On sait depuis des mois que le dossier de Jeff Petry est le moins commode de tous ceux que Kent Hughes doit régler. Les deux dernières semaines n’ont rien fait pour embellir la situation.

C’est que le prix pour larguer du salaire semble suivre la même trajectoire que le Tyrolien dans The Price is Right – sans la légendaire chanson, cependant. Il monte sans cesse.

Voici les plus récentes transactions impliquant des joueurs avec de lourds contrats.

JOUEUR (CONTRAT À ÉCOULER)

Brent Burns (3 ans à 8 millions de dollars par saison)

Les Sharks de San Jose l’ont échangé aux Hurricanes de la Caroline contre un choix de 3e tour, un joueur marginal et un gardien de 23 ans, Eetu Makiniemi, qui compte 14 matchs d’expérience dans la Ligue américaine. Ils ne l’ont donc pas donné, mais pour obtenir un choix au repêchage et un projet devant le filet, ils ont dû retenir 33 % du salaire de Burns. À 37 ans, le grand barbu n’est plus ce qu’il était, mais il demeure un colosse droitier qui vient de dépasser la marque des 50 points et qui jouait 26 minutes par match.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Brent Burns

Max Pacioretty (1 an à 7 millions de dollars)

Coincés sous le plafond, les Golden Knights de Vegas ont dû se résoudre à donner Pacioretty aux Hurricanes, en compagnie d’un défenseur de soutien, en échange d’un dédommagement ultérieur, les bonnes vieilles « considérations futures ». On rappelle ici qu’il reste à Pacioretty une seule année de contrat, que l’ancien du Canadien a 33 ans, pas 43, et qu’il produit un point par match depuis trois ans (154 points en 158 matchs). Pas exactement un boulet.

Ryan McDonagh (4 ans à 6,75 millions de dollars par saison)

Le Lightning de Tampa Bay étouffait également sous le plafond et a donc cédé McDonagh aux Predators de Nashville contre un joueur marginal de la Ligue américaine (Grant Mismash) et Philippe Myers, un défenseur surpayé pour son rendement. On rappelle que McDonagh jouait cette saison 22 minutes par match avec les finalistes de la Coupe Stanley. Et pendant qu’on est dans le sujet, McDonagh est 2e chez les joueurs actifs avec 185 matchs en séries, même s’il n’est pas encore à la mi-trentaine. Il ne doit certainement pas être si vilain que ça.

PHOTO PHELAN M. EBENHACK, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Ryan McDonagh

À Philadelphie, les Flyers essayaient, comme le Canadien, de délester du salaire. Le nom de James van Riemsdyk (1 an, 7 millions) a souvent été évoqué, et a même été mentionné dans une question au directeur général Chuck Fletcher, qui rencontrait les médias locaux mercredi. Dans cette même question, le journaliste a demandé à Fletcher s’il est vrai qu’il était prêt à offrir un choix de premier tour pour qu’un rival accepte un lourd contrat.

« J’ai parlé à plusieurs équipes dernièrement pour obtenir de la flexibilité, a répondu Fletcher. J’ai regardé différentes options, mais le prix pour échanger certains contrats était très élevé, parfois plus élevé que ce que tu viens d’indiquer. »

« Les intérêts du Canadien »

Ce qui nous ramène à Hughes. Le directeur général du Canadien a trouvé différentes formulations pour parler de Petry, qui souhaite quitter Montréal notamment pour des raisons familiales.

Il reste à Petry 3 ans de contrat, à 6,25 millions de dollars par saison. C’est un contrat moins lourd que ceux de Burns et de McDonagh, mais le numéro 26 est aussi un joueur inférieur aux deux autres.

À la mi-juin, Hughes a clairement indiqué qu’il n’avait « pas l’intention » d’utiliser un de ses nombreux choix au repêchage pour l’échanger.

Puis, la semaine dernière, il a utilisé une formulation ingénieuse : « On doit avoir la conviction qu’en l’échangeant, nous prioriserons les intérêts du Canadien de Montréal. »

Cette formulation a le mérite de lui donner plus de flexibilité. Il peut alors très bien juger, à force de tenter des transactions, qu’il est « dans l’intérêt » de l’équipe d’attacher un incitatif à Petry pour favoriser un marché.

La solution pourrait aussi être, comme les Sharks de San Jose l’ont fait avec Brent Burns, de retenir une partie du salaire de Jeff Petry.

À titre purement indicatif, supposons que le Tricolore retienne 1,5 million du salaire de Petry ; l’équipe qui en ferait l’acquisition aurait donc le défenseur à 4,75 millions par saison, pour trois ans.

Par contre, le collègue Eric Engels rapportait mercredi que le Canadien était « très réticent » à retenir du salaire dans une transaction pour Petry.

En attendant, Hughes a les mains liées. Il n’a distribué que des contrats à deux volets, mercredi, parce qu’il n’a pas la flexibilité pour en faire plus. Notons toutefois que son point de presse, prévu mercredi, a été repoussé à jeudi, parce que justement, il était encore au travail.

Mais dans le marché actuel, on voit mal comment il se débarrassera de Petry ou de tout lourd contrat sans sacrifier quoi que ce soit. À moins qu’il fasse comme Marc Bergevin avec un autre client malheureux, Max Pacioretty, et qu’il attende à septembre pour réévaluer le marché.