La ministre fédérale des Sports, Pascale St-Onge, s’attend à des « changements profonds » au sein d’Hockey Canada dans la foulée de la démission du président de son conseil d’administration, annoncée samedi. Elle réclame que du « vrai leadership » soit maintenant mis en place à tous les niveaux.

« Avec cette démission, je pense qu’on commence à voir des fissures dans la forteresse, et c’est comme ça que la lumière peut rentrer. Maintenant, ça prend un changement réel au niveau du leadership, à tous les niveaux », a fait valoir la ministre fédérale en conférence de presse, samedi, à sa sortie de la Conférence des ministres responsables du sport.

Jugeant qu’il serait « inutile d’attendre avant d’entamer une nouvelle ère », le président du conseil d’administration d’Hockey Canada, Michael Brind’Amour, a annoncé samedi avoir remis sa démission. Hockey Canada est dans l’eau chaude depuis le printemps, quand il avait été révélé que l’organisation avait réglé hors cour une poursuite pour allégation d’agression sexuelle par huit joueurs après un gala de l’organisation en 2018 à London, en Ontario.

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Mme St-Onge affirme être « en accord » avec la déclaration de Michael Brind’Amour, quand ce dernier affirme qu’il est « inutile d’attendre ». « Ça prend une action immédiate. Ça prend plus de diversité au sein de Hockey Canada, autant dans les postes de leadership que les postes de direction. […] Quand il y a des voix diverses autour d’une table, ça change le type de discussions et de décisions », a-t-elle offert.

On assiste présentement à un mouvement. Je m’attends à ce qu’il y ait des changements profonds, parce que les exigences des Canadiens à leur égard sont immenses. Tout le monde veut le voir, ce changement de culture profond, et mettre fin à la masculinité toxique.

Pascale St-Onge, ministre des Sports

Elle a par ailleurs réitéré qu’au-delà de la fédération sportive, « il doit y avoir des changements dans la culture du hockey concernant la violence sexuelle et la culture du silence ».

Quant à l’avenir du PDG d’Hockey Canada Scott Smith, qui refuse de démissionner, Pascale St-Onge demeure prudente, mais paraît plutôt favorable à son départ. « Les gens en place doivent réévaluer si chaque personne est la bonne pour mettre en œuvre ce changement, car ce sont à peu près les mêmes qui sont là depuis la dernière décennie », a-t-elle lancé.

Isabelle Charest y croit

Aussi présente à la conférence samedi, la ministre québécoise responsable des Sports, Isabelle Charest, a indiqué qu’elle croyait à un possible renouveau chez Hockey Canada. « J’y crois, parce que je pense qu’il faut croire au changement. Je crois qu’on peut faire progresser les choses. […] Ce qui est important pour nous, c’est de mettre les conditions en place pour que les changements s’opèrent », a-t-elle soulevé.

Mme Charest a aussi rappelé que le Québec a mis sur pied il y a deux ans l’Officier indépendant des plaintes, un mécanisme gouvernemental qui veut justement « faire en sorte que les victimes et les personnes qui ont été dans une situation d’abus, de harcèlement ou d’agression aient un endroit pour avoir les ressources ». « J’ai confiance que le système sportif au Canada, et au Québec, peut s’améliorer », a soufflé la ministre.

Dans son dernier budget, Ottawa avait allongé 16 millions pour créer le Bureau du commissaire à l’intégrité dans le sport. Les ministres ont d’ailleurs discuté durant leur rencontre de la « nécessité d’offrir » le même mécanisme dans toutes les provinces, a affirmé la ministre St-Onge.

Au Bloc québécois, le porte-parole en matière de sports, Sébastien Lemire, a affirmé samedi que « les dirigeants de Hockey Canada auront prouvé au cours des derniers mois ne pas être à la hauteur des changements requis, afin de mettre un terme à la culture toxique qui règne au sein de l’organisation dans leur gestion des cas d’agressions sexuelles ».

« Le lien de confiance est rompu et les changements profonds nécessaires dans l’ensemble de la structure de Hockey Canada appellent à un renouvellement complet de la direction de l’organisation. Cette démission est un premier pas duquel devra suivre un grand ménage au sein de l’équipe de direction et du conseil d’administration », a insisté M. Lemire.

Pour la fondatrice du collectif Québec contre les violences sexuelles, Mélanie Lemay, le départ du président du conseil d’administration « arrive trop peu trop tard, dans la mesure où il s’agit surtout d’un écran de fumée ». « Leur lutte contre les crimes sexuels, elle sera concrète et sérieuse seulement s’ils donnent le nom de tous les joueurs impliqués, point final. Tant que ça ne sera pas fait, cette étape-là, ça va être difficile d’y croire de façon crédible », persiste Mme Lemay.