Michael Matheson ne s’attendait pas à partir, mais maintenant qu’il est parti, il est content de revenir.

Parce que dans son cas, le déménagement signifie un retour à la maison. Pendant que Jeff Petry prend la direction de Pittsburgh, avec le sourire, Matheson, un gars de Pointe-Claire, s’en vient ici pour porter le chandail du club de son enfance, que son idole Saku Koivu a déjà porté.

Il se trouve aussi que le directeur général du Canadien, Kent Hughes, qui a conclu cette transaction avec les Penguins, fut autrefois l’agent du défenseur de 28 ans.

Ça commence à faire pas mal de belles coïncidences.

« Ce fut un tourbillon depuis l’annonce de l’échange [samedi], je ne l’ai pas vu venir », a commencé par expliquer Matheson, lundi matin, lors d’une conférence Zoom.

« Quand j’ai su que c’était Montréal, ce fut assez spécial. J’ai grandi dans l’Ouest-de-l’Île et j’ai appris à jouer au hockey en regardant le Canadien. Maintenant, je vais pouvoir mettre ce chandail et jouer au Centre Bell chaque soir… c’est presque surréel. »

Ce qui est surréel aussi, c’est la transformation presque complète de la brigade défensive montréalaise, depuis la présence du club en finale de la Coupe Stanley il y a un an. De ce groupe, Joel Edmundson est le seul survivant, et Matheson s’amène dans un contexte de remise à neuf, où il aura à s’acclimater à un nouvel environnement en plus de camper un rôle de grand frère face aux plus jeunes.

« Je veux m’amener avec mon style de jeu, et aussi aider les jeunes dans la réalité de la Ligue nationale… Ils sont ici pour une raison déjà, mais je vais devoir être un leader, tout en m’assurant de mettre de l’avant mon style de jeu. »

Et quel est ce style de jeu, au juste ? S’il faut un peu lire entre les lignes, on comprend que Matheson n’avait peut-être pas carte blanche au chapitre de l’expression artistique en Floride, là où il a passé les cinq premières saisons de sa carrière, dans le maillot des Panthers.

À Sunrise, cet ancien choix de premier tour (23e au total lors du repêchage de 2012) a connu des saisons de 17 points, 27 points (deux fois) et 20 points avant de passer aux Penguins en 2020-2021. C’est la saison dernière qu’il a obtenu la meilleure production de sa carrière, avec 31 points en 74 matchs avec la bande à Sidney Crosby.

PHOTO WINSLOW TOWNSON, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Michael Matheson a récolté 31 points en 74 matchs avec les Penguins de Pittsburgh la saison dernière.

De son propre avis, Matheson est ce défenseur-là, à caractère offensif, capable de relancer le jeu.

« Je suis à mon mieux quand je patine avec la rondelle et que je la passe aux autres joueurs en relance, a-t-il répondu. J’aime me servir de mon coup de patin en contre-attaque et venir appuyer les attaquants.

« J’ai eu l’occasion de pouvoir me servir de mon patin un peu plus à Pittsburgh, au lieu d’avoir à rester en retrait, à l’arrière… Il y a un bon système de jeu là-bas et aussi, j’ai pu regarder des gars comme [Kristopher] Letang, pour observer ce qu’ils font chaque jour. »

Je suis prêt à passer à la prochaine étape, à prendre des responsabilités. C’est un défi, et c’est ce que je veux.

Michael Matheson

Le nouveau défenseur du Canadien ignore encore la nature de son rôle exact en vue de la prochaine saison. Mais ce gaucher a expliqué qu’il est capable de jouer à gauche et à droite, ce qui pourrait aider le club montréalais, qui n’affiche pas exactement complet dans le département des défenseurs droitiers en ce moment.

Aussi, il a bien hâte de patiner sous les ordres de Martin St-Louis.

« On sait tous le genre de joueur qu’il a été… Combien il a eu à faire face à l’adversité, combien il a eu à persévérer. Je pense qu’il impose le respect des joueurs à cause de ça, à cause de sa réputation. Je n’ai pas encore mis les pieds dans le vestiaire du Centre Bell, mais je sais qu’il est le genre d’entraîneur pour lequel les gars ont le goût de se défoncer. »

Aussi, et cela ne saurait être sous-estimé, le Canadien vient de trouver un joueur qui n’arrivera pas ici à reculons, mais en ayant vraiment envie d’enfiler le chandail bleu, blanc et rouge.

« Si tu ne viens pas de Montréal, c’est difficile à comprendre… Le Canadien, ce n’est pas juste une équipe, c’est une religion. C’est dans cet environnement que j’ai grandi, c’est où j’ai appris à jouer. Ce sera spécial de porter ce chandail. »