C’est seulement septembre, et le temps n’est pas encore venu de tirer de grandes conclusions, mais on va le faire pareil.

Lisez notre couverture en direct Consultez le sommaire du match

Car le Canadien en était à son premier match préparatoire, lundi soir au Centre Bell, face aux Devils du New Jersey. Ce qui marque toujours une sorte de rituel, incontournable, année après année : celui de souligner à quel point tel joueur sera un flop, à quel point tel autre va mériter une place au Temple de la renommée sur la base de ces 60 premières minutes d’un calendrier qui ne compte même pas.

Alors on ne va pas (tant) sauter dans ce train… si ce n’est que pour souligner qu’à long terme, pas tout de suite, mais à long terme, la défense montréalaise pourrait ressembler à quelque chose de bien. De très bien.

C’est ce qu’il faut retenir de cette défaite du Canadien par la marque de 2-1, qui nous a permis de bien remarquer Kaiden Guhle.

Si ce que l’on a vu de lui en ce lundi soir pluvieux devient une habitude, le jeune homme va devenir quelqu’un. Un flair évident pour le filet, une facilité à transporter la rondelle, une capacité à bien lire le jeu devant lui, bref, des qualités qui sont toutes déjà très évidentes. Il reste les petits détails à régler, comme la constance et la progression et la maturité, mais dans l’immédiat, ce défenseur de 20 ans semble bien parti.

« Il ne panique pas, on l’a bien vu, a noté le gardien Jake Allen, qui a disputé la première moitié du match. Il n’essaie pas de trop en faire. Il bouge bien avec la rondelle, il bloque des tirs. Il comprend pourquoi il est ici et quel est l’enjeu. »

De la façon dont il se comporte, pour un joueur de 20 ans… ce n’est pas tout le monde qui est comme ça.

Jake Allen, au sujet de Kaiden Guhle

Personne ne va s’attendre à ce que Guhle soit nommé pour le Norris cette saison, mais à tout le moins, si les jeunes en défense comme lui pouvaient prendre un peu de galon un peu plus rapidement que prévu, ça permettrait au moins à cette équipe de devenir un tantinet compétitive.

« C’est certain que je veux apporter un élément de jeu offensif à cette équipe, a répondu le jeune homme lundi soir. C’est sur cet aspect de mon jeu que j’ai travaillé pendant toute la saison dernière. Si je vois que je peux saisir une occasion sur la glace en attaque, je vais le faire. »

Martin St-Louis, lui, est parfaitement conscient de l’importance de bien respirer par le nez au mois de septembre.

« C’est un échantillon trop petit, a tenu à rappeler l’entraîneur du Canadien. Un match, ce n’est pas assez, alors nous allons continuer à évaluer nos joueurs. Il faut amasser un maximum d’informations pour essayer de prendre les meilleures décisions, pour le club, mais aussi pour le joueur. »

Pendant ce temps, il n’y a pas que les jeunes défenseurs qui attirent l’attention ; aussi les vieux de 28 ans comme Mike Matheson, qui a passé un peu plus de 25 minutes sur la patinoire lundi soir. Martin St-Louis a reconnu que c’est beaucoup (« de l’autre bord, Severson a joué 25 minutes aussi, alors peut-être que je suis pas fou… »), mais ce genre de chose peut arriver dans la réalité d’une défense aussi jeune que celle-ci.

Au fait, ce Matheson demeure méconnu, sans doute parce qu’il a joué dans l’ombre toute sa vie, mais lui aussi a étalé quelques belles qualités en ce lundi soir, entre autres un petit côté hargneux qu’on ne lui connaissait pas.

« C’est important pour moi de continuer à travailler sur mon jeu, a-t-il expliqué. Je veux continuer à jouer à ma façon, tout en travaillant avec les plus jeunes. »

Et Juraj Slafkovsky, dans tout ça ? Les statistiques nous parlent d’un match sans point, d’une pénalité pour avoir bousculé le gardien et d’un seul tir au but. Pas bon, pas mauvais, juste le premier match préparatoire d’un gars de 18 ans qui, bien sûr, a encore bien des trucs à apprendre.

« J’ai perdu quelques rondelles, je suis capable de faire mieux que ça, a concédé le jeune attaquant en fin de soirée. Je dois jouer mieux et aussi lancer plus souvent. »

C’est ce qu’il faut retenir de cette première audition, pour lui et pour tous les autres de son âge ou environ : le calendrier indique septembre, et il y aura d’autres occasions de s’emporter. Pour les bonnes et les mauvaises raisons.

