« J’ai hâte de jouer avec une équipe et pour un championnat. » À 34 ans, Ann-Sophie Bettez a signé au cours des dernières semaines son premier contrat professionnel.

On apprenait à la mi-juillet qu’une équipe féminine professionnelle de la Premier Hockey Federation (PHF) voyait le jour à Montréal. Deux semaines plus tard, les noms des sept premières joueuses étaient dévoilés. Du lot, celui d’Ann-Sophie Bettez.

L’ex-capitaine des Canadiennes de Montréal dans la défunte Ligue canadienne de hockey féminin (LCHF) a pris la décision de quitter l’Association des joueuses de hockey professionnelles (PWHPA) afin de se joindre à la nouvelle formation. Cette décision n’est pas étrangère au fait que c’est son grand ami, Kevin Raphael, qui en est le président.

« Depuis que je le connais, Kevin me dit qu’on va avoir une ligue, une équipe à Montréal, raconte-t-elle dans une rencontre virtuelle avec La Presse. Ça ne date pas d’hier, sans savoir que c’était avec la PHF que ça allait commencer. […] Il a tellement été bon pour moi que ç’a été presque un no brainer de faire cette association-là avec lui. »

« Je plonge là-dedans »

À sa sortie de l’Université McGill en 2012, Bettez a évolué pendant sept ans au sein de la LCHF avec les Stars de Montréal, devenues les Canadiennes. Quand le circuit a été dissous en 2019, les meilleures joueuses au monde ont mis sur pied l’Association des joueuses de hockey professionnelles (PWHPA). Bettez en faisait partie.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Ann-Sophie Bettez, lors d’un match avec les Canadiennes de Montréal, en mars 2019

Depuis trois ans, la PWHPA s’affaire à mettre sur pied sa propre ligue, qui inclurait une équipe à Montréal. Mais le projet tarde à se concrétiser. La PHF, une ligue essentiellement américaine, a pour sa part vu le jour en 2015. Avec son expansion à Montréal, elle compte maintenant sept équipes.

La PHF et la PWHPA ne s’entendent pas. Comme les deux entités sont complètement distinctes, Bettez a dû quitter la PWHPA pour se joindre à la nouvelle équipe de la PHF. Tout comme Sarah Lefort, Kim Deschênes et Alexandra Labelle.

Ce que je peux dire, c’est que pour moi, faire le saut vers la PHF avait du sens dans ma carrière, où j’en suis rendue.

Ann-Sophie Bettez

« Le but, ce serait éventuellement d’avoir un peu le même modèle que les Canadiens avec le club-école qui est le Rocket. Est-ce qu’on va arriver là ? J’espère.

« Pour moi, c’était le choix logique pour cette année, explique-t-elle prudemment. Je me dis : je plonge là-dedans parce qu’il m’en reste moins à jouer que j’en ai de joué. »

Se disputer une coupe

Ann-Sophie Bettez a eu un parcours atypique. Elle a dû faire ses preuves pendant sept ans au sein de la LCHF avant d’obtenir, à l’âge de 30 ans, sa place dans l’équipe canadienne pour le Championnat du monde de 2019, où elle a remporté le bronze.

En 2021, le tournoi devait avoir lieu en mars, mais il a été reporté au mois d’août en raison de la COVID-19. Bettez n’a pas été sélectionnée. La même année, elle s’est déchiré deux ligaments au genou.

« Ç’a été une déception, mais ça fait quand même un an et j’ai passé par-dessus, dit-elle. Je suis quand même allée à un championnat du monde de plus que j’aurais pensé dans ma vie. »

La saison dernière, Bettez a pris part aux tournois organisés par la PWHPA et a continué de s’entraîner au Centre 21.02. L’idée d’une saison complète avec un championnat comme objectif ne pourrait être plus emballante.

« C’est ce qui m’a manqué dans les trois dernières années », lance-t-elle.

« Le groupe de joueuses qui a été annoncé, ce sont des filles avec qui je m’entends super bien, avec qui on a évolué dans les dernières années. Durant l’année olympique, les olympiennes n’étaient pas là, donc on s’est rapprochées dans ce groupe-là. Je suis vraiment contente parce que peu importe ce qui va arriver, je sais qu’on va avoir du fun. »

Choyée

L’entente qui lie Bettez à l’équipe montréalaise est d’une durée d’un an. L’attaquante compte bien garder son emploi de planificatrice financière, dont l’horaire est assez flexible.

Veux, veux pas, je l’ai toujours fait. On a toujours joué au hockey en même temps de travailler, c’est juste que ça n’a pas vraiment été divulgué publiquement.

Ann-Sophie Bettez

Bettez a dominé partout où elle est passée. À Montréal, elle sera certainement une des meneuses de l’équipe, qui disputera ses matchs à domicile un peu partout au Québec.

« On va pouvoir faire le tour du Québec, faire connaître le hockey féminin, mentionne-t-elle. De pouvoir faire partie de ce changement-là, j’en suis choyée. »