Cette chronique se voulait fort positive au départ et aurait semé beaucoup d’espoir.

Elle commençait ainsi : avec un premier choix au total, un choix en fin de première ronde, deux choix de deuxième ronde (dont le tout premier de la ronde), trois choix de troisième ronde et trois choix de quatrième, le Canadien et sa nouvelle administration pourraient, avec des choix avisés jeudi et vendredi, assurer de façon percutante la pérennité de l’organisation.

Le Canadien détenait un seul choix parmi les 26 premiers, évoquais-je, mais le nombre de choix parmi les quatre premières rondes lui aurait permis au besoin de s’avancer, et multipliait aussi ses chances de réussite.

Le repêchage des Penguins de Pittsburgh en 2005, avec Sidney Crosby et Kris Letang, des Capitals de Washington en 2004, avec Alex Ovechkin et Mike Green, de Ryan Getzlaf et Corey Perry, brillant choisis par le directeur du recrutement des Ducks, Alain Chainey en 2003, du coup d’éclat des Bruins de Boston en 2006 avec Phil Kessel, Brad Marchand et Milan Lucic ou des Stars de Dallas avec Miro Heiskanen, Jake Oettinger et Jason Robertson en 2017 constituait les précédents à évoquer.

Mais au fil de la recherche, une évidence s’imposait de plus en plus : ces repêchages spectaculaires, ces vingt dernières années, constituaient plutôt l’exception.

Et les cas d’échecs sont beaucoup plus nombreux. Entre 2007 et 2019, douze on a vu une organisation détenir trois choix de première ronde. Sur 27 de ces choix de première ronde, seulement quatre sont devenus des joueurs de premier plan, dont seulement deux avec leur équipe respective…

Les Panthers de la Floride détenaient trois choix de première ronde et trois choix de deuxième ronde en 2010. Avec leur propre choix, les Panthers ont opté pour Erik Gudbranson au troisième rang, un défenseur robuste et durable, mais très limité. Malgré une longue carrière, Nick Bjugstad (19e) n’est jamais devenu le centre espéré. Il n’a jamais atteint la marque des 50 points dans une saison. Quinton Howden (25e) n’a jamais percé, pas plus que les trois choix de deuxième ronde, hormis peut-être Alex Petrovic brièvement.

En 2017, les Golden Knights ont repêché trois fois en première ronde, dont deux fois parmi les treize premiers. Ils ont échangé ces trois jeunes joueurs. Nick Suzuki et Erik Brannstrom leur ont permis d’acquérir deux joueurs de premier trio, Mark Stone et Max Pacioretty. Cody Glass a rapporté Nolan Patrick.

Dénicher deux joueurs de premier plan dans la même cuvée constitue un exploit, trois vedettes un cas extrêmement rare. Le CH aurait réussi le coup en 2007 s’il n’avait pas bêtement échangé Ryan McDonagh, repêché au 12e rang, avant Max Pacioretty (22e) et P. K. Subban (43e).

Mais on ne voit plus des clubs extirper quatre joueurs d’impact le même jour, comme le Canadien avec Patrick Roy, Stéphane Richer, Shayne Corson et Petr Svoboda en 1984 ou en 1987 avec John Leclair, Andrew Cassels, Éric Desjardins et Mathieu Schneider.

Kent Hughes et sa bande auront réussi leur repêchage s’ils mettent la main sur deux joueurs d’impact, c’est-à-dire des attaquants pour les deux premiers trios ou un défenseur du top trois pour se greffer à Nick Suzuki, Cole Caufield, Alexander Romanov et Kaiden Guhle. Ils dépasseront les attentes avec trois.

Mais il faudra une autre année difficile, peut-être deux, pour en récupérer d’autres, en espérant un choix dans le top trois pour la cuvée 2023, et un autre choix dans le top dix en 2024. Déjà, le Canadien détient un second choix de première ronde en 2023 dans la transaction de Ben Chiarot aux Panthers de la Floride.

L’Avalanche du Colorado a eu besoin de six ans après tout pour regrouper Gabriel Landeskog (2011) Nathan MacKinnon (2013), Mikko Rantanen (2015) et Cale Makar (2017), et de dix ans pour remporter sa première Coupe Stanley après avoir repêché Landeskog au deuxième rang…

Une prédiction audacieuse !

On a demandé aux chroniqueurs de La Presse de fournir une prédiction audacieuse à la veille du repêchage de la LNH. Alors voici : le Canadien repêchera l’ailier de puissance Juraj Slafkovsky au premier rang jeudi soir et obtiendra aussi un centre prometteur en acquérant un autre choix dans le top douze, soit Noah Östlund, Cutter Gauthier Marco Kasper ou Jonathan Lekkerimäki (qui peut aussi jouer au centre) selon les disponibilités de chacun. Ce second choix sera obtenu en retour des choix de fin de première (26e) ou début de deuxième (33e) ronde, ou encore contre Josh Anderson et l’un des deux choix mentionnés ci-haut. Slafkovsky pourrait entamer la saison à Montréal, à la gauche de Nick Suzuki et Caufield, tandis qu’on sera plus patient avec le centre. Östlund et Lekkerimäki peuvent rester une saison supplémentaire en Suède, Gauthier jouera à Boston College dans la NCAA, tandis que Kasper peut demeurer en Suède ou encore joindre le Rocket de Laval en raison de son statut de joueur européen. En attendant, Christian Dvorak comblera le vide au poste de deuxième centre malgré les rumeurs d’échange.

Voici maintenant celle de mes collègues !

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  1. Si l’on se fie aux analyses statistiques, Juraj Slafkovsky ne constituerait pas le meilleur choix pour le Canadien, écrit Alexandre Pratt.
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