Les joueuses de l’équipe nationale féminine ont bien l’intention de faire partie du « processus nécessaire afin de faire connaître la vérité » concernant l’affaire de viol collectif allégué survenu en 2018 en marge d’un évènement organisé par Hockey Canada.

Les joueuses des plus récentes équipes nationales canadiennes féminines des Jeux olympiques de Pékin et du Championnat du monde se sont prononcées pour la première fois sur le scandale qui entoure Hockey Canada depuis plusieurs semaines.

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Celles-ci, dont les Québécoises Marie-Philip Poulin et Ann-Renée Desbiens, ont partagé lundi sur leurs réseaux sociaux une longue déclaration – en anglais et en français – dans laquelle elles s’adressent à l’exécutif et aux membres du conseil d’administration de l’organisme.

« Les allégations que nous lisons et dont nous entendons parler sont extrêmement troublantes et tout à fait inacceptables, écrivent-elles. […] Tous les faits liés à cette épouvantable situation doivent être et seront révélés. Après tout, la seule façon de soigner une blessure est de l’admettre pleinement. »

Les joueuses indiquent se joindre « à tous les Canadiens » pour exiger une enquête « approfondie et transparente » sur les incidents ainsi que sur « la structure, la gouvernance et l’environnement qui règnent au sein de l’organisation ».

« Lorsque l’entière vérité sera dévoilée, Hockey Canada et son conseil d’administration devront s’assurer que toutes les mesures appropriées soient mises en place afin que ce genre de comportement inacceptable ne se reproduise plus jamais », insistent-elles.

Une première étape

Un peu plus tôt dans la journée de lundi, Hockey Canada avait dévoilé son plan d’action visant à éliminer « les problèmes systémiques » au hockey, à renforcer la sécurité et l’inclusion et à lutter contre la « culture du silence ».

Les joueuses se disent « encouragées » par ledit plan d’action, tout en précisant que ce n’est « qu’une étape vers la lutte contre les comportements toxiques ».

« Il reste encore beaucoup de travail à faire et d’actions à prendre pour résoudre pleinement les problèmes sous-jacents afin de s’assurer qu’un nouveau Hockey Canada émerge de cette crise, ajoutent-elles. Il est important d’avoir des femmes assises autour de la table à mesure que ce processus évolue, et nous vous demandons d’inclure des représentantes de notre groupe afin que nous puissions être informées et impliquées. »

À la fin du mois de juin, la ministre des Sports Pascale St-Onge a suspendu l’attribution de fonds fédéraux à Hockey Canada après le témoignage de hauts dirigeants de l’organisation devant le Comité du patrimoine canadien, à Ottawa. Quelques jours plus tard, plusieurs grands partenaires de l’organisme ont suspendu à leur tour leurs liens avec l’organisme ou revoyaient la distribution de leurs investissements.

Ces réductions de financement sont qualifiées de « profondément préoccupantes » par les joueuses.

« Ceci aura certainement un impact sur le financement essentiel à la formation et le développement de nos équipes nationales féminines qui nous a permis de briller sur la scène mondiale du hockey », déplorent-elles, en rappelant que le programme féminin a remporté au fil des années cinq médailles d’or et 11 titres au Championnat du monde.

Elles affirment d’ailleurs avoir « l’intention de surveiller cette situation de près et de porter une grande attention à toutes les décisions qui y sont liées ».

Un plan d’action pour enrayer les comportements toxiques

Hockey Canada a dévoilé son plan d’action visant à lutter contre les problèmes systémiques du sport à la veille du début d’une deuxième série d’audiences parlementaires sur la gestion par l’organisme d’une agression sexuelle présumée en 2018.

Le plan, qui s’articule autour de six éléments fondamentaux, vise à s’attaquer aux comportements toxiques – sur la glace et ailleurs – qui vont à l’encontre de ce que la population canadienne s’attend du hockey et luttera contre la culture du silence qui sévit dans certaines sphères du sport. Il comprend notamment la mise en œuvre d’un système de suivi et de signalement des plaintes d’abus, les résultats étant publiés chaque année.

Hockey Canada indique également qu’il mettra en place une vérification avancée du caractère pour tous les programmes de haute performance et exigera que le non-respect du code de conduite de l’organisation ou le refus de participer à une enquête puisse entraîner une interdiction à vie.

L’organisme s’engage aussi à adopter le Code de conduite universel pour prévenir et contrer la maltraitance dans le sport (version 6,0) et d’obtenir le statut de signataire du Bureau du Commissaire a l’intégrité dans le sport (BCIS).

Pour mener à bien ce plan, le conseil d’administration de l’organisme travaille à former un comité spécial d’experts indépendants pour surveiller son déploiement et guider sa mise en œuvre. Ce comité sera nommé d’ici le 15 septembre.

La Presse Canadienne