Le Canadien présentera sans doute l’équipe la plus puissante jamais vue pour un tournoi des recrues, à compter de jeudi soir à Buffalo.

La comparaison avec la formation de 2018, par exemple, est frappante. Jesperi Kotkaniemi constituait le seul choix de première ronde sur place, à seulement 18 ans. Un seul joueur avait été repêché en deuxième ronde, le défenseur Josh Brook.

Les absences du choix de première ronde Ryan Poehling, retenu dans la NCAA, et des choix de deuxième ronde Alexander Romanov et de Jesse Ylönen, en Europe avec leurs équipes respectives, n’avaient pas aidé, mais le Canadien payait aussi pour ses faibles repêchages des années précédentes et l’échange de Mikhail Sergachev.

Contre les Sabres, le CH comptera quatre choix de première ronde, dont un premier au total soit Juraj Slafkovsky, Filip Mesar, Kaiden Guhle et Justin Barron. Un cinquième, Logan Mailloux, est inscrit sur la liste, mais ne pourra pas disputer de matchs puisqu’il se remet d’une intervention chirurgicale à l’épaule.

Montréal compte en outre quatre choix de deuxième ronde, Emil Heineman, Owen Beck, Jan Mysak et Riley Kidney, et trois choix de deuxième ronde, Jordan Harris, Mattias Norlinder et Gianni Fairbrother.

Quand on repêche 23 joueurs parmi les trois premières rondes lors des cinq dernières cuvées, il faut bien en tirer des dividendes éventuellement.

De ce tournoi de 2018, il reste seulement quatre joueurs toujours dans l’organisation : Jake Evans, Michael Pezzetta, Joël Teasdale et Cam Hillis. Aucun ne sera candidat pour l’un des trois premiers trios cette année.

On ne risque pas de se retrouver les mains vides ainsi dans quatre ans. Voici d’ailleurs dix joueurs à surveiller à compter de jeudi soir.

À l’attaque

Juraj Slafkovsky

Le point de mire à l’attaque, sans l’ombre d’un doute. Slafkovsky a seulement 18 ans, mais il jouait contre des hommes l’hiver dernier, à Turku, dans la Ligue d’élite de Finlande, aux Jeux olympiques et au Championnat du monde. Cet ailier a offert ses meilleures performances lors de ces deux évènements ponctuels, présentés sur une patinoire de dimension de la LNH, faut-il le préciser. Selon les plus récentes mensurations du Canadien, Slafkovsky mesure 6 pieds 3 pouces et pèse 238 livres… une soixantaine de plus que Kotkaniemi à son premier tournoi des recrues !

Filip Mesar

Ce compatriote slovaque (et grand ami) de Slafkovsky a été repêché en fin de première ronde dans l’ombre de Slafkovsky. Il s’agit sans doute d’une bénédiction pour cet attaquant droitier créatif et rapide, mais encore un peu chétif de 5 pieds 10 pouces et 167 livres. Repêché au 26e rang, il n’aura pas à vivre la pression des Ryan Poehling, Noah Juulsen, Nikita Scherbak, Michael McCarron, choisis à peu près au même rang, mais sans superstar en devenir avant eux pour éloigner les projecteurs.

Jan Mysak

Mysak est un centre que certains ont déjà osé comparer à Tomas Plekanec, un compatriote tchèque. On semble oublier les 1001 matchs et 608 points de l’ancien centre du Canadien. En bref, la marche est haute pour le jeune homme. Mysak était le capitaine de l’équipe de la Tchéquie au Championnat mondial junior et il a bien fait avec huit points en sept matchs. Mais pour espérer un joueur offensif dans la Ligue nationale, il faut aussi espérer une production adéquate dans les rangs juniors. Ses 64 points en 61 matchs à 19 ans dans la Ligue junior de l’Ontario (11 points en 17 matchs de séries, mais il jouait en dépit d’une blessure) peuvent en laisser plusieurs sur leur appétit. Attendons-nous plutôt à un fougueux et efficace centre de troisième trio, et tant mieux s’il dépasse les attentes.

Owen Beck

Ce centre droitier de 5 pieds 11 pouces et 187 livres a constitué le premier choix de la deuxième ronde en 2022. Il n’a pas produit à un rythme fou à sa première saison dans la Ligue junior de l’Ontario, 51 points en seulement 68 matchs, mais il avait seulement 17 ans en première moitié de saison, et il jouait pour l’un des pires clubs offensifs du circuit et les statistiques avancées lui sont très favorables. Le Canadien aime son intelligence, son cran et son efficacité en défensive. Il demeure un projet à long terme qui pourra se développer sans pression et qui sait surprendre éventuellement.

Emil Heineman

Acquis dans l’échange de Tyler Toffoli, Heineman, un choix de deuxième ronde en 2020, est un ailier dans le moule d’Artturi Lehkonen, c’est-à-dire fougueux, rapide, responsable, mais plus limité offensivement. À 20 ans, Lekhonen avait cependant une production nettement plus élevée dans la Ligue d’élite de Suède (SEL). Les Flames avaient déjà donné un choix de première ronde pour Toffoli (Filip Mesar), ils n’allaient pas en plus céder leur meilleur espoir. Heineman est considéré comme un éventuel ailier de soutien. Connaître une carrière semblable à celle de Lehkonen serait inespéré.

