(Joliette) Joël Bouchard et Dominique Ducharme étaient deux acteurs clés de l’équipe nationale junior qui a pris part au Championnat du monde de hockey. S’ils déplorent le viol collectif allégué qui aurait été commis en 2018 et qui éclabousse Hockey Canada depuis quelques semaines, les deux hommes assurent ne pas avoir eu vent de quoi que ce soit.

« J’ai été mis au courant dans les semaines suivantes, a indiqué Ducharme, entraîneur-chef de la formation médaillée d’or en 2018, mercredi, en marge du tournoi de golf annuel de sa fondation, au Club de golf de Joliette. J’ai été appelé par les enquêteurs embauchés par Hockey Canada. On m’a demandé si je savais quelque chose, si j’avais entendu quelque chose, ou vu quelque chose. Il n’y avait rien de mon côté qui pouvait me laisser croire que ces choses étaient arrivées. J’étais là au gala, mais je n’avais pas d’info. C’est rare qu’on sorte avec les joueurs. »

« J’ai été contacté, mais la discussion a duré environ 20 secondes, car je n’étais pas là vraiment, dans le sens où c’était un gala où il y avait beaucoup de monde, a pour sa part expliqué Bouchard, directeur général de cette édition championne. C’est difficile pour moi de commenter pour une raison : je n’ai pas d’information. Ce n’est pas quelque chose que j’aime entendre, mais je n’aime pas commenter un dossier que je ne connais pas. »

Tel que d’abord rapporté par TSN, Hockey Canada a réglé à l’amiable une poursuite déposée par une femme maintenant âgée de 24 ans qui allègue avoir été violée à répétition par huit joueurs non identifiés membres de l’équipe nationale des moins de 20 ans cette année-là. Ces allégations n’ont pas fait l’objet de procédures devant les tribunaux.

Des dirigeants d’Hockey Canada ont témoigné devant un Comité permanent du patrimoine canadien à Ottawa, le 20 juin. D’autres audiences sont prévues les 26 et 27 juillet. La fédération nationale a perdu plusieurs commanditaires depuis et la ministre des Sports, Pascale St-Onge, a gelé le financement du programme masculin jusqu’à ce que la lumière sur les agissements de la direction d’Hockey Canada dans ce dossier soit faite.

Les deux hommes n’aiment pas ce qu’ils ont entendu dans cette affaire depuis quelques semaines, mais ne souhaitent tout de même pas commenter la façon dont la haute direction d’Hockey Canada a géré le dossier.

« Je ne sais pas comment le processus s’est fait, a indiqué Bouchard. Tant qu’à ne pas savoir comment ça s’est passé, j’aime mieux ne pas en parler. Je ne suis au courant de rien. J’ai vu les mêmes choses que vous à la télévision. J’ai vu une situation qui n’est pas cool, qui n’est pas le fun, mais j’aime mieux ne pas conter d’histoire : je n’en ai jamais conté et je ne commencerai pas aujourd’hui. »

« Je suis seulement un coach d’hockey, je ne suis pas assez intelligent pour être un haut dirigeant comme ça. Je vais leur laisser choisir de la façon dont ils réagissent », a déclaré Ducharme.

Questionné à savoir s’il y avait une culture du silence au hockey — pensons à la façon dont les Blackhawks de Chicago ont balayé sous le tapis le cas d’abus sexuel de l’entraîneur adjoint Brad Aldrich sur Kyle Beach —, Bouchard a été direct.

« Je ne suis pas un gars de silence, mais je ne peux pas parler pour les autres », a-t-il laissé tomber.

« Le hockey n’est que le reflet de la société, a proposé Ducharme. Si on va sur des campus universitaires, dans d’autres sports ou d’autres sphères, […] je pense que c’est comme ailleurs. »

« Des situations où on doit apprendre à gérer comme individu, au-delà d’Hockey Canada, il y en a partout, a ajouté Bouchard. Il faut apprendre à en parler à un jeune âge à nos jeunes ; être capable de les éduquer d’une façon où on leur fait comprendre les réalités. Mais je ne sais pas exactement ce qui s’est passé, alors je ne lancerai pas de roche à personne. Mais si on me demande si je trouve ça le fun, je ne trouve pas ça le fun pantoute. Je ne pense pas que personne n’aime se retrouver dans une situation comme ça. »

Les deux hommes demeurent disponibles si les enquêteurs ont besoin de leurs explications.

« Je n’ai pas été rencontré de nouveau depuis quatre ans. Jamais ils ne m’ont rappelé. S’ils veulent m’appeler, ils peuvent le faire encore, mais je n’ai pas grand-chose à dire sur le sujet », a cependant souligné Ducharme.