Pierre-Luc Dubois est résolument un fascinant personnage.

Sourire aux lèvres, il explique en avoir soupé des spéculations et des rumeurs, fausses ou vraies, qui circulent à son sujet. Or, si son objectif est d’y mettre fin, peut-être devrait-il réviser sa stratégie.

La longue conférence de presse virtuelle organisée lundi par les Jets de Winnipeg pour souligner le nouveau contrat accordé au joueur de centre a laissé les membres des médias avec rien de bien concret à se mettre sous la dent.

Le Québécois vient tout juste de conclure une entente d’un an avec les Jets. C’est la deuxième fois en moins de deux ans qu’il paraphe un contrat de courte durée. En décembre 2020, après de longues négociations, il a accepté une offre de deux saisons des Blue Jackets de Columbus, équipe qui l’avait repêché. Quelques jours plus tard, il faisait ses valises pour le Manitoba.

Dubois a certes déboulonné deux mythes. D’abord, il martèle n’avoir jamais demandé à la direction des Jets de l’échanger. Ensuite, sa présence au premier tour du repêchage, tenu au Centre Bell il y a deux semaines, n’avait strictement rien à voir avec une transaction potentielle l’impliquant.

« J’y suis allé parce que j’habite à 15 minutes de l’aréna et que je suis un fan de hockey », a-t-il tranché.

Une banque qui l’avait embauché pour donner une conférence, plus tôt ce jour-là, l’a invité dans sa loge. Il a passé une partie de la soirée avec son père Éric, entraîneur adjoint avec le club-école des Jets, et une autre partie avec des représentants de son agence. « Beaucoup, beaucoup, beaucoup de spéculations » ont toutefois accouché d’une histoire différente sur les réseaux sociaux.

Liens avec le Canadien

Il y a néanmoins cette mystérieuse déclaration de son agent qu’il a difficilement justifiée. En entrevue à TVA Sports le 13 juillet dernier, Pat Brisson, l’une des personnalités les plus influentes de la LNH, n’a pas laissé beaucoup de place à l’ambiguïté. À la question de l’animateur Louis Jean « Y a-t-il une possibilité que le Canadien aille chercher Pierre-Luc Dubois ? », Brisson a rétorqué : « Montréal, c’est une ville où il aimerait jouer. »

L’agent profitait d’une relative liberté de parole puisque son client, joueur autonome avec restriction, était alors sans contrat.

Lundi, l’attaquant a argué que ces propos avaient pris une importance « disproportionnée ». « Les gens prennent les petites choses et les multiplient par 20 », a-t-il estimé.

Selon lui, Brisson aurait dit que son client « peut-être, un jour, pourrait jouer » avec le Canadien. Vérification faite, le « peut-être » n’arrive jamais dans sa déclaration.

Si la question était posée à n’importe quel joueur, il répondrait que de jouer pour l’équipe de la ville où il a grandi est une option. Ce n’est pas différent qu’on vienne de Winnipeg, de Boston ou de Los Angeles. C’est juste la vie.

Pierre-Luc Dubois

Il n’empêche qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Et de la fumée, dans le cas du Québécois, il y en a beaucoup.

Le 12 juillet dernier, le journaliste Martin Leclerc, de Radio-Canada, écrivait que le Canadien discutait activement avec les Jets dans le but d’acquérir Dubois et de lui faire signer une entente « à long terme ». « Les pourparlers ont failli porter [leurs] fruits au repêchage », ajoutait le chroniqueur, qui n’a pas l’habitude de lancer des rumeurs à tout vent. Cette information, par ailleurs, ne contredit pas la version de Dubois.

À court terme

Dans tous les cas, il est de plus en plus difficile d’imaginer Dubois dans l’uniforme des Jets encore longtemps.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Pierre-Luc Dubois

Par deux fois, il a évité une question directe d’un journaliste qui lui demandait s’il souhaitait tester le marché des joueurs autonomes lorsqu’il y aura accès, à l’été 2024. « Il y aura d’autres décisions » à prendre dans le futur, s’est-il limité à dire.

À un autre reporter qui lui soulignait que les Jets pourraient bien se résoudre à l’échanger plutôt que de risquer de le perdre sans rien obtenir, le hockeyeur a rappelé que tant les joueurs que les équipes évoluaient dans une « business ». « Des gars sont échangés et d’autres signent des contrats à long terme. »

« Réalises-tu que tu contribues toi-même aux spéculations à ton sujet ? », lui a demandé un autre collègue journaliste. « Oui, je comprends ça », a répondu Dubois.

Au sujet de son refus de signer une entente à long terme avec son équipe actuelle, il s’est lancé dans un laïus sur le thème de l’indécision.

« Je ne sais pas ce que je vais manger pour souper ce soir, alors je ne sais pas ce que je ferai dans deux ans, dans six ans ou dans deux mois, a-t-il dit. C’est dans la nature humaine de changer d’idée.

« Je viens d’avoir 24 ans, je ne suis pas la même personne qu’il y a un, deux, trois ou quatre ans, a-t-il poursuivi. Je vieillis, je deviens plus mature – du moins, j’essaie. Si je signe un contrat à long terme, ça peut me mener jusqu’à la fin de ma carrière. Ce n’est pas une décision qui se prend rapidement, je dois y penser longtemps avec mes parents, ma blonde. Pendant mon prochain contrat, ça se peut que j’aie une famille. »

Et de lancer cette phrase, elle aussi sujette à bien des interprétations : « Il y a tellement de choses qui peuvent arriver, je ne veux pas agir trop rapidement et le regretter plus tard. »

Est-il hésitant à s’engager à Winnipeg ou à s’engager tout court ? « Je n’avais pas pensé à ça. »

Il a néanmoins eu de bons mots pour l’organisation des Jets, qui ne l’a jamais « abandonné » pendant les séquences plus difficiles. Il affirme se concentrer sur sa préparation estivale et aborder le prochain camp d’entraînement avec enthousiasme.

S’agira-t-il de son dernier dans le maillot bleu et blanc ? Peut-être. Peut-être pas.

« L’été prochain, c’est l’été prochain », a candidement lancé Dubois.

Là-dessus, il ne risque pas d’être mal cité.