Défenseurs

Justin Barron

Ce choix de première ronde, 25e au total par l’Avalanche du Colorado en 2020, a été sacrifié pour obtenir Artturi Lehkonen en prévision des séries. Le pari de Joe Sakic a payé, puisque Lehkonen a contribué à la conquête de la Coupe Stanley avec huit buts et six aides en vingt matchs, et quelques buts très opportuns. L’Avalanche pouvait aussi se permettre de s’en départir puisqu’elle regorgeait déjà de bons jeunes défenseurs. Barron a pu disputer quelques matchs à Montréal en fin de saison. C’est l’un des rares jeunes défenseurs droitiers, il possède un bon potentiel offensif et un bon gabarit à 6 pieds 2 pouces et 201 livres. Il doit apprendre désormais à jouer de façon un peu plus mature et à éviter d’en faire trop. Pas un éventuel candidat au trophée Norris, mais certainement un futur top-4.

Kaiden Guhle

Le premier choix du Canadien en 2020, une dizaine de rangs devant Barron, est attendu. Guhle, capitaine de l’équipe canadienne junior en janvier, n’est pas le plus grand défenseur offensif, mais il est robuste à souhait, avec ses 6 pieds 2 pouces et 205 livres, mobile, intelligent, fiable. Il n’est pas pressenti dans un rôle de quart-arrière, mais pourrait aisément se retrouver au sein d’une première paire, contre les meilleurs trios adverses, et amasser sa part de points au sein d’une deuxième unité en supériorité numérique. Un parcours semblable à celui de Ryan McDonagh ne semble pas exagéré dans son cas.

Jordan Harris

On a craint pendant un certain temps perdre Harris aux mains des Bruins de Boston, mais Harris a renoncé à son autonomie, accessible en août, pour s’entendre avec la nouvelle administration du CH au printemps. Capitaine des Huskies de l’Université Northeastern, Harris a dominé dans la NCAA ces dernières années, mais il a eu à s’ajuster au style de jeu plus rapide et robuste de la LNH. Harris, un défenseur hyper intelligent et mobile de 5 pieds 11 pouces et 189 livres, est bâti dans un moule bien différent de celui de Guhle, mais s’il parvient à s’adapter au rythme de la Ligue nationale, il constitue le défenseur idéal pour le hockey moderne, axé sur un jeu de transition rapide. Harris doit justement apprendre à exécuter ses jeux plus rapidement. On ne lui prête pas un rôle de quart-arrière lui non plus, mais celui éventuellement d’un défenseur polyvalent, intelligent, habile en relance.

Mattias Norlinder

Les analyses dithyrambiques en provenance de Suède en faisaient le prochain Nicklas Lidstrom. On voyait des flashs offensifs sur les réseaux sociaux, mais pas ses matchs dans l’ensemble. Mais ce choix de troisième ronde du CH en 2019 a montré beaucoup d’imperfections dans son jeu dès le camp d’entraînement l’an dernier. Il a quand même eu le privilège de disputer quelques matchs avec le Canadien, avant d’être rétrogradé à Laval, mais il a choisi avant les Fêtes de poursuivre sa saison en Suède. Norlinder, 6 pieds 1 pouces et 195 livres, a rejoint le Rocket à nouveau en séries, l’entraîneur Jean-François Houle a noté des améliorations dans son jeu, mais le Suédois s’est blessé à la tête après cinq matchs plus relevés. Il est derrière Barron, Guhle et Harris dans la lutte pour un des deux ou trois postes en défense. Une saison complète dans la Ligue américaine pourrait lui faire grand bien.

Arber Xhekaj

Ignoré au repêchage de la Ligue junior de l’Ontario, boudé également dans la LNH, et même sur sa liste de recrutement de centaines de joueurs, Xhekaj a néanmoins reçu une invitation de Trevor Timmins pour le camp de développement estival de l’équipe en 2021. Ce colosse de 6 pieds 4 pouces et 238 livres d’abord reconnu pour sa robustesse et son jeu défensif a impressionné au point de mériter une invitation au camp d’entraînement l’an dernier, puis un contrat ! Cet hiver, il jouait au sein de la première paire de défenseurs de l’un des meilleurs clubs juniors, à Hamilton. Sa progression rapide, pour engraisser encore davantage la banque de jeunes défenseurs gauchers, a convaincu Kent Hughes de sacrifier Alexander Romanov pour du renfort au centre. Il jouera à Laval cet hiver, mais pourrait être rappelé au cours de la saison.

Un autre espoir intéressant à Buffalo

Avec le nombre d’espoirs de premier plan chez les Sabres, Matthew Savoie passe un peu plus inaperçu qu’un neuvième choix au total habituel. Mais il a amassé 90 points en 65 matchs à Winnipeg dans la Ligue junior de l’ouest et sera l’un des points de mire des recrues des Sabres jeudi soir. Guillaume Lefrançois en fait un portrait intéressant aujourd’hui. Seul hic, sa petite taille pour un centre, 5 pieds 9 et 170 livres, et des performances en demi-teinte en séries avec Winnipeg, où on l’a muté à l’aile droite d’un centre plus costaud, Connor Geekie. Celui-ci a été repêché deux rangs plus tard par les Coyotes de l’Arizona.

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