On ne comptait pas sur son retour dans l’espoir de décrocher une place en séries éliminatoires le printemps prochain, mais pour limiter les dégâts et permettre à cette jeune équipe de croître sans se faire lessiver à chaque match.

Il faut rappeler le plan ébauché par Jeff Gorton et Kent Hughes pour mieux absorber et comprendre toutes les décisions prises par l’organisation depuis six mois.

PHOTO LARRY MACDOUGAL, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Sean Monahan aurait été unijambiste que Kent Hughes aurait réalisé le même échange pour acquérir un choix de première ronde.

Le Canadien n’aspirera pas aux séries la saison prochaine, et probablement pas la suivante non plus. On vise trois objectifs : accumuler les choix au repêchage et les espoirs, développer ces jeunes et libérer de la masse salariale d’ici quelques années pour payer le nouveau noyau de l’équipe.

L’acquisition de Sean Monahan s’inscrit dans cette démarche. Montréal amasse un autre choix de premier tour, un cinquième en prévision des trois prochains repêchages, et un septième en quatre cuvées.

Monahan pourra-t-il relancer sa carrière à Montréal après deux interventions chirurgicales aux hanches et deux autres au poignet ? Peu importe. Monahan aurait été unijambiste que Hughes aurait accepté la même offre de la part du DG des Flames de Calgary, Brad Treliving, qui cherchait à alléger sa masse salariale pour accueillir le joueur autonome Nazem Kadri et son salaire annuel de 7 millions.

Monahan a déjà été l’un des bons centres de la LNH. Mais il a produit à un rythme moyen de 43 points sur une saison normale lors des trois dernières années. Et même s’il redevenait un compteur de plus de 60 points, il aura 28 ans en octobre, et aura atteint la trentaine lorsque le Canadien redeviendra une équipe de premier plan. À moins d’une surprise de taille, le CH ne lui offrira pas de contrat à long terme. Dans le meilleur des scénarios, il connaîtra une très belle saison et permettra au Canadien d’obtenir un bon choix au repêchage à la date limite des transactions.

Recevoir un choix de premier tour (en 2024 ou 2025) pour absorber le salaire d’un joueur dont c’est la dernière année de contrat constitue un rare luxe.

Ainsi, à la fin de la prochaine saison, le Canadien sera libéré des contrats de Monahan (6,3 millions), Jonathan Drouin (5,5 millions), Evgenii Dadonov (5,5 millions), Paul Byron (3,4 millions) et Jake Allen (2,8 millions) selon capfriendly.com. On parle tout de même d’environ 23,5 millions, soit près de 29 % de la masse salariale actuelle. Il faudra les remplacer, certes, mais on pourra le faire à moindre coût ou du moins investir cet argent dans des vedettes montantes.

Il faudra attendre une saison supplémentaire pour se libérer du contrat de Mike Hoffman (4,5 millions) et deux ans pour ceux de Christian Dvorak (4,5 millions) et de Joel Armia (3,4 millions), s’ils ne sont pas échangés d’ici là. Mais leur présence n’est pas dramatique non plus, car le CH n’en sera pas à investir massivement pour renforcer l’équipe avant au moins trois ans. Voilà pour l’objectif de libérer de la masse.

Place à la jeunesse !

Le développement des jeunes maintenant. Montréal a changé de visage depuis sa participation en finale il y a un an seulement.

Pas moins de onze jeunes âgés de 23 ans et moins joueront pour le Canadien, ou du moins, seront dans la lutte pour un poste cette saison : Nick Suzuki (23 ans), Cole Caufield (21 ans), Kirby Dach (21 ans), Juraj Slafkovsky (18 ans), Justin Barron (20 ans), Jordan Harris (22 ans), Jesse Ylonen (22 ans), Jan Mysak (20 ans), Rafaël Harvey-Pinard (23 ans), Cayden Primeau (23 ans) et Kaiden Guhle (20 ans).

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Juraj Slafkovsky, lors du camp de développement du Canadien au Complexe Bell de Brossard, en juillet dernier

Il n’y aura évidemment pas de place pour tous ces jeunes, mais leur nombre impressionnant augmente les chances de former des joueurs de qualité.

À ce groupe s’ajoutent des joueurs qu’on n’attend pas avant quelques années, ou plus loin dans l’organigramme, dont Filip Mesar, Joshua Roy, Jayden Struble, Mattias Norlinder, Arber Xhekaj ou Logan Mailloux. Si deux ou trois joueurs parmi ce dernier groupe percent, le CH pourra crier victoire.

Pour développer tout ce beau monde, Gorton et Hughes ont embauché des pédagogues : Martin St-Louis, Stéphane Robidas et Adam Nicholas. On a aussi mis en place un département des statistiques avancées.

L’arrivée du géant Slafkovsky, premier choix au total en 2022, emballe désormais bien des fans. Mais il y en aura d’autres. Si la logique est respectée, le Canadien bénéficiera d’un autre choix dans le top 5 l’été prochain, peut-être même un autre premier choix au total, qui sait, et la chance de mettre la main sur Connor Bedard.

Et il ne faudra pas déchirer sa chemise si Montréal repêche à nouveau parmi les premiers en 2024 à la suite d’une autre saison difficile. C’est le prix à payer pour devenir une puissance comme l’Avalanche du Colorado ou le Lightning de Tampa Bay.