(Brossard) Les quelques centaines de partisans curieux qui se sont rendus au Complexe sportif Bell lors des deux derniers jours ont peut-être été déçus de ne pas voir la prochaine génération de joueurs du Canadien de Montréal disputer des matchs intraéquipe.

Après tout, même le département des communications du Tricolore avait informé les journalistes qu’un match était à l’horaire mardi midi.

Finalement, la quarantaine de joueurs invités au camp de développement du Canadien ont participé à un entraînement intense avec des exercices à trois contre trois ou quatre contre quatre en espaces restreints.

« C’est très différent, et je pense que c’est différent de ce que 95 % des équipes font probablement, a dit le conseiller spécial aux opérations hockey Vincent Lecavalier. Je pense qu’Adam Nicholas amène une facette différente au développement. J’adore ça. J’apprends beaucoup et je vais à chaque réunion avec Martin [St-Louis, l’entraîneur-chef], Adam et les joueurs pour voir ce que les gars vont faire. Ils essaient de travailler beaucoup sur le cerveau. »

Nicholas a été embauché en mars par le Tricolore à titre de directeur du développement hockey.

« Kent [Hughes, le directeur général] m’en a parlé souvent et je me demandais ce qu’il savait que je ne savais pas, a raconté Lecavalier. Et il connaît beaucoup de choses ! Je suis comme un étudiant ici cette semaine.

« Moi, je n’ai jamais pratiqué comme ça, mais j’adore ça, a-t-il ajouté. Vous travaillez votre cerveau tout le temps. Au hockey, vous devez constamment prendre des décisions rapidement. En travaillant ça, vous devenez un meilleur joueur. C’est beau tourner autour d’un cône cinq ou dix fois, mais avec les jeux qu’ils font ici, ils vont devenir de meilleurs joueurs de hockey. »

Après son entrée en poste en février, St-Louis a aussi souvent mis l’accent sur le travail en espace restreint à l’entraînement.

« Je sais qu’il n’a pas 20 ans d’expérience comme entraîneur dans la LNH, mais ses connaissances sont probablement les meilleures. Et je ne dis pas ça seulement pour le dire », a insisté Lecavalier en parlant de son ancien complice chez le Lightning de Tampa Bay.

Un groupe talentueux

Peut-être que ce n’est que le vent de renouveau après une saison misérable, mais l’énergie déployée au cours des deux premiers jours du camp est rafraîchissante.

Premier choix au dernier repêchage, Juraj Slafkovsky s’impose avec son gabarit imposant et ses habiletés. L’attaquant Sean Farrell brille par son intelligence et grâce à ses mains rapides. Plusieurs autres joueurs ont des moments intéressants lors de ces exercices en espace restreint.

« Depuis que je fais ce boulot, il s’agit de la meilleure cuvée de recrues, a insisté l’entraîneur responsable du développement des joueurs Francis Bouillon. Je suis vraiment impressionné. Le futur nous dira si nous avons fait les bons choix. J’aime plusieurs joueurs. »

Bouillon suit surtout les défenseurs au cours de la saison, et c’est à cette position que l’on retrouve les meilleurs joueurs à l’écart au camp de développement en raison de blessures. Justin Barron, Arber Xhekaj et Kaiden Guhle n’ont pas foulé la glace avec leurs coéquipiers lors des entraînements complets.

Bouillon a affirmé que Guhle, choix de premier tour du Canadien en 2020, était l’espoir le plus près de la LNH.

« Il est tellement complet, a-t-il dit. Au début, quand nous l’avons repêché, il était très défensif. Il m’a impressionné avec son jeu offensif ; il s’est amélioré dans les dernières années. »

Bouillon n’a pas voulu lui accorder immédiatement un poste au sein de la brigade du Canadien cet automne, disant simplement qu’il aura sa chance et que ce sera à lui de la saisir. On ne sait pas non plus si Guhle participera au Championnat mondial junior, en août à Edmonton, alors qu’il était capitaine de la formation canadienne cet hiver avant que le tournoi soit remis.

Lecavalier et Bouillon se sont aussi dits impressionnés par la maturité physique de Slafkovsky.

« C’est toute une pièce d’homme ! Son éthique de travail, ses mains, comment il bouge sur la glace, parfois vous pouvez voir une différence avec un joueur junior. Lui, vous voyez que c’est un homme quand il bouge. Vraiment beaucoup de puissance », a dit Lecavalier au sujet du Slovaque de six pieds trois pouces et 227 livres.

Lecavalier a toutefois rappelé que Slafkovsky devra faire preuve de constance s’il souhaite s’établir dans la LNH dès l’âge de 18 ans.

Le natif de L’Île-Bizard est déjà passé par là, il y a 24 ans. Et même s’il l’a fait avec moins de projecteurs sur lui à Tampa Bay, Lecavalier croit que Slafkovsky a la maturité pour réussir à Montréal.

« Il jouait avec des hommes. Ce n’est pas comme un gars qui arrive du junior, a-t-il dit en rappelant que Slafkvosky évoluait en ligue finlandaise l’hiver dernier. Il a déjà appris à être un pro, et le plus rapidement vous devenez un pro dans la LNH, le plus rapidement vous aurez un impact dans votre équipe. »