Cent quarante-sept jours. Voilà presque cinq mois que les observateurs n’avaient pas eu l’occasion de critiquer, applaudir, dénoncer, encenser, brûler ou transformer en slam les sacro-saints trios du Canadien.

Vendredi, Martin St-Louis a mis fin à l’attente.

La valeur de ces trios est variable. En septembre 2018, un gringalet de 18 ans du nom de Jesperi Kotkaniemi débarque à Brossard à titre de 3choix au total du repêchage. Au jour 1 du camp, Claude Julien le place au centre d’Artturi Lehkonen et Nicolas Deslauriers, deux joueurs établis. Un mois plus tard, Kotkaniemi donne ses premiers coups de patin dans un match de saison de la Ligue nationale.

L’année suivante, Nick Suzuki, lui aussi un choix de premier tour, participe au camp, à 20 ans. Ses succès dans le junior laissent croire qu’il pourrait faire le saut à Montréal sans passer par la Ligue américaine. Il amorce son camp avec Charles Hudon et Jordan Weal, deux ailiers au statut précaire. Mais Suzuki grimpe peu à peu les échelons pour amorcer la campagne au sein de la deuxième unité, avec Lehkonen et Max Domi.

Juraj Slafkovsky, lui, part d’encore plus loin. Ses partenaires de trio en ce vendredi étaient Rafaël Harvey-Pinard et Owen Beck. Deux espoirs intéressants du Canadien à l’attaque, à n’en pas douter. Mais à moins d’une surprise de taille, le premier amorcera la saison à Laval, le deuxième, à Mississauga, dans les rangs juniors.

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Juraj Slafkovsky

Ça n’a pas empêché ce trio de faire belle figure à son premier match intra-équipe du camp, vendredi. « Physiquement, [Slafkovsky] est là, il est fort. Il bouscule les gars, il gagne des batailles », a jugé St-Louis.

Harvey-Pinard n’a pas démérité non plus, jouant avec sa fougue habituelle. En fin de match, il a marqué en saisissant un retour, sur une séquence amorcée par une superbe passe de Slafkovsky.

Après l’entraînement, St-Louis a indiqué que Slafkovsky allait « assurément jouer avec des joueurs de la LNH dans les matchs préparatoires », ce qui laisse croire que le coach va tenter des expériences.

« Vous avez vu certains trios. Je ne pense pas qu’on ira jusqu’à la fin sans essayer autre chose, a prévenu St-Louis. C’est un processus. On pense que des choses peuvent marcher, on sait que des choses marchent, mais ça ne veut pas dire qu’on n’essaiera rien. »

Nouvelle approche

La nouvelle administration du Tricolore nous a habitués à de la nouveauté depuis son arrivée. Sur la patinoire, par exemple, les responsables du développement des joueurs n’ont jamais été aussi impliqués, comme en font foi les nombreuses séances dirigées par Adam Nicholas, directeur du développement hockey.

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De nombreuses séances ont été dirigées vendredi par Adam Nicholas, directeur du développement hockey.

Nicholas était encore à l’œuvre vendredi, mais la nouveauté du jour était la présence de quatre groupes. Ces dernières années, le format était de deux groupes, avec parfois un troisième groupe de joueurs généralement destinés à l’ECHL.

Les groupes du jour comptaient tous 14 ou 15 patineurs.

Je voulais avoir de petits groupes pour que les joueurs aient plus de répétitions, pour qu’ils touchent plus souvent à la rondelle, pour leur niveau de forme, mais aussi pour montrer à tout le monde ce qu’on fait, comment on le fait.

Martin St-Louis, entraîneur-chef du Canadien

« Je me souviens de mes camps quand j’étais jeune. On ne sait jamais quel effet ça peut avoir. Moi, je voyais la Ligue nationale tellement gros. On pense que c’est hors de portée avant même d’arriver. Et une fois que tu es là, tu te rends compte que tu n’es pas si loin. C’est ce que ça peut faire pour un joueur. »

Joshua Roy peut en témoigner. L’attaquant, choix de 5tour du CH en 2021, participe à son deuxième camp. « J’arrive avec plus de confiance. L’an passé, je ne savais pas trop dans quoi j’embarquais. Là, je connais mieux les gars, je sais à quoi m’attendre », a-t-il expliqué.

Les vétérans regroupés

Il était surtout intéressant de constater que les attaquants établis dans la LNH étaient réunis. Dans chacun des quatre groupes, on retrouvait en effet un trio de joueurs permanents, à deux exceptions près : Filip Mesar et Emil Heineman, deux attaquants qui n’ont toujours pas disputé de match dans le circuit Bettman. En l’absence des vétérans Suzuki, Josh Anderson, Sean Monahan et Paul Byron, c’était à prévoir.

Première unité de chaque groupe

  • Groupe A : Caufield-Mesar-Hoffman
  • Groupe B : Pitlick-Dach-Heineman
  • Groupe C : Dadonov-Dvorak-Gallagher
  • Groupe D : Armia-Evans-Drouin

Il faudra attendre quelques jours avant de dresser des constats. En 2014, une unité formée de Max Pacioretty, David Desharnais et Pierre-Alexandre Parenteau avait fait sensation à Brossard, mais le succès ne s’était pas reproduit en saison.

St-Louis s’est toutefois permis de se dire « très, très impressionné » par Brendan Gallagher, qui souhaite rebondir après une campagne difficile.

On n’a jamais une deuxième chance de réussir sa première impression, clamait l’annonce de shampoing. Gallagher a réussi la sienne.