« Les joueurs font des choix. Ils en ont tout à fait le droit. On s’arrange avec ça aussi bien que possible. On peut se morfondre dans son coin, se mettre en position fœtale et sucer son pouce, ou alors on peut s’occuper de la situation. C’est ce que nous avons tenté de faire. »

Ces mots sont ceux de Brad Treliving, directeur général des Flames de Calgary. Il les a prononcés samedi après-midi, en visioconférence, au lendemain de l’échange foudroyant qui a envoyé Matthew Tkachuk aux Panthers de la Floride en retour de Jonathan Huberdeau, du défenseur MacKenzie Weegar, de l’espoir Cole Schwindt et à un choix de premier tour en 2025.

Cette transaction est le résultat d’une semaine riche en rebondissements dans la saga Tkachuk. L’ailier américain, qui a marqué 42 buts et obtenu 104 points la saison dernière, avait fait savoir aux Flames qu’il refusait de s’entendre à long terme avec eux.

L’équipe de l’Alberta avait aussi dû dire au revoir à Johnny Gaudreau il y a deux semaines, après que celui-ci s’était finalement entendu à long terme avec les Blue Jackets de Columbus.

Il y a une semaine, ce n’était pas le plan que nous avions. On ne cherchait pas à échanger Matthew Tkachuk. Mais nous avons été mis dans une position où nous devions faire ce qui était le mieux pour l’organisation. Il a choisi cette voie, et nous avons dû lui préparer la voie le mieux possible.

Brad Treliving, directeur général des Flames

Et comment ! Ce que les Flames ont obtenu en retour de Tkachuk – et d’un choix conditionnel de quatrième tour en 2025 – est spectaculaire. Jonathan Huberdeau (30 buts, 115 points) a été le deuxième meilleur marqueur de la LNH en 2021-2022, à égalité avec Johnny Gaudreau. MacKenzie Weegar (44 points) était potentiellement le meilleur défenseur des Panthers. L’espoir Cole Schwindt et le choix de premier tour constituent de juteuses cerises sur le gâteau.

Selon Treliving, Huberdeau « est un des meilleurs attaquants de la ligue ».

« Pas seulement avec ce qu’il apporte sur la glace, mais aussi grâce à sa capacité à rendre meilleurs ses coéquipiers. Il est dynamique. Il est compétitif. »

PHOTO FRANK FRANKLIN II, ASSOCIATED PRESS

Jonathan Huberdeau

En Weegar, Calgary a obtenu « un défenseur de première classe ». « Il est en train d’atteindre la fleur de l’âge. […] On pense que ce joueur améliore grandement notre équipe aujourd’hui. »

Ce sont toutefois deux joueurs qui écouleront la dernière année de leur contrat la saison prochaine avant d’atteindre l’autonomie complète. Le DG est « conscient » du risque de les perdre après seulement un an en Alberta.

« On va parler à leurs agents. On l’a déjà fait au moment de l’échange. Mais bien des choses se sont passées la semaine dernière. On va prendre de grandes respirations, puis regarder vers l’avant. »

Il révèle néanmoins qu’il s’agissait de « la meilleure offre disponible, et de loin ». Surtout en tenant compte du nombre limité d’équipes avec qui le DG pouvait négocier, en vertu d’une liste de destinations préférées soumise par le clan Tkachuk.

« Ça m’énerve »

Les dernières semaines ont été difficiles pour les Flames. Et même pour Calgary en général. C’est que le persistant tintamarre d’où émanent des rumeurs voulant que les joueurs américains ne souhaitent pas jouer pour des équipes canadiennes a trouvé de plus en plus d’écho dans l’actualité de la LNH. On y cite tant des raisons financières que des motifs liés au mode de vie.

« Bien honnêtement, ça m’énerve », a lâché Brad Treliving.

Beaucoup de choses ont été dites et écrites au sujet de Calgary dans la dernière semaine. Honnêtement, je crois que notre ville et notre organisation en ont pris pour leur rhume [have taken some body shots]. C’est une très belle communauté. Tout le monde ici se sent privilégié d’y vivre.

Brad Treliving, directeur général des Flames

« On n’a pas à s’excuser de quoi que ce soit. On est fiers de ce que nous sommes. »

Y a-t-il quand même de la frustration chez les directeurs généraux œuvrant dans les marchés canadiens, lorsque leurs meilleurs joueurs s’envolent de leur propre chef vers d’autres cieux ? Treliving répond qu’il ne veut pas faire de généralisations.

« Selon moi, c’est simplement que ces joueurs en arrivent à une décision à un moment important de leur carrière. […] On ne peut pas condamner tous les joueurs américains. 

« On était conscients des défis qui se présentaient à nous, avec ces joueurs arrivant à la fin de leur contrat. On a tenté de les convaincre. Maintenant, on est heureux d’accueillir les joueurs que nous avons obtenus [vendredi]. On avance. »