Dans le détail

Beck : pas seulement des mises en jeu

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Owen Beck et Kevin Bahl

Le niveau de compétition a beau augmenter, Owen Beck continue à se distinguer d’étape en étape. Après avoir connu un bon tournoi des recrues, le jeune homme de 18 ans a disputé un fort match en ouverture du calendrier préparatoire. En chiffres, ça se lisait comme suit : trois tirs au but, un autre qui a frappé le poteau de plein fouet, et 59 % aux mises en jeu. Après le match, Martin St-Louis s’est fait demander si un joueur en particulier avait retenu son attention et il a immédiatement nommé Beck. « Un très bon match pour un jeune, a dit l’entraîneur-chef. Il y a de la maturité dans son jeu. » Son talent au cercle des mises en jeu était connu, mais avec son tir sur le poteau, il a rappelé qu’il possédait toute une dégaine. Beck a tout de même eu des moments où il a davantage eu l’air d’une recrue, par exemple à sa deuxième présence, quand il a tenté de plaquer Kevin Bahl, un défenseur de… 6 pi 6 po et 230 lb ! C’est plutôt Beck qui a fini sur le dos, « et c’était un bon rappel à l’ordre ! », de préciser l’espoir du Canadien.

Une lutte entre Montembeault et Primeau

Qui sera l’adjoint de Jake Allen cette saison devant le filet du Canadien ? À voir Cayden Primeau peiner pendant ses rappels la saison dernière, il était logique de croire que l’ancien choix de 7e tour pourrait passer au moins une saison de plus dans la Ligue américaine à Laval. Mais St-Louis n’est pas prêt à donner les clés de la ville à Samuel Montembeault. « On sait que Jake sera ici. Je ne dirais pas que c’est dans le ciment entre Montembeault et Primeau. On va évaluer, ils vont avoir une chance », a dit le coach après le match. Primeau a eu droit à la première chance, lundi, disputant la deuxième moitié du match. L’Américain a cédé deux fois sur 13 tirs. Difficile de le blâmer sur le premier but, que les Devils ont inscrit en avantage numérique grâce à une jolie passe à contre-courant de Jesper Bratt à Tomas Tatar dans l’enclave. Sur le deuxième but, il a été déjoué par un mauvais bond sur un patin, mais la rondelle s’est faufilée dans une mince ouverture laissée par Primeau du côté rapproché.

Nouveau rôle pour Pezzetta

Neuf secondes. C’est le temps total que Michael Pezzetta a joué en désavantage numérique la saison dernière. En un seul match préparatoire, lundi, il a passé 2 min 17 s sur la patinoire dans cette situation. À l’entraînement matinal, le charismatique attaquant racontait qu’il voyait le jeu en désavantage numérique comme une façon d’augmenter son temps d’utilisation cette saison. Pour un joueur comme lui, au statut précaire en raison du surplus d’attaquants, voilà une idée pas si vilaine. Pezzetta était sur la patinoire pour le but de Tatar, mais quelques secondes avant le filet, il avait démontré du courage en se jetant devant un tir de Bratt.

Ils ont dit

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Martin St-Louis donne des instructions à ses joueurs.

Je sais que Jordan peut jouer à droite. Il nous manque des droitiers et ça va nous prendre un gars à droite. Il bouge bien et on sait qu’il est habitué de ce côté-là. On va continuer à l’évaluer.

Martin St-Louis, au sujet de l’utilisation du gaucher Jordan Harris à droite

C’est assez haut. Mais c’est important de ne pas être trop haut ou trop bas. C’est incroyable d’avoir cette confiance de la part d’un entraîneur de la LNH et d’être dans le même trio que deux très bons joueurs [Cole Caufield et Mike Hoffman]. Mais c’est important que ça ne me monte pas à la tête.

Owen Beck, au sujet de son niveau de confiance

Pour le petit garçon en moi, c’était assez spécial de jouer ce premier match au Centre Bell… Mais ça aurait été encore plus le fun si on avait gagné.

Michael Matheson

Ce fut un rythme de match un peu plus rapide pour moi, mais je suis certain que je vais finir par m’y habituer. Ce fut une ambiance incroyable ici au Centre Bell, on pouvait très bien entendre la foule.

Juraj Slafkovsky

Mon rôle ne change pas même si on a une très jeune défense avec nous. Je suis ici pour les aider et j’ai confiance en eux.

Jake Allen

En hausse

Kaiden Guhle

PHOTO GRAHAM HUGHES, LA PRESSE CANADIENNE

Kaiden Guhle

Les qualités sont là, c’est évident. Reste à voir ce que ça va donner à long terme.

En baisse

Mattias Norlinder

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Mattias Norlinder

Il devra se faire remarquer un peu plus que ça pour prétendre à un poste régulier.

Le chiffre du match

5

Le nombre de tirs au but pour Cole Caufield, un sommet dans le match