mais il s’agit d’un marathon, non d’un sprint, et la progression de Roy dans la dernière année lui donne le droit d’espérer.

Des fleurs pour Shane Wright

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Shane Wright lors du repêchage de juillet dernier

Les fans du Canadien s’emballent pour Juraj Slafkovsky depuis le début du camp d’entraînement. Les partisans sont moins nombreux à Seattle, mais l’entraîneur du Kraken, Dave Haskol, se dit impressionné par le début de camp du quatrième choix au total, Shane Wright. « La majorité des gens retiendront son but (marqué à la suite d’un tir sec et vif en fin de rencontre) dans le match intra-équipe, mais moi, je me souviens de plusieurs autres choses. »

Wright aura l’occasion de mériter un poste à Seattle dès cette saison. « On va lui donner toutes les chances de le faire, sans pour autant lui imposer de pression, a déclaré Haskol aux journalistes. On veut seulement lui fournir l’occasion de jouer, d’être à son meilleur et de progresser. »

Le deuxième choix au total en 2021, Matt Beniers, semble assuré du poste de premier centre, après une fin de saison impressionnante l’an dernier. Il devrait former un trio avec Andre Burakovsky et Oliver Bjorkstrand. Wright est au centre de Jaden Schwartz et Jordan Eberle à l’entraînement.

Les succès de Wright n’enlèveraient rien à Slafkovsky, et vice versa. Deux joueurs de talent repêchés dans le top quatre, on leur souhaite une belle carrière !

À ne pas manquer

  1. Il ne fait aucun doute dans l’esprit d’Yves Boisvert, qu’Eliud Kipoche est le plus grand marathonien de tous les temps.
  2. L’ancien défenseur du Canadien et des Stars, Stéphane Robidas, servira de mentor pour les jeunes défenseurs du CH. Guillaume Lefrançois a recueilli ses propos.
  3. Filip Mesar est le premier à l’admettre, il aura besoin de deux ans pour être du calibre de la LNH. Un autre texte de notre as Guillaume Lefrançois, qui lui n’a plus de preuves à faire.