Rafaël Harvey-Pinard n’a peut-être pas marqué deux buts dans le match intraéquipe du Canadien samedi, mais ça n’a pas empêché son trio de ressortir pour une deuxième journée de suite.

Tantôt, c’est une passe de Juraj Slafkovsky à lui dans l’enclave. Tantôt, c’est de Slafkovsky à Owen Beck, et vice-versa, avec un Harvey-Pinard pas très loin du demi-cercle du gardien pour saisir un retour de tir.

Beck, choix de 2tour du Tricolore et membre des Steelheads de Mississauga, admet qu’il ne connaissait « pas beaucoup » Harvey-Pinard avant d’arriver au camp. « Mais je savais qu’il était comme un mini Gallagher et j’ai compris que ce surnom est bien mérité, a commenté l’espoir du CH, après l’entraînement de samedi, à Brossard. Il est bon pour gagner des batailles pour la rondelle et préparer des jeux en fond de territoire offensif. Il est constamment en mouvement, il travaille toujours fort et n’arrête jamais. C’est bien de jouer avec lui. »

De cette unité pilotée par Beck, on constate que Harvey-Pinard tient le rôle du vétéran. On a en effet jumelé deux joueurs de 18 ans au Québécois, âgé de 23 ans et qui compte deux saisons d’expérience chez les professionnels. Si on voulait permettre aux deux jeunots de voir de près le niveau d’engagement requis pour exceller chez les pros, on aurait pu trouver pire comme exemple.

Sur une séquence, en début de match, par exemple, Slafkovsky s’est avancé en échec-avant vers le défenseur Otto Leskinen dans un coin, mais sans trop le presser. Quelques secondes plus tard, dans le même coin, c’était au tour de Harvey-Pinard d’y aller, avec nettement plus d’aplomb.

Cela dit, Martin St-Louis n’est pas entré dans les détails quant à la logique derrière cette unité. « C’est un peu de tout. On a beaucoup de bons joueurs et on essaie de faire des équipes égales, des combinaisons qui vont leur donner une chance de montrer leurs qualités. Ça a bien été, ils ont très bien joué », a résumé l’entraîneur-chef, en fin de journée samedi.

Pas d’invitation

N’empêche que Harvey-Pinard continue de grimper les échelons. Un indice parmi tant d’autres : il n’a pas été invité au tournoi des recrues à Buffalo, même s’il écoule toujours son contrat d’entrée dans la LNH. Jesse Ylönen, un joueur avec une expérience similaire à Harvey-Pinard, en a aussi été exempté.

Harvey-Pinard a fait ses débuts dans la LNH la saison dernière. Il compte maintenant 105 matchs d’expérience dans la Ligue américaine ; à l’exception de Michael Pezzetta, qui a passé la majorité de la dernière saison à Montréal, aucun espoir du CH ne compte autant de vécu dans le circuit mineur. Là aussi, il monte dans la hiérarchie.

Les chiffres ne sont toutefois pas à son avantage cet automne. Il n’a toujours pas à passer par le ballottage s’il est cédé à Laval, ce qui pourrait en faire un joueur « facile » à sacrifier en fin de camp, en cas de congestion. En fait, selon CapFriendly, il doit encore jouer 66 matchs dans la LNH avant de devoir passer au ballottage. Il faudra voir si la direction voudra au moins s’assurer qu’il n’atteigne pas ce chiffre dès cette saison, afin de ne pas perdre en flexibilité dans la gestion de l’effectif.

Sauf que Harvey-Pinard n’a rien à cirer des histoires de ballottage et de surplus d’attaquants. « J’arrive au camp pour forcer la main [de la direction]. Je suis conscient qu’il y a beaucoup d’attaquants », a-t-il affirmé.

Il y en a certes beaucoup, mais les blessures à Nick Suzuki, Paul Byron et Josh Anderson pourraient permettre à des joueurs dans sa situation de voir un peu plus d’action pendant le calendrier préparatoire. Et donc de se prouver davantage. N’oublions pas non plus la possibilité qu’un vétéran à l’attaque soit échangé ; si l’absence de Joel Edmundson devait se prolonger, la pression serait plus forte sur Kent Hughes pour obtenir de l’aide à la ligne bleue.

St-Louis est déjà passé par cette situation en tant que joueur, perdu dans un trop grand nombre d’attaquants chez les Flames, en début de carrière. Son message pour les Harvey-Pinard dans son vestiaire ?

« Je dirais aux gars de contrôler ce qu’ils peuvent, a-t-il exposé. S’ils continuent à le faire, ils vont toujours améliorer leur sort. Des situations de contrat rendent les choses difficiles pour certains, mais il y a toujours moyen de faire monter ta valeur. »

En savoir plus
  • 1er
    Rafaël Harvey-Pinard a inscrit 56 points (21 buts, 35 passes) en 69 matchs l’an dernier, ce qui lui a valu le 1er rang du Rocket de Laval.